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Liban

Les ministres du 14 Mars rejettent les mandats d’arrêt « politiques », le 8 Mars les appelle à « ne pas politiser » la justice syrienne... !

C’est Ibrahim Najjar qui a été chargé hier de poursuivre le dossier des mandats d’arrêt avec son homologue syrien. Photo Dalati et Nohra

Le Conseil des ministres continue - fort heureusement - jusqu'à présent de déjouer les mauvais paris sur son implosion. C'est en tout cas ce qu'il a, une fois de plus, prouvé hier, au cours d'une séance au palais présidentiel qui aurait pourtant pu facilement virer au drame, compte tenu des échéances qui sont sources de conflit (le débat sur le financement du TSL) et des derniers développements politiques en rapport avec les convocations syriennes à l'encontre des fameuses 33 personnalités, interprétées par le 14 Mars comme un retour de Damas à ses bien mauvaises habitudes.
C'est donc dans le calme que le Conseil, qui devait initialement plancher sur le projet de budget, a concentré son attention sur l'affaire des convocations syriennes. Les autres sujets épineux ont aussitôt été retirés du débat pour désamorcer, à titre préventif, toute explosion potentielle, à l'initiative des différentes parties, notamment du président de la République, Michel Sleiman, qui ne souhaite pas, à titre d'exemple, que les ministres puissent en arriver au vote sur la question du financement du TSL, mais préfère œuvrer progressivement pour une solution politique à ce dossier en poursuivant ses contacts aussi bien internes qu'externes. Par la même occasion, la présentation par le ministre de la Justice Ibrahim Najjar de son rapport sur les « faux témoins », qui n'a toujours pas été distribué aux ministres, a également été reportée.
C'est le chef de l'État qui a pris l'initiative de poser le problème des mandats d'arrêts syriens et d'ouvrir le débat à ce sujet. Il a ainsi « souhaité » qu'ils ne soient pas émis, compte tenu de la tension sur laquelle ils ont débouché au niveau de la population libanaise. Le chef de l'État, qui a recadré l'affaire dans un contexte purement judiciaire, a mis l'accent sur son attachement aux « relations privilégiées » avec la Syrie, qui ne sauraient, a-t-il dit, être mises en péril par une telle initiative. Aussi a-t-il appelé le ministre de la Justice à effectuer un suivi judiciaire de cette affaire avec son homologue syrien, ce qui a été décidé. De son côté, le Premier ministre Saad Hariri a « déploré » la mesure, estimant que « les choses sont claires désormais ». Prenant le contrepied du président Sleiman, Saad Hariri a voulu marquer le coup, en affirmant qu'il ne considérait pas la question comme judiciaire, mais « politique », tout en soulignant qu'il continuerait à être « positif ». « Les relations que nous avons voulu établir avec la Syrie sont entre deux pays et dans le cadre institutionnel. Pas de cette manière », a-t-il noté. « Il y a eu des mandats d'arrêt pareils dans le passé. Nous savons pourquoi ils ont été maintenus et dans quelle direction ils sont pointés », a-t-il dit, mettant en garde contre l'escalade du discours politique qui suscite les inquiétudes auprès des Libanais. Mais il a toutefois mis en évidence sa volonté d'établir les meilleures relations avec Damas, tout en proclamant son attachement au TSL et au dialogue comme source de résolution des différends. Il a enfin estimé qu'il ne voyait aucune objection au report du débat sur la question du financement du TSL à une date ultérieure.
D'une même voix, les ministres représentant les forces du 14 Mars ont tous rejeté les mandats d'arrêt syriens. Ils avaient d'ailleurs tenu une réunion de coordination à ce sujet avant la séance. Ainsi, Boutros Harb, Sélim Sayegh, Michel Pharaon, Jean Oghassabian, entre autres, ont-ils tous insisté sur l'incompétence de la justice syrienne dans cette affaire et sur l'atteinte que cela constitue à la souveraineté libanaise. Ce qui a été fait est donc un acte éminemment politique et irrecevable, ont-ils souligné en substance. Une position partagée par les ministres du Rassemblement démocratique de Walid Joumblatt, qui ont estimé que l'attaque menée simultanément sur trois fronts - le financement du TSL, les faux témoins et les mandats d'arrêt - était « inacceptable » et « hypertrophiée ». Quant aux ministres du 8 Mars, ils ont décidé, au terme d'une réunion de coordination, de considérer que la question des mandats d'arrêt est une affaire « strictement judiciaire ». Une position exprimée par les ministres hezbollahis, Mohammad Fneich et Hussein Hajj Hassan, et reprise par MM. Gebran Bassil et Youssef Saadé. Ce dernier a même été jusqu'à mettre en garde contre toute « politisation » de cette question. Ce qui lui aurait valu la réponse suivante, en règle et à l'unisson, des ministres du 14 Mars : « Commencez vous-mêmes par cesser de politiser la justice internationale et par accepter les décisions qui vont en découler, sans plus faire de procès d'intention et collaborez à l'avenir avec les décisions qui émaneront de la justice libanaise et internationale. Cessez, partant, de défendre la justice syrienne et de rejeter toute politisation de ses décisions, tout en attaquant, dans le même temps, la justice libanaise et internationale, en politisant leurs décisions. »
Concernant enfin l'affaire des faux témoins, il convient de signaler que le ministre Mohammad Fneich aurait quand même insisté sur la nécessité de prendre connaissance du rapport Najjar, quand bien même le chef de l'État a décidé que son examen serait renvoyé à une séance ultérieure. Son confrère d'Amal, le ministre de la Santé Mohammad Jawad Khalifé, a pour sa part rendu hommage au « professionnalisme » du ministre Najjar dans sa gestion de ce dossier.
Le Conseil des ministres continue - fort heureusement - jusqu'à présent de déjouer les mauvais paris sur son implosion. C'est en tout cas ce qu'il a, une fois de plus, prouvé hier, au cours d'une séance au palais présidentiel qui aurait pourtant pu facilement virer au drame, compte tenu des échéances qui sont sources de conflit (le...
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