Le Teatro après sa destruction.
Répondant à ses détracteurs, le ministre rappelle que les dégâts subis par le Teatro Ingea remontent à plusieurs années. L'opération de vandalisme s'était déroulée graduellement et en catimini. Ainsi, en 2002, lors d'une visite d'inspection, la Direction générale des antiquités (DGA) découvre que le bâtiment (bien-fonds 14,classé en 1996) avait perdu une partie de sa toiture et était de ce fait exposé à toutes les intempéries. Il menaçait de s'écrouler. La DGA demande alors à la municipalité de la ville d'aviser les parties concernées d'entreprendre les travaux de consolidation et de restauration nécessaires. Mais aucune mesure n'est prise pour intervenir à ce niveau.
En 2008, le plafond du premier étage est défoncé intentionnellement. Dans une lettre n° 3200 datée du 21 août 2008, la DGA réitère sa demande auprès de la municipalité, précisant que les travaux devraient être menés par un ingénieur spécialisé dans les restaurations. Encore une fois, rien n'est fait. Pire, en mars 2009, les étages supérieurs sont réduits en poussière et quelque mois plus tard, les propriétaires réclament la suppression de leur bien-fonds de la liste des bâtiments classés. Le ministère oppose son veto et exige des propriétaires la reconstruction à l'identique de l'édifice. Finalement en 2010, dans une lettre n° 310 datée du 26 janvier, les propriétaires des biens-fonds 14 et 15 demandent le permis de restauration de l'hôtel Royal et la reconstruction de la façade principale du Teatro Ingea. La DGA a donné son accord après l'étude complète du projet. Un projet, dit le ministre, qui répondra à toutes les conditions légales et techniques. Tous les 15 jours, des agents de la police et une équipe de la Direction générale des antiquités superviseront les travaux sur le chantier, a-t-il encore indiqué.
Le ministre a aussi lancé un appel en faveur d'une campagne pour la mise en place d'un fonds auquel participeront la municipalité de Tripoli, l'Association des commerçants, les forces économiques actives et les ONG de la région afin de pouvoir conserver, restaurer et valoriser l'héritage architectural de la ville. Il a d'autre part insisté sur l'importance de l'adoption du projet de loi portant sur la sauvegarde du patrimoine, prévoyant même un sit-in devant l'Assemblée pour accélérer son vote.
Signalons qu'au début de la conférence, les archéologues Khaled Rifaï et Samar Karam ont donné un rapide aperçu sur les travaux entrepris par la Direction générale des antiquités en collaboration avec le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) dans la cité médiévale de Tripoli.