Interrogé par les correspondants de presse sur l'agression dont ont été la cible deux enquêteurs du TSL alors qu'ils étaient en mission à Ouzaï, le ministre de la Justice a déclaré : « Au plan juridique, et conformément aux accords conclus avec les instances internationales concernées, le Liban est tenu de garantir la protection des enquêteurs du Tribunal spécial pour le Liban. Il ne peut que se conformer à cet engagement. Cela s'applique à tous les ministères concernés, à toutes les administrations concernées, à toutes les forces concernées par un tel engagement. Le Liban respectera ses engagements. »
Il convient d'indiquer dans ce cadre que le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, a entamé une enquête au sujet de cette affaire et a demandé à la gendarmerie d'Ouzaï de transférer à la Police judiciaire le dossier portant sur les premières investigations.
Par ailleurs, dans une interview à l'hebdomadaire Magazine à paraître aujourd'hui, le ministre Najjar a réaffirmé qu'à son avis, l'affaire des « faux témoins » ne relève nullement de la compétence de la Cour de justice. « Je suis absolument convaincu, et je ne m'en cache pas, que du point de vue légal, le transfert du dossier (des faux témoins) devant la Cour de justice comporte de gros risques sur le plan juridique, a déclaré M. Najjar. Cette affaire n'est pas de son ressort. Ce que je crains le plus est que la Cour de justice ne se déclare elle-même incompétente en la matière. »
Et Ibrahim Najjar d'ajouter : « J'ai revu tout ce qui a été écrit à ce sujet par des légistes libanais et des juristes de renom, et j'en ai conclu que le transfert devant la Cour de justice a deux aspects. Sur le plan politique, le Conseil des ministres n'a jamais pris une décision dans une enquête ouverte de transférer le dossier devant la Cour de justice. Sur le plan juridique, l'avis de juristes que j'ai consultés est indiscutable, à savoir que la Cour de justice est une autorité judicaire indépendante de la décision politique. » Le ministre de la Justice a par ailleurs souligné que « l'affaire des faux témoins doit être traitée dans le cadre de l'assassinat du président Rafic Hariri qui, désormais, est du ressort du tribunal international ».
Interrogé sur les informations selon lesquelles le roi Abdallah d'Arabie saoudite a tenté de retarder la publication de l'acte d'accusation en contrepartie d'un engagement syrien à préserver la stabilité au Liban, le ministre de la Justice a déclaré : « Je ne crois pas que quiconque puisse influer sur le timing de la parution de l'acte d'accusation. Ce que certains doivent faire c'est agir en vue d'empêcher les tensions confessionnelles ou civiles sur la scène libanaise. »
En conclusion, M. Najjar a souligné que depuis qu'il a rencontré le juge Daniel Bellemare, « il n'a pas été possible de savoir ce qu'il avait en tête ».