La stratégie fait partie des fonctions « nobles » de l'entreprise. Elle détermine la direction dans laquelle celle-ci doit s'engager pour dégager les ressources qui lui permettront d'assurer sa pérennité. La survie de l'entreprise en dépend. Une bonne stratégie est donc une question de vie ou de mort.
Dans ces conditions, on comprend aisément que la stratégie soit généralement du ressort des directions générales. Celles-ci vont essayer de rendre le processus aussi objectif que possible pour essayer de prendre une décision dite scientifique. À cette fin, l'environnement va être scruté, la façon d'en parer les menaces étudiée, les opportunités vont être croisées avec les forces de l'entreprise et les moyens d'atténuer les faiblesses de la firme examinée. Une feuille de route va ensuite être établie et une batterie d'indicateurs mise en place pour confirmer que l'entreprise suit effectivement la voie qui lui a été fixée. On parle alors de planification stratégique.
De nombreux décideurs associent le concept même de stratégie à cette méthodologie alors qu'elle présente le grand défaut d'enfermer la firme dans une vision précise de ce que doit être son développement. Tant que les paramètres qui ont permis la structuration de la stratégie restent stables, la firme se porte bien. Lorsque ceux-ci changent, la situation est tout à fait différente. C'est ainsi que de nombreuses firmes obnubilées par la nécessité de suivre à la lettre le plan stratégique se sont écroulées pour avoir été incapables de déceler un changement fondamental dans la structure de l'environnement.
Les spécialistes opposent généralement à ce concept de stratégie voulue celui de stratégie émergente. De nombreuses entreprises se trouvent en effet plongées dans le secteur d'activité qui va leur permettre de perdurer, sans vraiment le vouloir, après avoir voulu exploiter une opportunité. Ce constat pose autant de problèmes qu'il n'en règle. Comment admettre en effet qu'une entreprise ne dispose pas de libre arbitre et est soumise au hasard ? L'idée est insoutenable. Le concept de stratégie émergente a cependant le mérite de mettre en exergue le fait que tout ne peut être paramétré dans une entreprise. Ce constat ouvre la voie à une réflexion alternative dont le résultat le plus important est d'admettre qu'une stratégie n'est pas sacro-sainte et doit s'adapter. Par la même occasion, l'analyse de la situation permet de rappeler que le produit n'est qu'un moyen et que la question centrale est la pérennité de la firme. Il est alors possible d'imaginer une entreprise à la croisée des chemins entre les théories de la stratégie émergente et de la planification stratégique : une firme agile qui n'hésite pas à faire évoluer radicalement certaines de ses activités pour profiter au mieux des opportunités que son écoute de l'environnement lui permet de détecter... Quitte à organiser ensuite son action de façon séquentielle et contrôlée pour exploiter ses ressources de la façon la plus efficiente.
*Spécialiste en stratégie et théorie des organisations - Centre de recherche, d'études et de développement (CRED) de l'ESA.
En coopération avec : ESA
Dans ces conditions, on comprend aisément que la stratégie soit généralement du ressort des directions générales. Celles-ci vont essayer de rendre le processus aussi objectif que possible pour essayer de prendre une décision dite scientifique. À cette fin, l'environnement va être scruté, la façon d'en parer les menaces étudiée, les opportunités vont être croisées avec les forces de l'entreprise et les moyens d'atténuer les faiblesses de la firme examinée. Une feuille de route va ensuite être établie et une batterie d'indicateurs mise en place pour confirmer que l'entreprise suit effectivement la voie qui lui a été fixée. On parle alors de planification stratégique.
De nombreux décideurs associent le concept même de stratégie à cette méthodologie alors qu'elle présente le grand défaut d'enfermer la firme dans une vision précise de ce que doit être son développement. Tant que les paramètres qui ont permis la structuration de la stratégie restent stables, la firme se porte bien. Lorsque ceux-ci changent, la situation est tout à fait différente. C'est ainsi que de nombreuses firmes obnubilées par la nécessité de suivre à la lettre le plan stratégique se sont écroulées pour avoir été incapables de déceler un changement fondamental dans la structure de l'environnement.
Les spécialistes opposent généralement à ce concept de stratégie voulue celui de stratégie émergente. De nombreuses entreprises se trouvent en effet plongées dans le secteur d'activité qui va leur permettre de perdurer, sans vraiment le vouloir, après avoir voulu exploiter une opportunité. Ce constat pose autant de problèmes qu'il n'en règle. Comment admettre en effet qu'une entreprise ne dispose pas de libre arbitre et est soumise au hasard ? L'idée est insoutenable. Le concept de stratégie émergente a cependant le mérite de mettre en exergue le fait que tout ne peut être paramétré dans une entreprise. Ce constat ouvre la voie à une réflexion alternative dont le résultat le plus important est d'admettre qu'une stratégie n'est pas sacro-sainte et doit s'adapter. Par la même occasion, l'analyse de la situation permet de rappeler que le produit n'est qu'un moyen et que la question centrale est la pérennité de la firme. Il est alors possible d'imaginer une entreprise à la croisée des chemins entre les théories de la stratégie émergente et de la planification stratégique : une firme agile qui n'hésite pas à faire évoluer radicalement certaines de ses activités pour profiter au mieux des opportunités que son écoute de l'environnement lui permet de détecter... Quitte à organiser ensuite son action de façon séquentielle et contrôlée pour exploiter ses ressources de la façon la plus efficiente.
*Spécialiste en stratégie et théorie des organisations - Centre de recherche, d'études et de développement (CRED) de l'ESA.
En coopération avec : ESA
La stratégie fait partie des fonctions « nobles » de l'entreprise. Elle détermine la direction dans laquelle celle-ci doit s'engager pour dégager les ressources qui lui permettront d'assurer sa pérennité. La survie de l'entreprise en dépend. Une bonne stratégie est donc une question de vie ou de mort.Dans ces conditions, on comprend aisément que la stratégie soit généralement du ressort des directions générales. Celles-ci vont essayer de rendre le processus aussi objectif que possible pour essayer de prendre une décision dite scientifique. À cette fin, l'environnement va être scruté, la façon d'en parer les menaces étudiée, les opportunités vont être croisées...