Le casting de « Post Mortem », un film qui raconte l’histoire du coup d’État contre Salvador Allende.
Le cinéaste Pablo Larrain s'est proposé avec Post Mortem de raconter « l'histoire du Chili durant le coup d'État militaire » à travers un homme ordinaire, Mario, 55 ans, qui travaille dans une morgue. Solitaire, amoureux en secret de sa voisine dont la famille est communiste, Mario se retrouve malgré lui emporté dans les soubresauts de l'histoire : les cadavres des opposants exécutés défilent sous ses yeux, et il doit prendre la défense de la femme de ses rêves. « L'idéal de Mario, à savoir conquérir l'amour impossible d'une femme, est aussi l'idéal d'une nation qui cherche à conquérir un modèle politique noble mais inatteignable, le socialisme », estime le réalisateur de 34 ans. Dialogues réduits à l'essentiel et longs plans fixes, Post Mortem ne se veut pas un documentaire, mais une autopsie aussi brutale qu'émouvante de cette tragédie politique.
Après l'Amérique latine, c'est l'Amérique du Nord et la mythique conquête de l'Ouest qui étaient au centre de Meek's Cutoff de Kelly Reichardt, un western sur l'épopée de trois familles qui partent en 1845 à bord de chariots à la recherche de « l'éden sur terre ». La survie du groupe est entre les mains de leur guide, Steven Meek, incarné par Bruce Greenwood. Peu à peu les colons, éprouvés par la soif et la faim, voient leur confiance en Meek ébranlée, surtout quand leur route croise celle d'un Indien, leur ennemi naturel. « Je suis une grande fan des westerns (Anthony Mann, Monte Hellman...) et je voulais en tourner un en déplaçant la caméra vers les femmes », a expliqué la réalisatrice qui se dit aussi « très influencée par Robert Bresson ». Cheminant lentement au milieu de paysages grandioses à couper le souffle, les destins des protagonistes sont confrontés à une nature à la fois superbe et hostile, qui oscille entre paradis et enfer. À noter au casting la présence de Michelle Williams, vue récemment dans Shutter Island de Martin Scorsese.
Autres temps, autres mœurs : Detective Dee and the Mystery of Phantom Flame de Tsui Hark recrée l'univers de la cour impériale chinoise en 690, à la veille de l'intronisation de la première femme à monter sur le trône. Une série de morts mystérieuses dans son entourage incitent cette dernière à demander l'aide de l'inspecteur Dee, sorte de cocktail oriental à mi-chemin entre Hercule Poirot et Jean-Claude Van Damme. Décors colossaux, costumes somptueux et une myriade de figurants font de ce film de cape et d'épée à la chinoise un excellent divertissement qui réussit à tenir en haleine le spectateur deux heures durant.
Samedi, les deux monstres sacrés du cinéma français, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, étaient les protagonistes de Potiche, une comédie jubilatoire signée François Ozon et accueillie par des éclats de rire et des applaudissements au Festival de Venise. Le film est adapté de la pièce de boulevard rendue célèbre par Jacqueline Maillan. Autre film entré en lice samedi, La Passion, de l'Italien Carlo Mazzacurati, qui propose selon ses propres mots une réflexion sur « l'angoisse de la création et les blocages qui en découlent », à travers les déboires d'un metteur en scène cinquantenaire. Un troisième film a été présenté en compétition : Ovsyanki, du Russe Alekseï Fedortchenko, est une fresque à la beauté étrange sur la mort et le deuil vécus dans une région isolée de la Russie.
Aujourd'hui, ce sera au tour d'Essential Killing, du Polonais Jerzy Skolimowsky, et au film-surprise de la sélection d'entrer dans la course au Lion d'or, qui sera décerné samedi soir.