Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

Griefs de Mikati et impatience de Berry... mais toujours pas de cabinet

Y aura-t-il un cabinet avant le mois d'avril ? La question se pose. Quand bien même « débarrassés » de l'obstacle du cabinet d'union nationale, avec l'entrée du 14 Mars dans l'opposition, le 8 Mars et Nagib Mikati peinent jusqu'à présent à venir à bout d'épreuves internes et externes qui font que la naissance du gouvernement est sans cesse reportée aux calendes grecques. Aux difficultés internes, incarnées surtout par les doléances impossibles du chef du CPL, Michel Aoun, s'ajoutent en effet deux difficultés d'ordre externe sur lesquelles les forces politiques locales n'ont pas vraiment prise : la première est la publication de l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban, reportée à avril, et la seconde est le tsunami de liberté qui ravage actuellement le monde arabe, et dont les premières vaguelettes ont commencé à fouetter le rivage syrien. De sources politiques bien informées, on apprend ainsi que la formation du cabinet en est toujours au point mort, même si le 8 Mars souhaiterait au plus tôt voir ce gouvernement sur les rails, comme réponse à la manifestation du 14 Mars dimanche dernier contre « la tutelle des armes ». La déclaration ministérielle du nouveau cabinet légalisant une bonne fois pour toutes les armes du Hezbollah, sans formules compromissoires cette fois, serait en effet le meilleur moyen d'asséner un camouflet aux protestataires de dimanche dernier, estime le 8 Mars.
Les deux conseillers du Hezbollah et d'Amal, Hussein Khalil et Ali Hassan Khalil, en auraient formulé le vœu tout récemment à Damas, mais sans résultats. La Syrie préfère vraisemblablement attendre la parution de l'acte d'accusation et ne serait donc pas disposée à brider pour l'instant les ardeurs revendicatrices du général Aoun - malgré les retombées négatives de tout cela sur le Premier ministre désigné Nagib Mikati.
C'est dans ce cadre que M. Mikati a affirmé hier que « les défis auxquels notre patrie fait face sur le plan politique, économique et social, ainsi que les développements dangereux dans la région nécessitent la formation d'un cabinet équilibré qui ne serait pas étiqueté comme étant en faveur d'une faction au détriment de toutes les autres qui en feraient partie ».
« Depuis ma désignation, nous avons décidé, le président de la République et moi-même, de rester attachés aux dispositions constitutionnelles qui déterminent les fonctions des pouvoirs. Le président de la République a prêté serment de préserver la Constitution, qui stipule que le président n'est responsable des actes de sa fonction que dans le cas de violation de la Constitution ou de haute trahison (art. 60). Partant, nous considérons que la Constitution ne permet pas de donner à une communauté, un parti, un camp ou une personnalité une majorité active ou de blocage au sein du cabinet. Tout le monde a besoin de tout le monde pour préserver la diversité requise et réaliser une productivité dans l'action à travers une équipe de travail productive », a souligné M. Mikati.
Et d'ajouter : « Le président de la République œuvre en partant du principe qu'il est le président de tout le Liban. Le Premier ministre doit être celui de tout le pays. C'est pourquoi, nous menons tous les contacts nécessaires et nous sursoyons à l'annonce de la formation de l'équipe ministérielle pour qu'elle soit en conformité avec les dispositions constitutionnelles et les aspirations des Libanais. »
Or des sources bien informées affirment que le chef du CPL aurait interprété ces propos comme le visant personnellement et en aurait pris ombrage. Il reste que le Premier ministre désigné devrait se rendre aujourd'hui chez le président de la République pour débattre du processus de formation du cabinet.

Nabih Berry
Aussi bien Michel Sleiman que Nagib Mikati se sont d'ailleurs entretenus hier avec le président de la Chambre, Nabih Berry. Ce dernier a affirmé devant ses visiteurs qu'il ne voyait « aucune excuse valable à un retard dans la formation du cabinet ». M. Berry a souligné « la nécessité de former le cabinet au plus vite pour pouvoir se consacrer aux dossiers vitaux et sociaux qui intéressent les citoyens ». « Le premier mois du processus de formation a été dilapidé en tentant de donner au camp adverse une chance de participer au cabinet. Maintenant que ce camp a tranché en décidant de ne pas participer, il n'y a plus de raison de patienter », a dit le chef du mouvement Amal.
Quant au président Sleiman, il a reçu hier à Baabda les ministres sortants Tarek Mitri et Boutros Harb. Ce dernier a fait paraître un communiqué, précisant que le processus de formation du cabinet « fait du surplace » et qu'il n'existe « aucune perspective de solution concernant les conditions posées par certains, ce qui paralyse le pays et le place face à des dangers multiples dans le cadre de ce climat tendu au plan arabe, à la lumière des développements dangereux qui pourraient se produire, notamment au niveau de certaines échéances délicates, en particulier la parution de l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban. C'est celui qui paralyse la formation du cabinet qui assume toutes ces responsabilités. J'ai redit au président que les forces du 14 Mars sont attachées à leur position de principe. Elles resteront dans l'opposition, mais leur opposition ne sera pas négative et destructrice, mais démocratique, pour trouver des solutions aux problèmes du pays. Nous continuerons à rejeter fermement le fait qu'il y ait une partie plus forte que l'État et qui outrepasse les dispositions constitutionnelles lors des grandes échéances ».
Y aura-t-il un cabinet avant le mois d'avril ? La question se pose. Quand bien même « débarrassés » de l'obstacle du cabinet d'union nationale, avec l'entrée du 14 Mars dans l'opposition, le 8 Mars et Nagib Mikati peinent jusqu'à présent à venir à bout d'épreuves internes et externes qui font que la naissance du gouvernement est sans cesse reportée aux calendes grecques. Aux...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut