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Le Liban dans WikiLeaks : fuites et révélations

Bellemare se serait plaint du "manque de coopération" de Damas mais aussi de Paris et Washington

Des révélations diffusées par WikiLeaks sur le manque de coopération de plusieurs pays dans l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri mettent en lumière les difficultés du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), aux prises avec une affaire extrêmement sensible.

Ces révélations interviennent alors que le pays est profondément divisé sur la question de cette instance créée par l'ONU, entre le camp du Premier ministre Saad Hariri le soutenant et le puissant mouvement chiite Hezbollah tentant de le discréditer et criant à un complot "américano-sioniste".
Les câbles en provenance de l'ambassade américaine au Liban et publiés par le site évoquent la frustration des enquêteurs en raison du manque de coopération de pays comme la Syrie, la France et même les États-Unis à qui ils ont demandé de l'aide à plusieurs reprises.

Durant une rencontre en 2009 avec l'ancienne ambassadrice des États-Unis, Michele Sison, le procureur du TSL, Daniel Bellemare se serait plaint que la Syrie, au départ pointée du doigt dans le meurtre en 2005, traite les enquêteurs comme des "gamins".
"Ils nous donnent 40 000 pages en arabe. Nous les traduisons et nous n'y trouvons rien d'intéressant. Ils feignent alors la surprise et nous remettent 40 000 autres documents", selon un câble daté du 27 janvier 2009 et obtenu par le quotidien local al-Akhbar.
Dans une autre réunion, M. Bellemare insiste sur la nécessité de mener rapidement ses enquêtes en Syrie "avant que les gens qu'il souhaite interroger ne disparaissent ou ne soient liquidés".
Le prédécesseur de M. Bellemare, Serge Brammertz, se serait également plaint en 2006 auprès de l'ancien ambassadeur américain Jeffrey Feltman, actuellement secrétaire d'État adjoint américain en charge du Proche-Orient, du "manque de coopération" de la France, selon un câble publié par un autre quotidien local.
Pour le Hezbollah, qui pourrait prochainement être mis en cause dans l'acte d'accusation du procureur du TSL selon plusieurs médias, les rencontres entre le procureur du TSL et Mme Sison sont une preuve qu'il y a une interférence des États-Unis dans l'enquête.
"Les fuites sur les rencontres entre le procureur et l'ancienne ambassadrice américaine confirment ce que nous avons toujours dit: l'administration américaine est en train d'utiliser le TSL et la commission d'enquête comme un instrument pour viser la Résistance (le Hezbollah)", a affirmé à l'AFP un député du parti, Hassan Fadlallah.
Par ailleurs, selon WikiLeaks, lors d'une réunion en septembre 2008, M. Bellemare aurait réitéré sa demande que les États-Unis, un important pays donateur du TSL, les aident à interroger "près de 200 personnes se trouvant en prison et qui pourraient détenir des informations précieuses", sans mentionner où se trouvaient les prisons en question.
Le procureur aurait également demandé sans succès à Mme Sison que les États-Unis "prêtent" au tribunal deux criminologues, dont le salaire serait payé par la police fédérale américaine (FBI) comme partie de la contribution de Washington au TSL.
"Bellemare a bien compris les problèmes liés à cette demande. Mais sa frustration était évidente: "Vous êtes un acteur clé. Si les États-Unis ne m'aident pas, qui le fera?", lit-on dans le câble daté d'octobre 2008.

Ces révélations interviennent alors que le pays est profondément divisé sur la question de cette instance créée par l'ONU, entre le camp du Premier ministre Saad Hariri le soutenant et le puissant mouvement chiite Hezbollah tentant de le discréditer et criant à un complot "américano-sioniste".Les câbles en provenance de...