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Liban - Parlements arabes

Berry à l’émir du Qatar : C’est le 14 Mars qui n’a pas respecté l’accord de Doha

Mission accomplie pour le président de la Chambre Nabih Berry à Doha. Non seulement il a réussi à faire adopter dans le communiqué final de la 17e réunion de l'Union des Parlements arabes une résolution sur la solidarité totale avec le peuple égyptien, mais il a aussi couronné sa visite à Qatar par une rencontre de plus de 40 minutes avec l'émir Hamad ben Khalifa al-Thani.

M. Berry s’entretenant avec l’émir du Qatar.  Photo Ahmad Assy

Le train de vie paisible de l'hôtel Sheraton de Doha a été totalement bouleversé par le président de la Chambre Nabih Berry qui a contraint les membres de la commission de rédaction du communiqué final à veiller jusqu'aux premières lueurs de l'aube pour trouver une formule qui le satisfasse et qui l'empêche de voter contre le communiqué, rompant ainsi avec la tradition d'unanimité des réunions officielles arabes. Pour Berry, soutenu par de nombreux parlementaires arabes, il n'était pas question de publier un communiqué venant d'une autre planète et ne tenant pas compte des développements sur la scène arabe. Comme l'a d'ailleurs fait remarquer avec humour une députée jordanienne fraîchement élue, Hoda Abou Rommane : « Je craignais qu'on ne parle de la guerre de 1948 dans le communiqué. Heureusement, grâce au président Berry, nous sommes plus ou moins dans le monde contemporain. »
Avec beaucoup d'à-propos, et une sorte d'humour involontaire, le communiqué final condamne aussi les interventions étrangères dans les affaires arabes. Concernant le Liban, la résolution est très claire : appui à l'unité, à la coexistence et à un gouvernement de sauvetage qui favorise le dialogue, appui aussi au Liban dans sa volonté d'exploiter ses ressources naturelles en gaz et pétrole, et enfin appui au Liban dans sa résistance... Même dans le chapitre consacré à la lutte contre le terrorisme, Berry avait insisté pour le rajout d'un point précis : selon lui, les Parlements arabes doivent protéger les minorités sous le titre de la citoyenneté et du respect de la tolérance et de la pluralité. Berry avait déjà insisté pour que la protection des minorités soit adoptée dans le communiqué final de la réunion des Parlements islamiques qui s'est tenue à Abou Dhabi le mois dernier. Mais le président du Parlement égyptien s'y était alors opposé, sous prétexte que ce sujet n'est pas d'actualité. Il a changé d'avis après le terrible massacre à l'église d'Alexandrie. Mais Berry n'avait pas pu se rendre à la réunion pour cause de chute du gouvernement d'union nationale au Liban...
La formation du gouvernement reste d'ailleurs le sujet principal qui occupe la délégation libanaise et les journalistes. À peine adopté, le communiqué final est ainsi tombé dans l'oubli et le président de la Chambre a dû revenir aux questions purement libanaises, à cause de l'insistance des journalistes. Il a ainsi répété que le nouveau gouvernement devrait voir le jour dans le courant de la semaine et il a estimé que c'est trop tard pour évoquer le tiers de garantie. Selon lui, cette question est dépassée. Il s'est déclaré rassuré au sujet de l'évolution de la situation au Liban, rappelant que la cérémonie prévue le 14 février pour la commémoration de l'assassinat de Rafic Hariri se déroulera désormais dans une salle et, en contrepartie, il conseillera au 8 Mars de ne pas organiser d'activités particulières pour marquer cette date. Dans une boutade, il a relevé le fait que la date de l'élection du nouveau patriarche maronite a été fixée au 8 mars, se demandant si ce choix a des connotations politiques... « C'est en tout cas de bon augure », a-t-il lancé en riant.
Plus sérieusement, le président de la Chambre a évoqué devant les journalistes son entretien avec l'émir du Qatar, révélant la volonté de cheikh Hamad ben Khalifa d'investir dans des projets économiques d'intérêt public au Liban, notamment dans le projet Elissar. Selon Berry, l'émir du Qatar a souhaité la formation du gouvernement de sauvetage au plus vite, tout en exprimant son souhait pour qu'il réussisse dans sa mission de traiter les questions qui concernent la vie des Libanais et qui sont bloquées depuis quelque temps. Berry a expliqué qu'avec franchise, l'émir a estimé qu'il existe actuellement une chance réelle pour les Libanais d'assurer leur stabilité et de se pencher sur le développement de leur pays. Il a répété que l'émir est convaincu qu'il y a une chance à saisir pour les Libanais et ils devraient le faire au lieu de la laisser passer comme cela a été le cas dans d'autres situations similaires.
Berry a encore expliqué que lors de leur dernière mission au Liban, les ministres des AE du Qatar et de la Turquie avaient insisté sur la désignation de Saad Hariri pour former le nouveau gouvernement, en tant que candidat d'entente, avant la tenue des consultations parlementaires. Mais une fois celles-ci faites, l'émir respecte le choix des Libanais, et il encourage le Premier ministre Mikati à former un gouvernement dans les plus brefs délais.
Berry a aussi révélé avoir évoqué l'accord de Doha avec l'émir et lui avoir expliqué que c'est le camp du 14 Mars qui ne l'a pas respecté, puisque cet accord stipule qu'aucune partie ne bloquera le Conseil des ministres et ne démissionnera du gouvernement. Or, selon lui, c'est le blocage du 14 Mars et son refus de procéder à un vote au sujet des dossiers épineux qui ont poussé l'autre camp à la démission. Tout cela fait désormais partie du passé, a-t-il ajouté. Il est temps de se consacrer au nouveau gouvernement et de lui donner toutes ses chances. Berry a précisé ne pas avoir évoqué avec l'émir du Qatar l'acte d'accusation, ni le dossier du TSL, consacrant plutôt une partie de l'entretien à la situation en Égypte et en Tunisie. Il a rappelé que le Qatar, émir et peuple, appuie les revendications des populations arabes, tout comme ils se sont tenus aux côtés des Libanais pendant les périodes de crise et notamment pendant et après la guerre de 2006.
Pour Berry, cette parenthèse qatarie était indispensable, d'abord pour remercier l'émir de son soutien infaillible au Liban, ainsi que pour éclaircir certains points relatifs à la démission du gouvernement et à la formation de la nouvelle équipe, et enfin pour participer à la réunion des parlementaires arabes, dans l'espoir de secouer un peu les institutions arabes figées...
Le train de vie paisible de l'hôtel Sheraton de Doha a été totalement bouleversé par le président de la Chambre Nabih Berry qui a contraint les membres de la commission de rédaction du communiqué final à veiller jusqu'aux premières lueurs de l'aube pour trouver une formule qui le satisfasse et qui l'empêche de voter contre le communiqué, rompant ainsi avec la tradition d'unanimité des...

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