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Lifestyle - Reportage

En Namibie, les Himbas raffolent des touristes sans vraiment en profiter

Des paysages sublimes attirent de plus en plus de touristes. Mais ces visites, de plus en plus nombreuses, ne profitent guère à la communauté locale. Stéphane de Sakutin/AFP

Des femmes himbas au corps recouvert d'ocre chantent et dansent devant des touristes, dans un village reculé du nord de la Namibie. À Ohungumure, une localité proche de la frontière angolaise, les visiteurs se succèdent quotidiennement durant l'hiver austral pour découvrir ce peuple semi-nomade qui vit dans des huttes. Ils sont de plus en plus nombreux à se passionner pour leur mode de vie traditionnel et à admirer leur beauté corporelle. Avec près d'un million de visiteurs étrangers par an, le tourisme représente aujourd'hui le troisième secteur économique de Namibie et ne cesse de croître.
Les populations locales se réjouissent de la manne touristique, mais certains n'hésitent pas à en critiquer certains aspects. « Le problème, ce n'est pas les touristes, mais nous. Nous devons nous organiser. Les gens ne pensent pas à développer des infrastructures pour les communautés », observe ainsi la responsable de la Croix-Rouge locale, Kakarandua Mutambo.
Des « zones protégées », comme il en existe une quinzaine dans cette région, sont envisagées autour d'Opuwo, le bourg voisin. Dans ces territoires qui couvrent quelque 15 % de la Namibie, les droits d'exploitation des ressources sont transférés aux communautés rurales, selon un mécanisme créé en 1995 par le gouvernement namibien. Dans la région d'Opuwo, elles permettraient de gérer les revenus de manière communautaire pour réparer les puits ou construire des écoles, souligne le ministère namibien de l'Environnement.
Mais de nombreux chefs locaux n'entendent pas verser une partie de leurs gains aux communautés plus reculées. « On s'est réunis pour faire un puits mais personne ne voulait mettre son argent en commun », regrette un chef de famille d'Ohungumure, Tuaseuapi Mbinge. Avec la même volonté de faire profiter des retombées touristiques le plus grand nombre, l'association franco-namibienne Kovahimba cherche des fonds pour construire un centre culturel entre Opuwo et les chutes d'Epupa, une des destinations favorites des touristes.
La jeune Veuzuvamuani, 19 ans, qui allaite son bébé à l'entrée d'Ohungumure, elle, se réjouit de l'afflux de touristes. « Les touristes veulent connaître notre culture. Ils nous apportent à manger, achètent des colliers et paient pour prendre une photo », explique-t-elle. Avec l'argent ainsi gagné, elle rend visite à sa mère hospitalisée, achète des couvertures ou de la farine de maïs. Large coquillage au cou et bracelets aux poignets et chevilles, Veuzuvamuani affirme ne rien dépenser en alcool à Opuwo, au cœur du pays himba, où bars et débits de boissons sont légions.
Pour le guide Matirepo Tjiraso, qui possède chèvres et vaches comme tout Himba, « ces visites de touristes perturbent la vie du village ». « Les femmes interrompent leurs activités pour venir vendre de l'artisanat », déplore-t-il. Même les enfants font l'école buissonnière dès qu'ils voient les véhicules des hôtels, pour grappiller quelques bonbons.
Andrew Lesch, gérant d'un de ces hôtels, regrette aussi cette dépendance des communautés traditionnelles à l'égard du tourisme et estime que si les visites de villages himbas cessaient, « cela les aiderait à être plus indépendants ».
Des femmes himbas au corps recouvert d'ocre chantent et dansent devant des touristes, dans un village reculé du nord de la Namibie. À Ohungumure, une localité proche de la frontière angolaise, les visiteurs se succèdent quotidiennement durant l'hiver austral pour découvrir ce peuple semi-nomade qui vit dans des huttes. Ils sont de plus en plus nombreux...
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