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Économie - Liban - Social

La colère monte d’un cran contre la hausse effrénée du prix de l’essence

Les syndicats du transport routier ont organisé hier une manifestation pour protester contre la nouvelle hausse du prix de l'essence, qui a frôlé hier le pic historique des 37 000 livres atteint en février dernier. Les manifestants ont appelé à cette occasion à une participation massive à la grève générale prévue le 19 mai, baptisée « journée de la colère ».

Outre la manifestation motorisée à Beyrouth, la route internationale de Damas a été bloquée hier au niveau de Sofar pour protester contre la hausse du prix de l’essence. Photo Ramzi Moucharrafieh

Après avoir augmenté de 900 livres la semaine dernière, le prix de l'essence a encore grimpé hier, suscitant l'ire des citoyens et des chauffeurs de taxi, qui ont organisé une manifestation motorisée dans plusieurs quartiers de Beyrouth pour exprimer leur colère et leur indignation.
Ainsi, plusieurs dizaines de taxis, de minivans et de bus publics se sont réunis dès les premières heures du matin au rond-point de Cola, à l'appel des syndicats du transport routier au Liban et de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), avant de se diriger vers le ministère de l'Énergie et des Ressources hydrauliques (corniche du Fleuve), où ils ont été rejoints par d'autres manifestants rassemblés à Dora.
Munis de banderoles aux slogans fort évocateurs, exprimant leur ras-le-bol face à la cherté de vie et à l'érosion de leur pouvoir d'achat, les manifestants ont notamment appelé les autorités à fixer un plafond au prix de l'essence. Ils ont en outre déploré l'insouciance des responsables et le retard mis dans la formation d'un nouveau cabinet. « Tous les chauffeurs de taxi sont libanais (...). Il ne s'agit pas d'une affaire liée aux (camps du) 8 ou (du) 14 Mars (...). Tout le monde est lésé par cette hausse (...) », a ainsi dénoncé le président de la Fédération libanaise des syndicats des chauffeurs de taxi, Samir Ayoub. « Nous sommes réunis aujourd'hui non seulement pour réclamer une baisse du prix de l'essence, mais pour appeler également à l'instauration d'une politique pétrolière susceptible de garantir notre gagne-pain et de permettre à nos enfants de vivre dans ce pays (...) », a renchéri de son côté le président des syndicats du transport routier au Liban. « Il n'est plus acceptable que seules 11 compagnies contrôlent le secteur pétrolier au Liban (...) », a-t-il déploré à cet égard.
Les manifestants ont enfin exprimé leur volonté de poursuivre leur mouvement de protestation si aucune mesure concrète n'était prise dans les prochaines semaines, appelant à une participation massive à la grève générale le 19 mai prochain, qu'ils ont baptisée « journée de la colère ».

Proche du pic historique des 37 000 livres
Le prix de l'essence avait, rappelons-le, reculé de 5 000 livres fin février dernier, à la faveur d'une réduction de moitié de la taxe sur l'essence. Depuis l'application de cette mesure controversée - qui avait fait l'objet d'un long bras de fer entre les ministres de l'Énergie et des Finances -, le prix de l'essence n'a toutefois cessé d'augmenter, enrayant de manière quasi totale la baisse de 5 000 livres des droits d'accise, approuvée il y a deux mois. Hier, les 20 litres du bidon d'essence 98 octanes a ainsi atteint 36 600 livres - un niveau très proche du pic historique des 37 000 livres. Les prix des autres carburants ont également progressé, dont celui du mazout, qui a augmenté de 200 livres, à 31 300 livres (voir tableau).
Si la flambée des cours mondiaux de pétrole, portés par les troubles actuels dans le monde arabe, constitue la cause principale de cette nouvelle hausse, le prélèvement de droits d'accise sur l'essence (auxquels s'ajoute la TVA) pèse également dans la balance. En effet, si ces droits ont été réduits de 10 000 à 5 000 livres, la TVA augmente, elle, proportionnellement à la hausse des prix à la pompe.

Faut-il abolir toutes les taxes ?
Pour enrayer cette tendance, qui a désormais anéanti la réduction des droits d'accise et qui risque de se poursuivre, au rythme actuel de l'évolution des cours mondiaux de pétrole, le gouvernement - toujours démissionnaire - devrait sans doute envisager des solutions dans l'immédiat, d'autant plus que les répercussions de cette hausse sur l'évolution des prix des autres produits sur le marché risque d'être largement néfastes.
Rappelons toutefois que le rétablissement des droits d'accise en octobre 2008 et leur fixation à 10 000 livres avaient permis à l'État d'encaisser des recettes d'environ 700 millions de dollars l'an dernier, contre plus de 660 millions en 2009. Le gouvernement devrait donc se pencher sur des solutions qui permettraient d'alléger le fardeau social, tout en évitant une détérioration de la situation fiscale - en instaurant par exemple d'autres taxes à caractère progressif, qui toucheraient davantage les ménages aisés. Le déficit public, qui avait avoisiné les 3 milliards de dollars l'an dernier, risque en effet de se creuser davantage cette année et d'atteindre plus de 13 % du PIB, selon les estimations de plusieurs organismes et banques internationaux. La formation d'un nouveau cabinet capable de s'attaquer de front à ces problèmes constitue donc une nécessité, voire une urgence. Encore faut-il que les considérations politiciennes et l'attentisme des responsables libanais ne prennent pas (encore une fois) le dessus sur l'intérêt général. À bon entendeur...

Après avoir augmenté de 900 livres la semaine dernière, le prix de l'essence a encore grimpé hier, suscitant l'ire des citoyens et des chauffeurs de taxi, qui ont organisé une manifestation motorisée dans plusieurs quartiers de Beyrouth pour exprimer leur colère et leur indignation.Ainsi, plusieurs dizaines de taxis, de minivans et de bus publics se sont réunis dès les premières heures...

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