Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

Au Liban comme en Irak, des dossiers chauds et des contacts pour trouver des solutions...

Liban-Irak, les destins de ces deux pays, traversant actuellement une période charnière, semblent de plus en plus liés. Un grand nombre de parties politiques internes sont désormais convaincues que les deux pays sortiront ensemble de la crise ou, au contraire, plongeront ensemble. Des personnalités ayant visité récemment la Syrie révèlent ainsi que le sujet principal du dernier sommet syro-saoudien a été la situation en Irak et les obstacles qui entravent la formation du gouvernement. Les mêmes sources rappellent que le roi Abdallah d'Arabie n'aurait pas du tout apprécié le lâchage du candidat qu'il appuyait, l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui.
D'autant que c'est pratiquement le scénario libanais qui se répète. En 2009, les Saoudiens avaient appuyé l'actuelle majorité dans les élections législatives libanaises et celle-ci était sortie victorieuse des urnes, mais elle n'avait pas pu pour autant former seule un gouvernement. Il a donc fallu revenir à la formule du gouvernement d'union nationale. En Irak, les Saoudiens ont aussi aidé la liste d'Iyad Allaoui qui a obtenu le plus grand nombre de sièges aux élections législatives, et celui-ci s'est aussi retrouvé dans l'incapacité de former le gouvernement. Plus même, il a dû renoncer au poste de Premier ministre au profit du candidat appuyé par l'Iran, l'actuel Premier ministre Nouri al-Maliki. La pilule a été amère, d'autant que les Syriens avaient déclaré leur appui à Allaoui et que les Américains n'étaient d'abord pas chauds pour le candidat pro-iranien. Et voilà que face à la situation complexe du pays et à l'urgence pour les Américains d'accélérer leur retrait d'Irak, ils ont choisi la voie du pragmatisme, et Maliki est redevenu le grand favori.
Jugeant qu'il faut à tout prix chercher à rassurer les Saoudiens sur leur rôle dans la région, et en Irak en particulier, le président syrien Bachar Assad s'est rendu à Riyad pour proposer des compensations, alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a contacté à deux reprises le roi d'Arabie pour l'informer de ses démarches et le consulter sur les questions régionales. Les personnalités libanaises de retour de Damas révèlent ainsi que le président syrien aurait déclaré à son interlocuteur saoudien que les États-Unis n'ont pas tenu leur parole avec lui, mais qu'il faut à tout prix préserver l'arabité de l'Irak, tout en n'ignorant pas les influences de l'Iran et de la Turquie. Des formules sont actuellement étudiées pour former un gouvernement irakien qui aurait l'appui des pays voisins et que l'administration américaine serait pratiquement contrainte d'appuyer pour se dégager au plus vite du bourbier irakien.
Mais en même temps, les États-Unis cherchent à réparer le lâchage de Allaoui en concluant un très gros contrat de vente d'armes avec l'Arabie saoudite. C'est donc une fois de plus la course entre le tandem Syrie-Iran, d'un côté, et les États-Unis, de l'autre, pour s'attirer les faveurs du roi Abdallah. Le même scénario se déroule au Liban, où les tiraillements sont quasiment les mêmes. D'ailleurs, le secrétaire d'État adjoint pour les Affaires du Proche-Orient Jeffrey Feltman est venu au Liban de façon impromptue après la visite d'Ahmadinejad et comme pour en contrer les effets. Mais des sources proches de l'opposition précisent que si Feltman avait obtenu gain de cause, la secrétaire d'État américaine n'aurait pas eu besoin de contacter à son tour - et de révéler ce coup de fil à la presse - le président Michel Sleiman pour lui exprimer le soutien américain au TSL et la nécessité de le laisser accomplir son travail.
C'est dans ce contexte encore flou que le président de la Chambre Nabih Berry et le leader druze Walid Joumblatt s'activent pour tenter de trouver des formules de compromis, dans le genre de celles proposées pour l'Irak. C'est ainsi que les deux hommes cherchent actuellement à organiser une rencontre entre le Premier ministre Saad Hariri et le secrétaire général du Hezbollah, après avoir réussi à pousser les deux camps à reprendre contact, à travers la visite du conseiller politique de Nasrallah Hussein Khalil à Saad Hariri. C'est aussi dans le souci de donner encore plus de chances aux contacts discrets que le président de la Chambre a demandé à ses ministres d'accepter un nouveau report de la discussion sur le dossier des faux témoins au Conseil des ministres. Mais pour un délai assez court. « Pour nous, le dossier doit rester à l'ordre du jour, mais il ne s'agit pas non plus d'être cassant », précise le conseiller de Berry, Ali Hamdane, qui ajoute que des propositions sont à l'étude, et que aussi bien Walid Joumblatt que le président Michel Sleiman travaillent dans ce sens, aussi bien à l'intérieur qu'à l'étranger. Le président Sleiman se rend ainsi à Montreux pour participer au sommet de la francophonie, alors que le président de la Chambre sera à Paris la semaine prochaine.
Les parties internes font de leur mieux pour déminer et pacifier le terrain, mais la clé de la solution n'est pas seulement au Liban, elle est aussi en Irak. Une fois cette clé trouvée, le scénario de compromis pourra voir le jour au Liban. Sinon, les tiraillements iront en s'accentuant, et le bras de fer international et régional pourrait bien entraîner le pays au bord du gouffre. D'autant, affirment les sources de l'opposition, que le Hezbollah ne se laissera pas accuser de l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri sans réagir.
Liban-Irak, les destins de ces deux pays, traversant actuellement une période charnière, semblent de plus en plus liés. Un grand nombre de parties politiques internes sont désormais convaincues que les deux pays sortiront ensemble de la crise ou, au contraire, plongeront ensemble. Des personnalités ayant visité récemment la Syrie...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut