Depuis, il s'était ressaisi, mais la crise des dettes publiques au printemps lui a fait connaître de nouveaux soubresauts et a provoqué paradoxalement une ruée vers les obligations des États les mieux notés de la zone euro. « On a toujours dit que les actions avaient de meilleurs rendements sur le long terme, force est de constater que cela n'a pas été le cas » entre 2000 et 2010, reconnaît Meyer Azogui, président de Cyrus Conseil. Selon lui, le marché des actions traverse une véritable « crise de confiance », dont témoigne a contrario l'engouement des investisseurs pour les obligations d'État, qui offrent pourtant des rendements très faibles. S'en tenir à la seule évolution du CAC 40 est toutefois trompeur : si l'on prend en compte les dividendes perçus par les actionnaires entre 2000 et 2010, la baisse de l'indice revient à 30 %, et non 48 %. En outre, tout « dépend du moment où vous entrez » sur le marché, rappelle Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier Aurel BGC.
Il n'empêche, dans le même temps, les prix de l'immobilier ont « presque doublé » en France, rappelle l'universitaire Michel Mouillart. « De ce point de vue-là, c'est un placement qui est intéressant et qui a surperformé le marché action », selon lui. En revanche, l'investisseur serait mal avisé aujourd'hui de préférer la pierre, qui est au plus haut, aux actions, qui sont au plus bas, estime M. Azogui. Le fait que le CAC ait atteint un niveau plancher constitue même un « signal d'achat », à condition d'avoir « du temps » et du « courage », ajoute l'expert. « Pourquoi prendre le risque bien réel d'investir dans un emprunt d'État qui rapporte environ 2 % ? » renchérit Michel Cicurel, président de la Compagnie financière Edmond de Rothschild, dans un entretien aux Échos d'hier.
L'absence d'alternatives convaincantes plaide en faveur du marché action, d'autant que les sociétés cotées se portent bien : les sociétés du CAC ont ainsi presque doublé leurs profits au premier semestre, tandis que les États, dont les obligations s'arrachent, croulent sous une dette toujours plus lourde. Encore faut-il sélectionner les valeurs gagnantes. « Il ne faut pas confondre l'indice CAC 40 et les actions qui le composent. Il y a des actions qui se portent très bien », souligne M. Cicurel, citant LVMH ou Essilor. D'autres sont moins performantes.
M. Azogui conseille pour sa part de privilégier les sociétés exportatrices ou présentes dans les pays émergents, puisque c'est cette partie du monde qui tire aujourd'hui la croissance mondiale.