Sans adhérer à la logique du Hezbollah, ou du Hamas, certains étudiants s'accordent pour dire que les médias occidentaux ne reflètent pas toujours la réalité de la région.
"Beirut Exchange", un programme de langue étalé sur deux semaines, est organisé deux fois par an depuis 2008 par le site d'informations Mideastwire.com, spécialisé dans la traduction d'articles de la presse régionale.
Outre l'apprentissage de l'arabe, il permet aux étudiants de rencontrer des acteurs politiques, comme le responsable des relations internationales du Hezbollah ou le représentant du Hamas au Liban.
"L'expérience est extraordinaire", dit Amtissal, diplômée en journalisme.
"Rencontrer le Hezbollah a été inoubliable", renchérit Andrew Waller, 21 ans, étudiant en économie à l'Université d'Exeter (Royaume-Uni). "Mes connaissances sur le Proche-Orient étaient purement académiques. Je voulais voir de près les gens qui prennent les décisions".
Dans un souci d'équilibre, les étudiants sont également reçus par les dirigeants de la majorité parlementaire ou d'autres personnalités politiques, mais le parti chiite et le Hamas restent les "stars".
Car l'idée est qu'ils puissent entendre le point de vue "de parties qui ont des positions opposées à la politique américaine", indique M. Noe.
Sans adhérer à la logique du Hezbollah ou du Hamas, certains étudiants s'accordent pour dire que les médias occidentaux ne reflètent pas toujours la réalité de la région.
"L'image du Hezbollah projetée en Occident n'est certainement pas équilibrée, car elle insiste sur sa branche armée, sans évoquer son programme social", estime Andrew.
Le Hezbollah dispose d'un réseau d'écoles, d'hôpitaux et d'associations notamment dans le sud et l'est du pays.
"Leurs explications nous ont permis de voir leurs motivations", indique Sajjad Dewji, étudiant en sciences politiques à l'Université de British Columbia (Canada), en référence à lutte du Hezbollah et du Hamas contre l'occupation israélienne.
La loi américaine interdit aux citoyens des États-Unis d'apporter un soutien matériel aux deux mouvements, mais pas de rencontrer leurs membres.
Aux éventuelles accusations de propagande, M. Noe répond que ces étudiants, "venus des meilleures universités du monde", sont capables de faire la part des choses, et fait état du soutien de l'ambassade des États-Unis au programme.
Outre les cours et les discussions avec les politiques, les étudiants visitent, entre autres, le site "touristique jihadiste" du Hezbollah, dans le Sud, rencontrent des responsables de la Force des Nations unies et font un tour à la frontière avec Israël.
Mais ce sont surtout les camps "de misère" palestiniens qui les ont touchés. "Ce n'est que lorsqu'on se rend là-bas qu'on se rend vraiment compte de la façon dont vivent les réfugiés", dit Amtissal.
"En écoutant leurs histoires, un lien émotionnel s'est créé avec eux. Nous avons commencé à comprendre les sentiments des Palestiniens", dit Sajjad.
Après le "Beirut Exchange" puis le "Damascus Exchange" et le "Istanbul-Ankara Exchange", des discussions ont été entamées avec l'Université de Téhéran, pour y lancer un programme similaire, dans un pays considéré comme la bête noire des États-Unis.