Un compromis entre la France et l'Allemagne, annoncé par le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel, a permis lundi de trouver un accord européen pour durcir la discipline des 27 pays de l'UE. Mais elle ne le sera pas autant que souhaité au départ par l'Allemagne et d'autres partisans d'une grande fermeté, Pays-Bas, Suède ou Finlande.
L'accord prévoit de nouvelles sanctions financières contre les pays laxistes, comme des dépôts bancaires forcés se transformant en amendes. Mais elles ne s'appliqueront pas de manière aussi automatique que prévu à l'origine. Un pays rappelé à l'ordre aura six mois pour corriger le tir avant d'être puni.
Les critiques sont également venues du Parlement européen, où les principaux groupes politiques ont accusé la France et l'Allemagne d'avoir imposé leurs vues au reste de l'Europe avec un accord décevant.
« Il s'agit d'un recul, d'un diktat franco-allemand », a tempêté l'eurodéputé autrichien Othmar Karas.
Le chef de file des libéraux, Guy Verhofstadt, a jugé « incompréhensible » l'assentiment de la chancelière allemande.
Dans son propre pays, Mme Merkel fait l'objet de commentaires peu amènes, certains lui reprochant de s'être laissé « flouer » par le président français.
Pour l'Allemagne, il s'agit « d'une étape intermédiaire », a justifié hier le ministre allemand de l'Économie Rainer Brüderle, soulignant qu'il serait « décisif d'arriver à modifier les traités » pour aller plus loin.
Car l'accord franco-allemand comporte un second volet : il est prévu de modifier « d'ici à 2013 » le traité européen de Lisbonne. Il s'agit tout d'abord d'introduire des « sanctions politiques » contre les États laxistes, qui seraient privés de droits de vote lors des réunions européennes. Une demande allemande.
Et aussi de pérenniser, comme le souhaite la France, une forme de fonds de sauvetage pour les pays de la zone euro qui connaîtraient de graves difficultés financières. Ce sujet sera abordé au plus haut niveau lors d'un sommet de l'UE hier et vendredi prochain à Bruxelles.
Les dirigeants devront décider s'ils vont plus loin avec un changement de traité, à l'occasion par exemple de l'adhésion de la Croatie à l'UE, au risque d'ouvrir la boîte de Pandore.
Mme Merkel a accentué la pression hier. « Ce qui a été convenu entre la France et l'Allemagne doit également être accepté par le Conseil européen » des chefs d'État, a-t-elle dit, réclamant « un mandat clair pour la mise en place de révisions au traité d'ici au printemps prochain ». Cela n'ira pas de soi. Les pays de l'UE ont gardé un souvenir traumatisant de la dernière initiative en ce sens, avec la ratification très difficile du traité de Lisbonne l'année dernière.
Cependant, les Britanniques, les plus hostiles a priori à cette idée, ont laissé la porte ouverte à leur assentiment à condition qu'ils ne soient pas concernés par les changements envisagés. Selon un diplomate européen de haut rang, il y a « de bonnes chances de parvenir à un accord » au sommet sur ce sujet.