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Liban - Banlieue sud

Ahmadinejad aux milliers de personnes : Vos causes sont les nôtres, nous sommes dans la même tranchée...

S'il a pu paraître modéré au cours de la journée, le président Ahmadinejad a laissé libre cours à sa vision profonde et globale de « la fin prochaine de l'entité israélienne et des plans du capitalisme sauvage visant à contrôler la région et à travers elle le monde ». Il est vrai que la foule en délire rassemblée au terrain al-Raya dans la banlieue sud avait de quoi enthousiasmer le plus froid des tribuns. D'ailleurs, à plusieurs reprises, devant la chaleur de l'accueil qui lui a été réservé, Ahmadinejad a eu les larmes aux yeux et l'émotion a perturbé son élocution.

Le Hezbollah a organisé un meeting populaire en soirée pour le président iranien. Sharif Karim/Reuters

Venus depuis les premières heures de l'après-midi pour trouver des places, des milliers de Libanais ont envahi le terrain al-Raya, dans la banlieue sud, drapeaux et portraits dans les mains, tuant le temps en attendant de voir l'invité de marque, le président de la République islamique d'Iran. Jusqu'à la dernière minute, les présents ne savaient pas si le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, viendrait aussi ou s'il se contenterait d'apparaître sur grand écran, comme d'habitude.
À 19h15, le président iranien arrive sur place, accueilli dans une longue et chaleureuse accolade par cheikh Naïm Kassem. Le ministre Ali Abdallah ne le quitte pas d'un pouce, n'hésitant pas à écarter des coudes les anonymes souhaitant saluer le président.
Ahmadinejad est si ému qu'il ne cesse de balbutier des prières. Il dira ensuite dans son discours qu'il remercie Dieu de lui avoir permis de vivre cet instant et de venir au Liban.
Auparavant, c'est Hassan Nasrallah qui prend la parole et, une fois n'est pas coutume, il ne prend pas trop de temps, préférant laisser la place à son invité.
Apparaissant sur grand écran, il commence par souhaiter la bienvenue au président iranien au nom d'Amal, du Hezbollah, des « fils de l'imam Sadr, des disciples de l'ayatollah Khomeyni, des familles des martyrs, du peuple résistant, au nom des purs et des nobles... »
Nasrallah affirme dans ce qu'il appelle un témoignage devant Dieu que, même s'il est fier d'appartenir à ceux qui croient dans la « wilayet al-fakih », l'Iran n'a pas un projet propre pour la région. « Au Liban, son projet est libanais, en Palestine, il est palestinien, et dans le monde arabe, il est arabe, déclare-t-il. Il faut donc cesser d'effrayer les populations avec le soi-disant projet iranien. Ce que veut l'Iran en Palestine, c'est ce que veulent les Palestiniens et ce qu'ont réclamé pendant des années les Arabes avant que certains ne renoncent à ces droits : la terre, de la mer au fleuve, le retour des réfugiés et la création d'un État palestinien souverain et indépendant. Le crime de ce président est qu'il l'exprime avec transparence sur toutes les tribunes, aux Nations unies et à Genève. Les États ne le supportent pas car il dit qu'Israël est un État illégal et qu'il est voué à disparaître. Pourtant, l'Iran adopte la même position que Abdel Nasser lors du sommet de Khartoum avec ses trois "non". »
Nasrallah a encore affirmé que depuis qu'il est devenu secrétaire général du Hezbollah, en 1992, l'Iran n'a demandé aucune contrepartie à son soutien, pas même un remerciement. Au contraire, il a toujours joué un rôle positif pour éteindre les feux, déjouer les projets de guerre et de discorde et aider les plus faibles. Il a ainsi rappelé que l'imam Khamenei a invité dans un communiqué les musulmans à ne pas faire assumer aux chrétiens les propos de Jonas, ni aux musulmans les propos insultants contre Aïcha, ni en Irak les explosions visant une communauté... Il a affirmé que l'Iran « est une bénédiction divine », invitant les Libanais à profiter de cette bénédiction et à ne pas écouter « les démons américains »...
Le député Assaad Hardane et l'ancien député Oussama Saad (un chrétien et un sunnite) montent ensuite à la tribune remettre un écusson au président iranien, et celui-ci leur prend les mains pour les lever vers le ciel, enflammant ainsi la foule.
Le président iranien commence ensuite son discours par des propos émus sur sa présence au Liban et sur la beauté de ce pays, la pureté des regards tournés vers lui, qualifiant le Liban de « terre bénie ». Il salue aussi la diversité religieuse au Liban...
Passant aux questions politiques, il affirme que le monde est à la veille d'un grand changement qui commence dans cette région. Il rappelle que les « arrogants » ont utilisé leur force pendant des siècles pour contrôler la région, et à travers elle, le monde. Rien ne les a arrêtés pour imposer leur volonté et ils ont bafoué les aspirations des peuples, leurs cultures et leur dignité. Selon lui, leur pensée matérialiste est en contradiction avec les principes religieux... Dans une allusion indirecte au changement de pouvoir aux États-Unis, il a affirmé que les anciens colonisateurs et esclavagistes ont essuyé une violente défaite. Ils ont modifié leurs traits, mais le plan est toujours le même.
Ahmadinejad revient ensuite sur la création de l'entité israélienne, pour compenser les dégâts de la Seconde Guerre mondiale et profitant d'un moment d'égarement des Arabes. « Ils ont implanté une entité hostile et lui ont donné les moyens d'imposer sa force, tout en couvrant ses crimes. Voyez-vous dans le registre des sionistes autre chose que des crimes ?... » Il estime que cette entité est la concrétisation du projet capitaliste et, pour preuve, il a relevé l'appui unanime dont bénéficie Israël. Mais selon lui, les peuples ont d'autres aspirations. Il attire l'attention des présents sur le fait que lorsqu'ils envahissent un pays, les ennemis misent sur la discorde et les divergences religieuses et ethniques. C'est, selon lui, ce qui s'est passé en Irak. Il ajoute que les ennemis ne veulent pas d'un peuple fort et uni pour pouvoir lui imposer leurs volontés. « Heureusement, grâce à l'éveil des peuples, le plan a été découvert. Les peuples connaissent désormais l'importance de l'unité. »
Évoquant les événements
« douloureux » du 11 septembre 2001 aux États-Unis, Ahmadinejad réclame la formation d'une équipe indépendante chargée d'enquêter sur les dessous de ces tragiques événements, d'autant que les Américains en ont profité pour envahir l'Afghanistan puis l'Irak. Ces événements ont ainsi servi de prétexte pour atteindre des objectifs impérialistes. Selon lui, pour connaître la vérité, il faut ouvrir les boîtes noires. Selon lui, c'est une issue honorable pour tout le monde car il semble de plus en plus clair que ces événements ont été accomplis selon un plan préétabli ayant des objectifs expansionnistes. Pour Ahmadinejad, la solution consiste dans le retrait (des Américains) de la région, la présentation d'excuses aux populations et le versement d'indemnités. « Sinon, les peuples de la région, avec l'aide de Dieu, les expulseront et livreront les coupables à la justice. »
Le président iranien évoque aussi les milliers de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes et il informe les présents que l'épouse et le fils de Mohsen Moussaoui, diplomate iranien enlevé au Liban en 1982, font partie de la délégation qui l'accompagne. Il en profite pour affirmer que les informations en sa possession lui font croire que ce diplomate et ses trois compagnons sont encore vivants et retenus en otages en Israël. Il réclame pour eux la visite de la Croix-Rouge et la libération, avec les autres « otages palestiniens ». Pour Ahmadinejad, la pollution de l'air, les changements climatiques, la crise économique sont dus au système unilatéral et au capitalisme sauvage qui bafoue les valeurs humaines...
Revenant au Liban, il rappelle comment l'entité israélienne a essuyé des défaites par étapes, dont la dernière est la riposte courageuse de l'armée libanaise (à Adaïssé). Selon lui, ces défaites ainsi que la résistance héroïque à Gaza montrent la faiblesse de l'entité israélienne. « Se sentant dans une impasse, celle-ci peut chercher à provoquer des étincelles, dit-il, mais chaque étincelle ne fera qu'accélérer sa chute (...). Ils parlent de paix et continuent de s'étendre en bafouant les droits palestiniens et les résolutions internationales. L'entité sioniste est raciste et signifie le déplacement d'un million et demi d'habitants initiaux. »
Selon lui, la solution consiste dans « la reconnaissance des droits des Palestiniens et dans le retour des envahisseurs vers leurs pays d'origine, sinon les cyclones du peuple palestinien et des autres peuples libres les emporteront. » Ahmadinejad demande à certains régimes de la région d'écouter leurs peuples, qui appuient les Palestiniens. « Quant à ceux qui protègent l'entité sioniste, ils doivent savoir qu'ils doivent mettre un terme à son hégémonie et ils doivent réparer le mal qu'ils ont fait. S'ils se sentent coupables à l'égard des sionistes, ils n'ont qu'à leur donner des compensations chez eux. » Tout en critiquant l'ONU qui est contrôlée, selon lui, par quelques États, il estime qu'aller à l'encontre de la volonté des peuples de la région, c'est aller vers l'échec. « Cette entité chargée de contrôler la région de l'Euphrate au Nil s'est enfermée dans des murs qu'elle a elle-même construits. » Il évoque ensuite « un front commun » entre le Liban, la Syrie, l'Irak, la Palestine, la Turquie et l'Iran.
Tout en assurant que l'entité sioniste est en pleine déroute, il invite le peuple du Liban, « pays des purs », à ne pas écouter les démons qui n'aiment pas l'unité et l'harmonie. « Vous avez jeté le désespoir dans la cour des démons. Sachez que vos causes sont celles de l'Iran. Nous sommes ensemble dans une même tranchée. Votre dignité et votre développement sont les nôtres. Le peuple iranien sera toujours à vos côtés. » Tout en affirmant que le nouvel ordre mondial doit être global et juste, permettant à tous les peuples de participer à la gestion des affaires du monde, il rend un vibrant hommage aux Libanais et surtout aux jeunes moujahidine, leur criant : « L'avenir est à vous. Nous sommes fiers de vous »...
Venus depuis les premières heures de l'après-midi pour trouver des places, des milliers de Libanais ont envahi le terrain al-Raya, dans la banlieue sud, drapeaux et portraits dans les mains, tuant le temps en attendant de voir l'invité de marque, le président de la République islamique d'Iran. Jusqu'à la dernière minute, les présents ne...

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