De gauche à droite, les ministres de la Défense néo-zélandais, philippin, russe, singapourien, américain, thaïlandais et le secrétaire général de l’Asean. Carolyn Kaster/AFP
Réponse, quelques minutes plus tard du secrétaire américain à la Défense, Robert Gates : « Les querelles concernant des revendications territoriales et l'utilisation appropriée de l'espace maritime semblent mettre de plus en plus en danger la stabilité et la prospérité régionales. » Sans mentionner Pékin ni prendre position sur ces différends, il a appelé à les résoudre « pacifiquement, sans force ni coercition, par l'intermédiaire de processus diplomatiques et de coopération », et en respectant le droit international.
La Chine s'oppose à plusieurs États du Sud-Est asiatique (Asean : Brunei, Birmanie, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam) à propos de la souveraineté sur des archipels en mer de Chine méridionale, notamment les Spratleys et les Paracels. Elle sort par ailleurs d'une grave crise diplomatique avec le Japon, consécutive à la détention par Tokyo pendant quelques semaines du capitaine d'un chalutier chinois près d'îlots contestés en mer de Chine orientale. Et elle avait protesté cet été contre des manœuvres américano-sud-coréennes en mer Jaune, dans un contexte de tension croissante avec la Corée du Nord.
La réunion, la première du genre, réunissait les dix pays de l'Asean, leurs six partenaires habituels de la région (Inde, Chine, Japon, Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande) ainsi que les États-Unis et la Russie. Les États-Unis défendent un règlement multilatéral des conflits territoriaux dans le Pacifique. Un vœu que partage l'Asean, à la recherche d'un « code de conduite » contre des dérapages potentiellement dangereux.
Le Vietnam, pays hôte, dont les relations avec Washington ne cessent de s'améliorer, pousse dans le même sens. Hanoi avait à ce titre réclamé la libération de neuf marins vietnamiens arrêtés il y a un mois au large des Paracels, dans un saisissant parallèle avec la querelle sino-japonaise. La Chine a annoncé hier la libération de l'équipage.
Un haut responsable américain a estimé en fin de journée que le ton adopté par Pékin semblait plus modéré que précédemment. La mer de Chine méridionale était auparavant décrite comme partie de ses « intérêts supérieurs », au même titre que Taïwan et le Tibet. « Il semble, au moins dans certaines de nos discussions avec eux, qu'ils se soient écartés de cet argument », a-t-il expliqué sous le couvert de l'anonymat. Les responsables chinois semblent « chercher d'autres façons d'articuler ces questions », a-t-il ajouté, estimant « probablement juste de conclure qu'il y a un débat interne à Pékin » sur le sujet.