L’ambassadeur de Corée au Liban, Lee Young-ha : « Nous tentons d’avoir accès au secteur de l’Internet à haut débit au Liban. » Michel Sayegh
Développer l'Internet à haut débit au Liban
Point d'orgue des relations entre la Corée du Sud et le Liban, « les échanges commerciaux ont atteint leur apogée en 2008, avec un volume record de 250 millions de dollars », observe Lee Young-ha. Les grandes enseignes coréennes sont désormais solidement implantées sur le marché libanais, avec les voitures Kia et Hyundai, l'électroménager LG, les téléviseurs, appareils photo et téléphones cellulaires Samsung, et les pneus Kumho, pour ne citer que ces quelques marques. « Après une baisse du volume des échanges commerciaux, l'année passée, pour cause de crise économique, les chiffres devraient nettement s'améliorer cette année », espère l'ambassadeur.
« La Corée, à travers l'entreprise gouvernementale Korea Electric Power Corporation (Kepco), contribue également à la maintenance des deux centrales électriques libanaises de Zahrani et de Tripoli », affirme M. Lee. Célèbre pour son industrie des technologies de l'information (IT), elle cherche aussi à contribuer au développement de ce secteur au Liban. « Nous tentons d'avoir accès au secteur de l'Internet à haut débit au Liban », observe l'ambassadeur, estimant que la connexion n'est pas assez rapide au pays du Cèdre. « L'année passée, l'entreprise Wimax Samsung a effectué une présentation dans ce sens, affirme-t-il. Mais elle attend toujours la réponse des autorités libanaises. »
Première puissance émergente à accueillir le sommet du G20, dont les travaux débutent aujourd'hui, mercredi 10 novembre, la République coréenne, qui figure parmi les 20 grandes puissances mondiales, entend jouer le rôle de pont entre les grandes puissances et le monde en développement, et plus particulièrement les pays à faible revenu.
C'est dans cette optique que la Corée apporte au Liban une aide au développement dans différents secteurs. « Une aide qui a atteint 6,7 millions de dollars depuis 2006, dans le cadre de Paris III », précise M. Lee. « Nous avons reconstruit plusieurs écoles publiques à Brital et à Tebnine. Nous avons également accordé 300 000 dollars à la reconstruction de Nahr el-Bared et 375 000 dollars au déminage du Liban-Sud », souligne-t-il.
Développer un tourisme encore timide
L'assistance de la Corée au Liban se traduit aussi par la participation coréenne à la Finul. « Les soldats du contingent coréen de la Finul, basés dans la région de Tyr, ont, depuis 2007, tissé des relations cordiales avec la population libanaise, à laquelle ils donnent des cours de langue coréenne et de taekwondo », indique l'ambassadeur. « Les soldats assurent aussi des soins médicaux à la population, de même que des soins vétérinaires au bétail. À ce jour, 23 000 patients ont bénéficié de soins médicaux délivrés par les soldats coréens », fait remarquer Lee Young-ha. Et d'ajouter que le contingent coréen est également engagé dans l'amélioration de l'infrastructure routière, l'assistance au développement des villages et à l'armée libanaise. « L'aide apportée par le contingent coréen totalise deux millions de dollars par an », affirme M. Lee, précisant que cette action est financée par le ministère coréen de la Défense.
Ce retraité de l'armée, qui ne se départit pas de son sourire, met tout son poids dans le renforcement des relations entre son pays et le Liban. Un Liban dont il connaît les villages jusqu'aux coins les plus reculés et dont il apprécie les sites naturels et archéologiques. Un Liban dont il apprécie également les festivals, auxquels il assiste avec assiduité. « Comme tous les Coréens, j'aime chanter », avoue-t-il aussi, faisant allusion au karaoké qu'il pratique régulièrement. Soucieux de faire découvrir le pays du Cèdre au peuple coréen et de développer un tourisme encore timide entre les deux pays, Lee Young-ha espère parvenir, prochainement, à annuler les visas d'entrée entre le Liban et la Corée. « Selon les estimations, seulement 350 Libanais se rendent en Corée et 1 200 Coréens viennent au Liban chaque année », regrette-t-il.
Créer un réseau d'amitié
Mais cet amoureux de la nature, qui pratique quotidiennement son jogging et apprécie la mer, ne peut s'empêcher de déplorer les atteintes à l'environnement et l'indiscipline des Libanais à ce niveau. « Il est dommage que les gens jettent les saletés par les fenêtres de leurs voitures. Sans compter le danger que représente une canette lancée sur la route », déplore-t-il. « Il est aussi dommage que la circulation sur les routes soit si chaotique et qu'il n'y ait pas assez de signalisation », ajoute-t-il.
Déterminé, malgré les difficultés, à atteindre ses objectifs, M. Lee, ancien enseignant àe l'Université Yonsei, spécialisé dans le leadership, veut créer une association d'amitié entre les deux pays. Un réseau qui commence à se mettre en place et qu'il espère voir rapidement s'élargir. « Nous avons organisé dernièrement des manifestations culturelles coréennes, notamment une projection de film, un concert ainsi qu'une démonstration de taekwondo, dans le cadre de la troisième caravane d'amitié arabo-coréenne », dit-il. « Nous travaillons aussi à la mise en place d'une association d'amitié parlementaire avec l'aide du président du Parlement, Nabih Berry », poursuit-il. M. Lee ajoute que le Premier ministre, Saad Hariri, devrait se rendre en Corée pour les célébrations du 30e anniversaire des relations bilatérales entre le Liban et la Corée.
Le défi est de taille. Mais ce bourreau de travail, qui se lève à l'aube, ne recule devant rien. « Je ne manque aucune occasion d'aller vers les autres et de tisser des relations. C'est mon rôle de diplomate », dit-il, avant de conclure : « Les Libanais me le rendent bien. Ils sont tellement affables. »