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Culture - Spectacle

Quand la danse interroge une femme et la vie...

Sous le titre « The dress » (La robe), la Beirut Dance Company présente un solo de danse contemporaine  pour une femme en quête de soi et du sens de la vie, sur la scène du Monnot.

La femme s’exprime, en gestes doux et saccadés.  (Marwan Assaf)

Tentures rouges et installation moderne pour pirouettes, grand écart et culbute sous la férule de la chorégraphe Nada Kano dirigeant les pas et les circonvolutions de la jeune Sarah Bou Sader, gracieuse et admirable pâte humaine pétrie de souplesse.
Dans un décor rouge sang fait de tentures et de draperies, émerge le buste, de dos, d'une femme assise. Immergée dans ce fouillis d'étoffes écarlates qui se fond avec sa robe décolletée découvrant bras et épaules nues, la femme s'exprime, en gestes doux et saccadés à la fois, sur un fond de musique classique. De Dvorak à Janacek, en passant par les «gymnopédies» ou «gnossiennes» d'Eric Satie aux luisances sonores aussi lumineuses que des farfadets, la musique ici est une compilation et une composition signées Fadi Tabbal. Une musique qui a de la présence, de la chair et porte ombrage parfois au mouvement tant sa beauté est plus ample, retentissante et péremptoire que la force ou la célérité de l'expression gestuelle.
Cheveux dénoués, bras agités, mains et doigts nerveux, une femme, telle une marionnette désarticulée, se cherche à travers ces vagues de phrases musicales où violoncelle, violon et piano, par-delà cadences et rythmes, ont de savoureuses et subtiles correspondances.
Une femme habitée de silence, tournant le dos au public, fait une plongée en soi, dans les dessous de sa robe tentaculaire mangeant déjà toute l'aire de lumière. Introspection fouillée et fébrile pour mieux se comprendre et se retrouver.
Et, brusquement, voilà que la masse d'étoffe est soulevée comme une nacelle ou un filet tirés des eaux et libère la danseuse, en petite tenue d'un coquin déshabillé en satin, avec culotte à rebord en dentelles fines.
Légère, aérienne, en pointe de chaussons aux lacets en l'air, les jambes cavalières, la cheville nerveuse, les fesses rebondies, la taille cambrée, la jeune femme pirouette avec grâce et désinvolture, comme ivre d'une liberté ardemment attendue.
Juste une petite tunique aux sévères tons gris anthracite pour s'échapper, en tatillonnant, vers le monde extérieur tant sollicité. Confrontation avec la stridence et les aléas de la vie qui s'érigent comme une indétournable prison qui encage l'être.
Déception et fuite de ce faux éden où se collettent ambition, pouvoir et fallacieuse réussite, pour se réfugier à nouveau en soi, dans sa coquille toute tendue de rouge. Comme un salvateur retour au giron de la mère.
Désemparée, la jeune femme revient, tête baissée, dans son univers feutré, lambrissé d'étoffes rouges. Comme une autruche qui s'abrite et se cherche en enfouissant sa tête dans la terre, voilà une paire de jambes en l'air (pour ne pas dire une partie de jambes en l'air sans que cela ait le sens grivois qu'on prête à cette expression) qui se débattent, de façon presque comique, dans le vide.
Après moult hésitations et «trébuchements», le grand chambardement subi est maîtrisé, l'ordre se rétablit, l'harmonie intérieure refait surface et la tempête s'éloigne.
Pour tous les amateurs de danse moderne, Dress est sans nul doute un moment original. Mais aussi téméraire dans son ambition de jeter un éclairage neuf sur l'univers des femmes par le biais de la danse et de la gymnastique du corps. Le symbolisme des gestes, en dépit de certaines redondances qui allongent inutilement le spectacle, n'est pas tout à fait perceptible. Ou manque de force pour saisir ou interpeller le spectateur.
Cependant, de toute évidence, la Beirut Dance Company ne taille pas dans le facile et on retient certains très beaux moments, notamment l'ouverture en tonalités rouges acides, en tableau surréaliste, avec une poupée sans visage qui gigote dans cette mare de draperies rouge vif, ainsi que le saisissant croc-en-jambe de pieds nus qui battent l'air pour rentrer en soi, image mobile qui n'est guère loin d'une stupéfiante et amusante vision à la Magritte.
Tentures rouges et installation moderne pour pirouettes, grand écart et culbute sous la férule de la chorégraphe Nada Kano dirigeant les pas et les circonvolutions de la jeune Sarah Bou Sader, gracieuse et admirable pâte humaine pétrie de souplesse.Dans un décor rouge sang fait de tentures et de draperies, émerge le buste, de dos, d'une femme...

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