Le Parlement irakien a élu hier soir le président du Parlement (à droite) ainsi que le président de la République. Ahmad al-Rubaye/ AFP
« Grâce à Dieu, nous avons franchi hier soir une grande étape, ce qui est une victoire pour tous les Irakiens », a déclaré auparavant le président du gouvernement autonome kurde, Massoud Barzani, lors d'une conférence de presse hier dans la journée à Bagdad. L'inclusion d'Irakia au sein de ce que M. Barzani a appelé un gouvernement de « partenariat national » devrait aider à prévenir le risque d'une reprise des violences confessionnelles, après huit mois de bras de fer entre Maliki et Allaoui.
Nouri al-Maliki avait pu conforter son statut de favori à sa propre succession en s'assurant mercredi soir le soutien d'une trentaine de membres du bloc Irakia, arrivé en tête aux élections législatives avec deux sièges de plus que l'alliance du Premier ministre. « Ce qui est le plus important, c'est que nous soyons enfin sortis de l'impasse », a dit Amer al-Fayyadh, doyen de la faculté de sciences politiques à l'université de Bagdad. « La formation d'un gouvernement est maintenant en vue », a-t-il ajouté.
Mais la réélection de M. Talabani puis la nomination dans la foulée de M. Maliki, qui dispose désormais d'un délai de trente jours pour former son gouvernement, ont été marquées par le départ d'une soixantaine d'élus du bloc Irakia. Leur décision illustre les difficultés de la cohabitation à venir. Le maintien au pouvoir de Maliki ne peut que déplaire aux « durs » de la communauté sunnite, hostiles à l'influence de l'Iran sur les dirigeants chiites irakiens. Nombre d'entre eux jugeront certainement insuffisantes les garanties obtenues pour la formation du prochain gouvernement. Minoritaires face aux chiites, les sunnites détenaient les postes-clés du pouvoir du temps de Saddam Hussein.
« Dans tous les cas, nous nous retrouvons dans le même climat qu'en 2005, lorsque les sunnites estimaient être sous-représentés au gouvernement, ce qui avait grandement contribué à l'instabilité du pays », déclare Yahya al-Koubaïssi, chercheur à l'Institut irakien des études stratégiques. Pour lui, le poste réservé à Allaoui à la tête d'un conseil de stratégie vise simplement à tenter de « sauver la face ».