Élu en 2000 à la présidence russe, réélu quatre ans plus tard pour un deuxième et dernier mandat consécutif autorisé par la Constitution russe, Vladimir Poutine avait propulsé en 2008 à la tête de l'État Dmitri Medvedev, un jeune juriste de Saint-Pétersbourg qui lui devait toute sa carrière. M. Poutine, en qui nombre d'experts continuent de voir le véritable homme fort du pays, s'est alors contenté du poste de Premier ministre. Dans la pratique, il a continué à occuper largement la scène médiatique et politique, s'exprimant notamment volontiers sur les questions internationales. Et les Russes ne s'y sont pas trompés, jugeant dans nombre de sondages que le pouvoir dans le pays n'était pas forcément au Kremlin.
Dès son départ du Kremlin pour cette gestion en « tandem » du pays, M. Poutine a été pressé de questions sur son éventuel retour à la présidence, que la Constitution russe autorise pour deux nouveaux mandats. Il n'en a jamais écarté la possibilité. « Ni moi ni le président Medvedev ne ferons quoi que ce soit qui contrevienne à la Constitution russe », a-t-il encore souligné lundi. « Nous avons parlé à plusieurs reprises de ce que nous ferons en 2011 ou au début 2012. Nous agirons en fonction de la situation dans le pays », a-t-il ajouté, ne laissant dans tous les cas guère d'espace pour une option politique alternative. Dans un entretien au quotidien Kommersant fin août, Vladimir Poutine n'avait pas non plus dissimulé son intention de rester au pouvoir. « Je n'ai guère le choix : soit rester sur la berge et regarder l'eau passer, regarder comment les choses s'effondrent et disparaissent, soit m'en mêler. Je préfère m'en mêler », avait-il déclaré, soulignant que la reconstruction d'un État stable après l'effondrement de l'Union soviétique allait prendre « des dizaines d'années ».
Dans un paysage médiatique largement sous influence des stratèges du pouvoir, certains organes de presse ont cependant décelé ces derniers mois des signes de rivalité politique entre Dmitri Medvedev et son mentor. La référence aux quatre mandats du président Roosevelt « était juste une mise au point historique, elle n'a pas de rapport avec l'élection de 2012 », a ainsi affirmé à l'AFP Gleb Pavlovski, un politologue réputé proche du pouvoir. Mais nombre d'observateurs indépendants ne croient guère à une retraite de l'ex-agent secret. « D'une manière ou d'une autre, Poutine doit briguer la présidence, qu'il le veuille ou non, parce qu'il ne peut pas partir. Il doit rester au sommet pour contrôler la situation », a déclaré à l'AFP Dmitri Orechkine, un politologue indépendant.