Kouchner a insisté auprès des dirigeants libanais sur "le nécessaire soutien et respect qui doit être apporté par tous à l'indépendance du tribunal, qui doit faire son travail dans la sérénité"./
Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a été mis en place par l'ONU pour enquêter sur l'assassinat en 2005 de Rafic Hariri dans un attentat à Beyrouth. Le camp du Premier ministre Saad Hariri soutient le tribunal et celui du Hezbollah l'accuse d'avoir basé son enquête sur de faux témoignages. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a dit s'attendre à une mise en cause de son parti par le TSL, a mis en garde contre toute coopération avec ce tribunal qu'il accuse d'être "politisé" et "à la solde d'Israël".
M. Kouchner a appelé l'ensemble des Libanais à ne pas anticiper les choses. "Je sais que certains sont inquiets plus que d'autres", a-t-il dit mais "aucune communauté particulière n'est visée". "Je ne connais pas l'acte d'accusation, je ne l'ai jamais lu, je n'en sais rien. Personne ne peut influencer l'acte d'accusation, je le sais d'expérience", a-t-il ajouté.
M. Kouchner a affirmé que "la France soutenait la marche en avant du TSL pour le bénéfice de tous les Libanais, car il ne peut pas y avoir d'impunité pour un crime comme celui-là". Il s'est voulu rassurant en affirmant que "rien n'arrivera de très très fâcheux" et qu'il n'y avait "pas de raison de s'inquiéter".
"La justice internationale s'est manifestée parfois dans les mêmes conditions de difficultés politiques (...) dans les Balkans, en Afrique (...) ces États en sont sortis renforcés", a ajouté M. Kouchner qui a rencontré Ammar Moussaoui, le responsable des relations internationales au Hezbollah. Pour M. Moussaoui, "le parti a été l'un des principaux lésés" après l'assassinat. Il a "appelé les Français à avoir leur propre politique envers le Liban" estimant que "certaines récentes déclarations françaises ne contribuaient pas au renforcement de la stabilité au Liban", selon un communiqué publié après sa rencontre avec le ministre français.
Le chef du Quai d'Orsay s'est également rendu à Bkerké, où il a rencontré le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, et lui a transmis un message de solidarité avec les chrétiens d'Orient, notamment après les attentats sanglants qui ont touché les chrétiens d'Irak. À la résidence des Pins, Kouchner a rencontré son homologue libanais Ali Chami avant de recevoir, à l'ambassade de France, une série de personnalités politiques dont le chef du PSP Walid Joumblatt, le député Marwan Hamadé, l'ancien président et chef des Kataëb Amine Gemayel et le chef des FL Samir Geagea.
Préalablement, un membre de la délégation française en visite au Liban avait indiqué que la France appelle "au calme" dans le pays en proie à de fortes tensions liées à l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri.
"On appelle au calme, à la sérénité, au sens des responsabilités de tous les acteurs politiques sur la scène libanaise. C'est dans ce cadre que la visite de M. Kouchner se déroule", a affirmé ce responsable du ministère français des Affaires étrangères sous couvert de l'anonymat. Il était interrogé sur la position de Paris concernant le bras de fer opposant le camp du Premier ministre Saad Hariri, qui soutient le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), à celui du Hezbollah, qui accuse le TSL d'être "politisé" et d'avoir basé son enquête sur de faux témoignages.
M. Kouchner a insisté auprès des dirigeants libanais sur "le nécessaire soutien et respect qui doit être apporté par tous à l'indépendance du tribunal, qui doit faire son travail dans la sérénité", a précisé le responsable.
Arrivé vendredi à Beyrouth, M. Kouchner a rencontré le président de la République Michel Sleiman.