Kabbara : « Les tentatives de faire échec au TSL nous libèrent de tout engagement en faveur du trinôme armée, peuple et résistance. »
« La communauté sunnite réagira en donnant une leçon, mais pas de ses propres mains, à celui qui ose s'en prendre au leader des sunnites et à la présidence du Conseil. Il est de notre droit, en tant que 14 Mars, de considérer que les tentatives et la volonté, exprimée publiquement, de faire échec au TSL nous libèrent de tout engagement en faveur de la déclaration ministérielle et notamment, de notre engagement en faveur du trinôme armée, peuple et résistance. Nous pouvons considérer que celui-ci n'a jamais existé et ne cous concerne absolument pas », a menacé le député. « Quiconque considère le TSL comme son ennemi est, à nos yeux, notre propre ennemi », a-t-il asséné.
Selon lui, « le fait de lâcher cette équation triple est plus important que l'opposition du 14 Mars au déploiement des éléments armés du Hezbollah et des gangs alliés dans toutes les villes libanaises, sous prétexte de la résistance ». M. Kabbara a appelé le Premier ministre à reprendre à son compte publiquement cette orientation « pour défendre l'honneur du pays face aux attaques du Hezbollah et de ses complices, les gangs armés, et défendre également la dignité de la communauté sunnite visées par les déclarations d'insolents mesquins ». Il l'a aussi prié de « résister à la tête du gouvernement et de faire face au projet de désintègrement de l'État mis en place », avant de mettre en garde contre un nouveau 7 mai « qui risque de susciter des répliques ». « Nous ne resterons pas les bras croisés devant les armes arrogantes qui seront dirigées contre nous. Nous les prendrons pour cible partout », a-t-il menacé, en mettant l'accent sur le fait que « c'est le TSL qui peut empêcher la discorde au Liban parce qu'il ne va pas condamner une communauté, mais des criminels précis », et en soulignant que même si son financement est suspendu au Parlement, « des personnalités indépendantes » l'assureront.
Hommage à Berry, Frangié et au Tachnag
M. Kabbara a conclu en faisant remarquer qu'« une chute des forces modérées au Liban ouvrira grandes les portes à l'extrémisme qui embrasera le monde ».
M. Ammar Houry a pour sa part mis en relief les divisions au sein du 8 Mars, saluant les positions « sages » du président de la Chambre, Nabih Berry, du chef des Marada, Sleimane Frangié, et du Tachnag, en relevant que seuls le Hezbollah et le CPL étaient présents pour accueillir M. Sayyed. « Le premier parce qu'il est concerné par l'affaire du tribunal et le second parce qu'il est tenu d'exécuter ce qu'on lui demande », a-t-il dit, en écartant la possibilité que les deux puissent outrepasser l'entente syro-saoudienne autour du Liban.
Mais ses collègues au sein du Courant du futur ne partagent pas son optimisme. Dans une conférence de presse à Tripoli, l'ancien député Moustapha Allouch a indiqué que l'État et la présence sunnite font de nouveau l'objet de menaces, avant de s'en prendre violemment à l'ancien directeur général de la Sûreté générale, « qui emploie le seul langage qu'il connaît, celui qu'il utilisait lorsqu'il pratiquait tout genre de chantage contre la population. Celui qui prétend une fausse vertu et qui se fait passer pour la victime d'une injustice joue, comme toujours, au faux témoin, dans une tentative de détourner l'attention du droit de centaines de martyrs et de victimes d'injustice tombés pour défendre la liberté du pays ».
Selon le député Khaled Zahraman, M. Sayyed est « tombé dans son propre piège et prouve à tous qu'ils ne s'étaient pas trompés à son sujet au cours des cinq dernières années ». « En voulant jouer à l'innocent, il a assuré (samedi) qu'il contrôlait tous les services de sécurité et était au courant des moindres détails dans tout ce qui se passait au Liban. Mais en ce faisant, il a aussi confirmé qu'il sait au moins qui sont les auteurs des assassinats et des attentats qui ont marqué son sombre mandat, caractérisé également par la haine, l'arbitraire, l'oppression, la poursuite des étudiants et l'emprisonnement des opposants », a-t-il insisté.
Réunis au siège du Courant du futur dans leur région, les députés du Akkar, Mouïn Merhebi, Hadi Hobeiche, Khaled Daher, Nidal Nehmé, Khaled Zahraman et Khodr Habib, ont affirmé, dans un communiqué, « rejeter l'option des milices et de la discorde, et se tenir aux côtés des institutions de l'État ». « Nous ferons face aux tentatives d'étouffer la vérité par un attachement supplémentaire à la justice, au TSL et aux institutions de l'État », ont-ils dit.
Comme tous les membres de la majorité et du Courant du futur en particulier, les parlementaires ont accusé le Hezbollah et M. Jamil Sayyed de vouloir opérer un coup d'État pour essayer de bloquer le TSL. « Depuis quand Jamil Sayyed est-il devenu un symbole de légalité, lui qui a violé les libertés, poursuivi les hommes libres et les journalistes, tyrannisé les étudiants, exercé les pires pressions sur les Libanais et mis en place une milice d'informateurs ? (....). Depuis quand Michel Aoun (le chef du CPL) est-il devenu un symbole de l'État, lui qui n'en reconnaît pas l'entité et la Constitution, et qui reste un symbole des actions putschistes, l'auteur du slogan des guerres de libération et d'élimination, et un fan des expressions injurieuses ? » ont-ils explosé, avant d'accuser le Hezbollah d'être devenu « une milice » et d'avoir « perdu l'unanimité populaire dont il bénéficiait pour garder celle d'une bande d'opportunistes ».
Que cache le Hezbollah ?
Les députés du Akkar ont ensuite affirmé avoir vu dans « l'apparition de Jamil Sayyed, qui est convoqué par la justice, entouré du service de sécurité du Hezbollah, une provocation flagrante des autorités judiciaires et des institutions constitutionnelles », avant d'appeler l'État à assumer son rôle et « à poursuivre tous ceux qui portent atteinte aux lois ».
Le député Atef Majdalani a pour sa part invité le Hezbollah à « révéler aux Libanais ce qu'il sait à propos de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et à remettre toute sa documentation à la justice internationale qui a fait preuve, depuis la formation du TSL, d'objectivité et de professionnalisme que ses décisions consécutives, telles que la libération des quatre généraux, laissent transparaître ». « Les positions consécutives du parti de Dieu montrent qu'il a décidé d'ébranler les deux juridictions libanaise et internationale. Non seulement il impose sa propre justice à tout le monde, mais il impose aussi sa sécurité et son mini-État à l'État », a-t-il ajouté, en relevant que « jour après jour, le Hezbollah agit de manière à se mettre au banc des accusés. Plus nous essayons de la protéger, en insistant sur la vérité et la justice, plus il s'attire les accusations. Nous sommes aujourd'hui en droit de nous demander ce qu'il veut et ce qu'il cache à travers ses positions ».
Le député Nidal Tohmé s'est interrogé sur le point de savoir « si le Hezbollah redoute une reprise des pourparlers israélo-syriens et un règlement régional qui serait à ses dépens pour tenir ce genre de discours destructeur ». Tout en estimant que l'affaire de la convocation de justice peut être réglée en Conseil des ministres, le député a mis en garde contre les tentatives d'ébranler l'État. « Elles ne passeront pas, a-t-il martelé, en affirmant que la foule du 14 Mars est toujours présente pour descendre dans la rue afin de défendre les insititutions, les services de sécurité et le corps judiciaire ».