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Liban - Éclairage

Quatre dossiers derrière l’éruption de Aoun

Le chef du gouvernement et le Hezbollah ont répondu favorablement aux appels d'apaisement lancés par Nabih Berry et Walid Joumblatt, ainsi qu'aux souhaits exprimés dans le même sens par la Syrie et l'Arabie saoudite, à l'occasion de la récente visite à Damas du prince Abdel Aziz, fils du roi Abdallah. Il a été demandé aux pôles libanais plus de réserve et de retenue dans leurs prestations médiatiques. Cela après les virulentes sorties de Hassan Nasrallah, qui a accusé Saad Hariri de retourner le couteau dans la plaie à Beyrouth. La réponse a été qu'un Hariri ne porte pas de couteau, mais s'arme du livre et du crayon. Donc, sur médiation syrienne, il y a eu un mouvement de rapprochement entre ces protagonistes. L'assistant politique du secrétaire général du Hezbollah, Hussein Khalil, est entré en contact avec Saad Hariri samedi soir à la suite des propos lénifiants qui ont émaillé le lendemain le discours d'iftar du chef du Courant du futur. Et le directoire du parti de Dieu a enjoint à ses députés et cadres de ne plus attaquer le Premier ministre, qui a fait de même avec les siens.
Mais ce climat de détente, Michel Aoun s'en démarque totalement. À l'occasion de la fête de son saint patron, célébrée en l'église Mar Mikhaël, il s'est déchaîné contre le chef de l'État, le président du Conseil, les ministres de l'Intérieur, de la Défense, de la Justice et de l'Information pour les inviter à se réveiller du sommeil profond où ils seraient plongés ou, sinon, à démissionner. Il a été jusqu'à user de termes pour le moins blessants en assurant, par exemple, que le président de la République ne fait que pleurer.
Ses attaques suscitent, cependant, un premier point d'interrogation politique important. À savoir qu'il semble se positionner, en invitant les responsables à démissionner, contre Hassan Nasrallah, qui souligne son ferme attachement au maintien du gouvernement. En précisant même qu'il faut couper court de suite aux rumeurs ou spéculations sur un prochain départ du cabinet.

Des raisons
Mais pourquoi cette déviation, pour ne pas dire cette dérive, du chef du CPL ? Des sources du 14 Mars l'attribuent aux batailles qu'il livre présentement, non sans difficulté, à propos des dossiers suivants :
- L'arrestation du général Fayez Karam, sur laquelle il a des réserves, en évoquant le rôle de l'unité de renseignements qui serait, selon lui, illégale, voire illégitime. Le général Aoun relève, en outre, que l'on n'a pas pris connaissance de la déposition effectuée par le général Karam ni des informations qu'il a pu apporter. Quoi qu'il en soit, des efforts sont actuellement déployés, indiquent des sources fiables, pour mettre le dossier à l'abri de la médiatisation en vue de classer ensuite l'affaire discrètement.
- La répartition des rôles politiques. Le Hezbollah joue la détente et le soutien au gouvernement, tandis que Michel Aoun doit entretenir la tension et attaquer le pouvoir. Il rend ainsi doublement service au parti chiite car ce dernier montre une patte encore plus blanche, par contraste avec son allié, aux yeux des décideurs étrangers. Tout en gardant quelqu'un pour attaquer Saad Hariri, que le Hezbollah ne porte quand même pas dans son cœur.
- Le général Aoun doit, par conséquent, s'impliquer dans la polémique sur le désarmement de Beyrouth. Quoi que ressente la population, il ferraille aux côtés du Hezbollah, dont le potentiel se trouverait ciblé. En ajoutant que le but de la campagne de non-violence serait de faire de Beyrouth une ville ouverte aux vents.
- Les nominations. Michel Aoun a l'impression que ses suggestions concernant certains postes ne seront pas retenues. Ses demandes relatives au programme de l'administration non plus. Son gendre, le ministre Gebran Bassil, a exprimé ces doutes ou ces soupçons à ce sujet, lors de la dernière réunion du gouvernement. Il se peut, donc, que l'on cherche à torpiller le mécanisme convenu pour gommer le copartage.
Reste l'attaque contre le président Michel Sleiman. Selon les cadres cités, cette offensive se relie à une obsession connue du général Aoun, candidat infortuné à la présidence de la République. Il a manifesté indirectement son ulcération, pour ne pas dire sa frustration, pour les législatives ou les municipales de la région de Jbeil, plus particulièrement à Amchit, berceau du chef de l'État. Détail amusant : des loyalistes rappellent au chef du CPL qu'il s'en prend à quelqu'un qui n'a pas assez de prérogatives pour décider et à qui donc on ne peut pas reprocher de ne pas agir. Pour être conséquent avec lui-même et justifier ses attaques, Michel Aoun devrait batailler, avant toute chose, pour que la présidence de la République retrouve des pouvoirs plus consistants. Surtout qu'il se présente en champion incontournable de la communauté maronite, concluent ces loyalistes.
Le chef du gouvernement et le Hezbollah ont répondu favorablement aux appels d'apaisement lancés par Nabih Berry et Walid Joumblatt, ainsi qu'aux souhaits exprimés dans le même sens par la Syrie et l'Arabie saoudite, à l'occasion de la récente visite à Damas du prince Abdel Aziz, fils du roi Abdallah. Il a été demandé aux pôles libanais plus de réserve et de retenue dans leurs prestations médiatiques. Cela après les virulentes sorties de Hassan Nasrallah, qui a accusé Saad Hariri de retourner le couteau dans la plaie à Beyrouth. La réponse a été qu'un Hariri ne porte pas de couteau, mais s'arme du livre et du crayon. Donc, sur médiation syrienne, il y a eu un mouvement de rapprochement entre ces...
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