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Mode - Interview

Gaspard Ulliel, égérie de Bleu, le nouveau parfum pour homme de Chanel

C'est un film onirique, réalisé par Martin Scorsese, qu'offre Chanel en guise de baptême à son nouveau jus masculin, Bleu. Qu'importe l'histoire, une course-poursuite irréelle dans les rues de New York, la nuit, au rythme de She said yeah des Rolling Stones. On en retiendra l'atmosphère si particulière à l'univers de Scorsese et la beauté de Gaspard, l'énergie de Gaspard, l'élégance de Gaspard, qui a bien voulu se prêter à cette interview « making of »...

Comment est-ce que vous interprétez le fait que le personnage claque la porte à la fin ?
C'est tout simplement quelqu'un qui va vers ce qu'il est, ce qu'il est réellement, en refusant de se soumettre à une image façonnée par les autres. Il s'affranchit, libéré du regard des autres. C'est un acteur, un jeune acteur, qui a acquis une notoriété très soudaine et qui, fatalement, ne se sent plus à sa place. Il est oppressé, prisonnier des médias, du public, de l'industrie. Revoir cette femme au milieu des journalistes qu'il a connue autrefois le replonge dans des souvenirs, dans son passé et l'aide à prendre conscience de ce qu'il est devenu ou plutôt de ce qu'il est en train de devenir. Il ne veut pas de ça, il veut retrouver ce sentiment de liberté qui emplissait sa vie passée, source intarissable d'inspiration.

Vous avez dû refaire souvent le plan où toutes les parois tombent ?
Oui, on l'a refait pas mal de fois ! Je dirais une dizaine de fois. C'était assez judicieux ce système, parce que très rapide à remettre en place entre les prises. C'était des câbles avec un système d'air comprimé je crois. L'effet était très impressionnant. À la première prise, j'ai sursauté.

Que pensez-vous de la musique des Rolling Stones qui accompagne le film ?
C'est le choix idéal, c'était même presque évident. Martin les a filmés, c'est un grand fan des Stones. Je trouve que cela amène beaucoup au film. Il a choisi un morceau plein d'énergie, très fort, très accrocheur. C'est un morceau que je ne connaissais pas, un morceau assez ancien, qui doit dater des premiers albums. J'étais ravi de le découvrir.

Vous vous êtes reconnu dans ce jeune acteur ?
Oui, tout à fait, il est face à des problématiques que je connais, que je vis. La notoriété, l'image, trouver sa place, et surtout trouver une liberté spirituelle et artistique au sein d'une industrie qui est souvent aux antipodes de ces considérations. Ça fait partie du métier d'acteur dans la société d'aujourd'hui. Donc, je n'ai pas eu de mal à me mettre dans la peau de ce personnage. Comme lui, ça m'est arrivé de me retrouver dans des conférences de presse similaires et de me sentir un peu piégé après une question à laquelle je ne trouve pas la bonne réponse.

Mais un film de Chanel ne va-t-il pas mettre cette pression-là ?
Non. Chanel, c'est autre chose. Mais c'est vrai que quand Chanel m'a proposé le rôle, j'ai beaucoup réfléchi à l'impact que ça pouvait avoir sur mon image. Car avec ce film, je vais être exposé au monde entier alors que ma notoriété internationale en tant qu'acteur n'est pas encore installée. Les gens m'ayant découvert dans des films, peut-être feront-ils le rapprochement, mais ce n'est pas évident. Et ceux qui ne me connaissaient pas avant penseront peut-être que je suis mannequin et non pas acteur. C'est un risque dont je suis conscient. Mais, après tout, est-ce vraiment préjudiciable ? Surtout à une époque où la mode et le cinéma se côtoient de plus en plus.

Et puis vous ne faites pas que le mannequin dans ce film justement ?
Non, bien sûr que non. Et surtout j'ai eu la chance de travailler avec un grand cinéaste. Et ce qui m'a plu dans le script, c'est qu'il y avait quelque chose de très narratif. C'est comme un court-métrage, un court-métrage d'une minute.

De plus Martin Scorsese se permet des choses assez impressionnistes tout en faisant vraiment quelque chose de différent ?
C'est vrai que j'ai été surpris par ces moments de quasi-abstraction dans sa mise en scène, ce qui n'est pas forcément habituel dans ses films. Il a réussi à proposer quelque chose qui se démarque véritablement des spots parfums qu'on a pu voir auparavant.

Qu'est-ce que cela vous a fait quand vous avez vu pour la première fois le film « Bleu » de Chanel  ?
C'est toujours un moment délicat que je redoute, mais c'est aussi un moment que j'attends avec impatience. L'objectivité est inexistante la première fois que l'on se regarde. On est influencé par beaucoup de souvenirs que l'on a du tournage, des idées que l'on s'était faites, des attentes que l'on avait de certains moments. Ce qui m'a surpris au départ, c'est la quantité de choses qui a été coupée. Maintenant sur un format aussi court, c'est inévitable. C'est vrai que les deux premières fois, j'ai été un peu déboussolé. Mais j'étais certain d'être face à quelque chose de vraiment très fort et de novateur.
Qu'est-ce qu'il a coupé ?
Il a coupé des scènes dans le métro, dans la rue, dans une limousine sur Park Avenue, il a coupé des séquences dans Brooklyn, plein d'autres choses que j'ai déjà oubliées. Mais ça n'a pas d'importance... Il faut savoir faire le deuil des coupes issues du montage. C'est là que l'on voit le talent (qui n'est plus à prouver après plusieurs Oscars) de Thelma Shoonmaker, la monteuse de Scorsese, qui a su ne garder que la substantifique moelle.

Vous avez fait un péplum en fait ?
On a tourné pas mal, à vrai dire. On a fait 5 jours assez intenses, avec une rapidité d'exécution assez impressionnante. Et c'est vrai que pendant le tournage, je me demandais comment il allait pouvoir caser tout ça en une minute.

Qu'est-ce que cela vous a fait d'être le premier à être une « égérie masculine » pour un parfum de Chanel ?
Ah ? Je suis la première égérie masculine ? Je ne le savais pas. J'en suis encore plus honoré.

Est-ce qu'il y a des différences techniques flagrantes entre un film de publicité et un long-métrage ?
Je n'avais jamais tourné de publicité auparavant... En tout cas, là j'avais vraiment l'impression d'être sur un long-métrage. Les moyens techniques, l'équipe, le rythme de travail, tout était semblable à ce que j'ai l'habitude de retrouver sur les longs-métrages. Et surtout, Martin Scorsese semblait aussi investi que sur un de ses longs-métrages. Il me dirigeait avec le même intérêt que s'il dirigeait un acteur sur un long-métrage.
Oui, je pense qu'au final on peut dire que c'était comme sur un long sauf que ça a duré 5 jours.

Vous étiez à New York ? Tout était à New York ?
Oui.

Vous aviez déjà tourné à New York ?
Jamais.

Y a-t-il quelque chose de spécial à tourner à New York ?
Oui, c'est une ville avec une atmosphère assez électrique, et puis les décors sont d'une vraie richesse. Et je pense que ça se prête vraiment au jeu de la caméra. Il y a quelque chose de très cinématographique dans cette ville. Et puis comme je n'y vis pas, pour moi ça représente quelque chose d'extrêmement puissant.
Quelqu'un vivant à New York, peut-être s'en rendrait-il moins compte. Mais moi, quand je me promène dans New York, j'ai toujours ces réminiscences liées à des séquences de films.

C'est spécial d'avoir sa photo dans les magazines, qu'est-ce que cela vous fait ?
À vrai dire, je ne suis pas quelqu'un qui lit beaucoup les magazines, du coup cette campagne Longchamp je ne l'ai pas vue énormément en fait. Pour ce qui est des affiches de film, c'est assez étrange parfois de se retrouver dans la rue à proximité d'une affiche sur laquelle on est en grand. Mais on s'y habitue.

Pourquoi avez-vous accepté cette campagne avec Chanel ?
Ce n'était pas très compliqué comme décision... Scorsese, Chanel, un nouveau parfum, il y avait tous les ingrédients pour dire oui !
C'est un film onirique, réalisé par Martin Scorsese, qu'offre Chanel en guise de baptême à son nouveau jus masculin, Bleu. Qu'importe l'histoire, une course-poursuite irréelle dans les rues de New York, la nuit, au rythme de She said yeah des Rolling Stones. On en retiendra l'atmosphère si particulière à l'univers de Scorsese et la...
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