Un panel de bons comédiens.
Un homme, une femme sur scène. Puis deux autres et trois. Autant d'équations, d'hypothèses et de portraits de la gent masculine et de la gent féminine qui sont esquissés devant nos yeux. De leurs petits vices à leurs grandes qualités, de leurs rapports à la monotonie et des alliances qui les unissent. Tout ce défilé intemporel est si bien mené, que tout le monde peut s'y reconnaître. Le metteur en scène Michel Jabre a su reproduire la banalité des caractères et la platitude des situations, comme le voulait Tchekhov. «En effet, chez ce nouvelliste, les histoires s'achèvent toujours en queue de poisson, dit-il, et jamais un événement ne vient casser l'ennui de l'action» qui est, en fait, une non-action, voire une simple situation humaine.
Sur scène, Joseph Sassine, Andrée Nacoui, Youmna Hanna, Nisrine Abou Samra, Diamant Abou Abboud, Rami Atallah et Michel Jabre, des acteurs et actrices au meilleur de leur forme, même si le jeu se qualifie par son classicisme et une linéarité volontaire. Mais là où le spectateur n'accroche pas, c'est le manque de possibilités d'évasion. Tout d'un coup, la scène semble plate, sans aspérités, sans un seul moyen de s'échapper ou de rêver. Le public se retrouve, tout autant que les comédiens, prisonnier d'un texte rigide, décalé de notre temps.
Le théâtre a comme objectif premier d'être mouvant, ouvert, même s'il relève du classicisme. D'être une plate-forme où tout est jouable, interprétable. N'a-t-on pas vu de merveilleuses adaptations de Racine ou Molière contemporaines et même très modernes? Michel Jabre pèche par un trop grand respect du texte. Jusqu'à l'étouffement.