Saad Hariri supervisant les derniers préparatifs, place des Martyrs, en vue de l'important rassemblement qui aura lieu à partir de 10 heures, à l'initiative du 14 Mars, pour la célébration du sixième anniversaire de la révolution du Cèdre./Photo Dalati et Nohra.
D'ailleurs, depuis des semaines, la nouvelle opposition mobilisait à tour de bras pour faire de cette journée le point de départ des campagnes destinées à obliger le Hezb à réintégrer la houlette de République, de fondre ses combattants dans l'armée libanaise et d'accepter de se défaire de la décision de guerre et de paix au profit de l'État libanais. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres et cet objectif est sûrement difficile à atteindre, le parti de Dieu ne voulant donner aucun gage dans ce sens, à la veille surtout de la publication de l'acte d'accusation qui est supposé accuser certains de ses membres de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.
À ce propos, le député du Futur, Ammar Houri, indique que "les partisans de la coalition du 14 Mars ne peuvent plus coexister avec les armes du Hezbollah". C'est pourquoi le slogan de ce dimanche 13 mars, indique le député, est "le peuple va venir place des Martyrs crier son rejet de cet arsenal".
"Non à l'oppression", "non aux assassinats", "non au diktat des armes", peut-on lire depuis plusieurs jours sur des pancartes dans les rues de Beyrouth et dans plusieurs régions libanaises.
"L'arsenal s'impose dans tous les dossiers, y compris le TSL", affirme M. Houri.
Vendredi, M. Hariri a laissé entendre que le Hezbollah avait "peur" de la vérité sur l'assassinat de son père, affirmant que l'arsenal ne lui "servira à rien face à la vérité". Sa coalition a mis en garde contre "le risque que le Liban perde de nouveau sa souveraineté", en référence à la tutelle syrienne passée.
De leur côté, les médias du Hezbollah et de ses alliés taxent les pro-Hariri de "menteurs", assurant que l'arsenal est "sacré".
"La bataille est ouverte contre le Hezbollah", souligne Fadia Kiwane, directrice du département de sciences politiques à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth. Mais selon elle, et étant donné que "la question de l'arsenal est une pomme de discorde" dans le pays, "il aurait mieux fallu en discuter sur la "table de dialogue" plutôt que dans la rue", en raison des "risques" au niveau de la sécurité.
Depuis quelques années, une "table de dialogue" entre les deux camps est consacrée à cette question épineuse, mais sans aucun résultat.
Le Hezbollah, qui prône la lutte armée contre Israël, estime que son arsenal est nécessaire pour défendre le pays contre une éventuelle attaque de l'État hébreu, contre qui il s'est engagé dans une guerre destructrice en 2006.
De son côté, le camp "pro-occidental" estime que c'est l'État libanais qui doit détenir le monopole des armes et les décisions de paix et de guerre.
Mais aujourd'hui, le débat prend une autre ampleur avec la publication prochaine de l'acte d'accusation du TSL, qui pourrait impliquer des membres du Hezbollah, selon plusieurs médias occidentaux.
"Si l'acte d'accusation est publié alors que cette atmosphère de haine et d'hostilité continue de régner, cela pourrait être l'étincelle qui mettra le feu aux poudres", estime Mme Kiwane.