Dans un entretien accordé au quotidien al-Qods al-Arabi, M. Berry a estimé qu'« Israël considère que la discorde est l'opportunité du siècle ». Il a également fait remarquer que « les Israéliens sont entrés la première fois au Liban parce que nous étions divisés », d'où la nécessité de prendre garde aux dissensions.
Faisant remarquer que la crise actuelle est « plus communautaire que confessionnelle », M. Berry a précisé que le problème est « politique par excellence », rappelant au passage les propos du cheikh d'al-Azhar qui avait affirmé que les musulmans « lisent dans un seul Coran ».
Évoquant le pluralisme libanais, il a souligné que si la diversité venait à disparaître du Liban, « les montagnes demeureraient, mais le Liban ne serait plus ».
Interrogé sur le rôle du Tribunal spécial pour le Liban considéré comme déclencheur de la fitna, il a répondu : « Ils misent sur l'acte d'accusation qui constituera l'étincelle. Mais tant que la relation syro-saoudienne se porte bien, le Liban sera préservé de la discorde. » Cependant, a poursuivi le président de l'Assemblée, « la solution devrait également émaner des Libanais eux-mêmes (...), car même en présence d'un bouclier de protection pour empêcher la zizanie, la solution doit venir du Liban ».
Au sujet de l'accord de Taëf, il a rappelé que plusieurs de ses clauses n'ont toujours pas été appliquées à ce jour. Et de citer l'établissement du Conseil économique et social, de la commission nationale pour l'élimination du confessionnalisme, du Sénat et de l'élaboration de lois électorales dignes de ce nom.
Prié de commenter les rumeurs selon lesquelles le Hezbollah investirait les rues à l'issue de la parution de l'acte d'accusation, M. Berry a indiqué que depuis l'assassinat de Rafic Hariri et dès les premiers instants du drame, l'accusation contre la Syrie était déjà prête. « À cette époque, ils avaient même accusé les chiites qui sont les alliés de Damas. Ce qu'ils ont omis de dire toutefois, c'est que les sunnites et Rafic Hariri lui-même étaient aussi les alliés de la Syrie, et cela soixante fois plus que les chiites. »
Quelque temps après, a ajouté M. Berry, « nous avons été informés par le biais du Der Spiegel et du Figaro que ce n'est plus la Syrie qui est accusée, mais le Hezbollah. Et au moment où 18 membres du Hezbollah étaient interrogés, ils ont fixé la date de la parution de l'acte d'accusation et en ont informé Hassan Nasrallah. Si vous étiez à la place du secrétaire général, auriez-vous accepté que le crime vous soit attribué ? » a demandé le président du Parlement.
À la question de savoir ce qu'il fera une fois que l'acte d'accusation paraîtra, il a répondu : « C'est une question que nous adressent les diplomates et c'est l'une des raisons qui créent la tension. Comment ces derniers sont-ils au courant de la teneur de l'acte d'accusation ? Cela ne signifie-t-il pas que le tribunal est politisé ? » s'est-t-il encore demandé.
Commentant par ailleurs la visite du président iranien Ahmadinejad ainsi que les critiques affirmant que sa visite était destinée « à l'État du Hezbollah », M. Berry a repris les propos prononcés par le chef des FL, Samir Geagea, au palais de Baabda, qualifiant la visite de « courtoise et protocolaire », et soulignant qu'il s'agit d'une visite « d'un chef d'État à un autre ». M. Berry s'est toutefois dit « étonné » de la position des Américains qui se sont attaqués à cette visite, estimant qu'il s'agit de « provocations ».
De son côté, le député d'Amal Hani Kobeissi a exprimé le refus du mouvement « de toute fitna et guerre intestine », réitérant la position d'Amal en faveur du dialogue « comme unique moyen de communication entre les Libanais ». Et le député de se demander si « les cercles politiques qui prêchent la zizanie ne sont pas les mêmes qui objectent à l'armement de l'institution militaire et son soutien », soulignant au passage que l'armement de la troupe « est un devoir qui incombe au gouvernement et à l'État ».