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Moyen Orient et Monde - Tribune

La peine de mort n’a pas sa place au XXIe siècle

Par Jeremy Browne*

Alors que nous venons de commémorer la septième Journée mondiale contre la peine de mort, il est sinistre et choquant qu'un certain nombre de pays aient encore si souvent recours à la peine de mort. Amnesty signale qu'en 2009, 18 pays avaient procédé à des exécutions portant le nombre de personnes exécutées pendant l'année à 714, sans compter la Chine dont les chiffres en la matière demeurent un secret d'État. La majorité des exécutions dans le monde ayant lieu en Chine, il est probable que le chiffre réel soit de l'ordre de plusieurs milliers.
Les crimes commis par certains condamnés à mort sont effro-
yables. Par conséquent, pourquoi le gouvernement reste-t-il résolument opposé à la peine de mort en toutes circonstances, quel que soit le crime ?
Pour moi, la réponse est claire.
Premièrement, rien ne prouve qu'une personne qui commet un crime pour lequel elle est condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité ait agi différemment si elle avait su que son crime entraînerait son exécution.
Deuxièmement, toute erreur judiciaire entraînant la peine de mort est irréversible et irréparable. Qui peut oublier le cas de Derek Bentley, exécuté en 1953 alors qu'il n'était âgé que de 19 ans et qui a été finalement innocenté 45 ans plus tard ?
Troisièmement, si l'une des sanctions pénales auxquelles l'État a recours est le droit d'exécuter ses propres citoyens, l'équilibre entre les droits de l'individu et le pouvoir du gouvernement s'en trouve fondamentalement altéré.
Enfin, l'existence de la peine de mort compromet la dignité humaine et n'a pas sa place au XXIe siècle. L'abolition de la peine de mort est une étape essentielle du développement des droits de l'homme absolus et universels.
Il est clair qu'il existe actuellement un élan international en faveur de l'abolition globale. Au cours des 10 dernières années seulement, 22 pays ont aboli la peine de mort. Mais l'abolition au niveau mondial n'est pas encore pour demain et il reste des défis considérables à surmonter avant de pouvoir vivre dans un monde entièrement abolitionniste. 58 pays gardent encore la peine de mort. Ce sont 58 pays de trop.
Le gouvernement vient de lancer sa nouvelle stratégie pour l'abolition globale de la peine de mort. Notre travail visera les utilisateurs les plus prolifiques là où nous pouvons vraiment faire une différence.
Dans certains pays, il sera parfois nécessaire d'adopter une approche pragmatique. Par exemple, encourager les États à instituer officiellement des moratoires sur l'utilisation de la peine de mort. Et nous exhortons les pays qui continuent à faire usage de la peine de mort à s'assurer que les normes internationales minima sont respectées comme l'interdiction d'exécuter des mineurs, des femmes enceintes ou des personnes qui ont perdu la raison, et garantir les droits à un procès équitable et le droit d'appel.
Notre projet international obtient également des résultats. Le Foreign Office finance des projets visant à contester la constitutionnalité de l'imposition et de l'application de la peine de mort. Nous avons récemment soutenu avec succès de telles contestations, entre autres au Kenya, à la Barbade et en Ouganda.
La suppression de la peine de mort obligatoire peut considérablement réduire le nombre de prisonniers condamnés à mort. Rien que le mois dernier, 167 prisonniers condamnés à mort en Ouganda ont vu leur peine commuée en détention à perpétuité suite à un projet financé par le FCO, et l'année dernière, le Kenya a commué les condamnations de ses 4 000 condamnés à mort. Ce sont des progrès dans la bonne direction.
Mais nous ne pouvons pas nous arrêter là. L'abolition de la peine de mort n'aura pas lieu du jour au lendemain, et il reste beaucoup à faire. Le Royaume-Uni est bien décidé à mener cette action seul et en collaboration avec ses partenaires internationaux afin d'atteindre son objectif final qui est l'abolition de la peine de mort partout dans le monde.

* Jeremy Browne est secrétaire d'État aux Affaires étrangères du Royaume-Uni.
Par Jeremy Browne* Alors que nous venons de commémorer la septième Journée mondiale contre la peine de mort, il est sinistre et choquant qu'un certain nombre de pays aient encore si souvent recours à la peine de mort. Amnesty signale qu'en 2009, 18 pays avaient procédé à des exécutions portant le nombre de personnes exécutées...
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