Le Blackberry Playbook ne sera pas commercialisé avant début 2011.
La part de marché dévolue aux ordinateurs risque de pâtir du lancement de l'iPad d'Apple et de nombreuses tablettes multimédias concurrentes, de Hewlett-Packard à Research In Motion, tous ces nouveaux appareils fonctionnant avec une mémoire flash et non un disque dur.
Mais tout n'est pas si sombre pour ces fabricants: leurs ventes unitaires devraient bondir de près de 17% cette année, car les utilisateurs de tablettes souhaitent stocker des quantités de données que seuls les disques durs peuvent contenir. En outre, l'industrie du disque dur, en développant des modèles plus fins et plus compacts, est devenue de plus en plus efficace dans la gestion de ces stocks.
Kaushik Roy, analyste chez Wedbush Securities, souligne que la menace posée par les tablettes est réelle et que le marché a commencé ces deux derniers mois à l'intégrer dans les cours des fabricants de disques durs.
«Il ne semble pas que le phénomène soit encore intégré dans sa totalité, estime-t-il, les gens n'ont pas encore réalisé toute l'étendue ou la gravité de la situation.»
«Il faut vous faire à l'idée que certaines personnes qui auraient acheté un ordinateur portable auparavant vont maintenant opter pour une tablette», ajoute-t-il.
La mémoire flash, plus solide et plus rapide
Dernièrement, RIM a dévoilé sa tablette, BlackBerry PlayBook, dernier avatar en date d'une tendance initiée au printemps par l'iPad, qui s'est déjà écoulée à plus de trois millions d'exemplaires dans le monde.
Selon le cabinet d'études iSuppli, les ventes de tablettes devraient atteindre 15 millions d'unités cette année et s'envoler à plus de 48 millions en 2011. Quelque 18% des livraisons de «netbooks» (mini-ordinateurs portables orientés Internet) sont menacées cette année.
L'avènement du marché des tablettes pourrait amputer de 2 à 3 points la croissance des ventes mondiales de disques durs en 2010, d'après le cabinet IDC.
De son côté, Kaushik Roy estime qu'il faudra retrancher 10 à 12 cents au consensus de 2,11 dollars de bénéfice par action pour l'exercice 2011 de Seagate, et 20 à 25 cents aux 3,95 dollars attendus en moyenne pour Western
Digital.
La mémoire flash, utilisée sur les tablettes, est considérée comme plus robuste et plus rapide qu'un disque dur, un avantage pour des appareils dont le format et l'utilisation impliquent un temps de démarrage réduit et une résistance aux chocs.
La solution du port USB
Malgré tout, IDC table sur un bond de 16,7% des ventes de disques durs cette année, à 650 millions d'unités, en raison d'un besoin accru de stockage de données. Pour l'an prochain, même si la progression des livraisons se poursuit, l'essor des tablettes pourrait lui soustraire 3,8 points de pourcentage, juge Fang Zhang, analyste chez iSuppli.
Selon Kaushik Roy, la société qui en pâtira le plus pourrait être Hitachi Global Storage Technologies, division du japonais Hitachi, parce qu'une grande partie de sa production est destinée aux ordinateurs portables. Suivent, par ordre d'exposition, Western Digital puis Seagate.
Les deux groupes américains veulent toutefois croire que les tablettes intégreront à l'avenir des disques durs, moins coûteux à produire et d'une capacité plus élevée que la mémoire flash.
En outre, à l'image du PlayBook de RIM, qui sera doté d'un port USB, l'industrie des disques durs s'attend à ce que la plupart des tablettes en soient également équipées... même si l'iPad n'en dispose pas pour le moment.
«Tout appareil doté d'un port USB nous permet de vendre (aux consommateurs) un disque dur externe», explique Rich Rutledge, vice-président chargé du marketing chez Western Digital.
Seagate, de son côté, voit les tablettes multimédias comme «un bénéfice net». «Ces appareils ont une capacité de stockage interne très restreinte et, au bout du compte, ils devront faire appel à un stockage externe d'une manière ou d'une autre. Que ce soit sous forme d'un disque local, d'un réseau, ou d'un stockage via Internet, tout cela va profiter à Seagate», souligne la société américaine.
Sans compter que les fabricants de disques durs pourraient vouloir conquérir le marché de la mémoire flash et fournir ainsi directement les producteurs de
tablettes, pointe Kaushik Roy, qui ajoute: «Ils produisent déjà des disques flash, c'est simplement un marché qu'ils doivent commencer à cibler.»