Nous rejetons les tentatives de présenter les chiites comme des frondeurs, a affirmé Nabih Berry devant ses partisans. Photo Ismaïl Sabraoui
Le meeting d'Amal a eu lieu en présence d'une foule de partisans et de nombreuses personnalités politiques et religieuses. On notait notamment la présence, pour la première fois, de représentants des Forces libanaises, en la personne des députés Antoine Zahra et Farid Habib. Ont également assisté au meeting les ministres Akram Chehayeb, Mohammad Khalifé, Ali Abdallah, Ali Chami, Mohammad Fneich, Youssef Saadé (représentant le chef des Marada, Sleimane Frangié), le brigadier Abdel Rahman Chehaytelli, représentant le commandant de l'armée et le ministre de la Défense, l'ambassadeur d'Iran, le député Mohammed el-Jarrah, représentant le Courant du futur, le député Mohammad Raad, représentant le secrétaire général du Hezbollah, M. Taymour Joumblatt, représentant le leader du PSP Walid Joumblatt, M. Émile Rahmé, représentant le chef du CPL, le général Michel Aoun, ainsi que de nombreux autres députés.
Prenant la parole après un mot d'introduction d'un membre du bureau politique d'Amal, cheikh Hassan Masri, le chef du législatif a commencé par évoquer l'affaire de la disparition de l'imam Sadr et de ses deux compagnons, cheikh Mohammad Yaacoub et le journaliste Abbas Badreddine, soulignant dans ce cadre qu'il « ne saurait être question d'occulter cette affaire ou de tourner la page ou d'innocenter le régime libyen, même si ce dernier bénéficie d'une couverture internationale ». Affirmant que la culpabilité du colonel Kadhafi et du régime libyen dans cette affaire est évidente, M. Berry a exhorté le monde arabe à « faire preuve de courage, ne fut-ce qu'une seule fois, et de répondre à la question que nous soulevons depuis 32 ans, à savoir quand l'imam et ses compagnons seront libérés ».
Le leader d'Amal a réclamé en outre sur ce plan « le boycottage total de toutes les réunions internationales et arabes qui se tiendraient en Libye au niveau parlementaire, ministériel ou au sommet », de même qu'il a invité l'État à profiter de la présence du Liban au Conseil de sécurité afin d'examiner les moyens permettant de saisir les Nations unies de l'affaire de la disparition de l'imam Sadr. Rappelant que le juge d'instruction chargé de l'enquête avait incriminé le régime libyen, M. Berry a indiqué que la Cour de justice qui devrait se charger du procès a été formée.
Les dossiers de l'actualité
Le leader d'Amal a ensuite évoqué les principaux dossiers qui marquent actuellement l'actualité locale. Il a d'abord invité sur ce plan la Justice libanaise à mener ses investigations au sujet de « tous les faux témoins qui ont tenté de tromper l'enquête sur l'assassinat du président Rafic Hariri ».
Abordant la conjoncture politique présente, M. Berry a déclaré : « En nous basant sur la ligne de conduite de l'imam Sadr, nous tenons à affirmer que nous rejetons les tentatives visant à susciter la crainte du chiite au Liban et à présenter les chiites comme des frondeurs face au système. Nous refusons que leurs armes soient considérées comme une menace pour les autres communautés et pour le projet de l'État, ou qu'ils soient considérés comme une menace régionale qu'il faut juguler. Nous réaffirmons pour la énième fois, au nom de l'imam Moussa Sadr, que le projet de l'État constitue un intérêt chiite. C'est l'absence de l'État et le fait qu'il n'ait pas assumé son rôle qui ont fait que les chiites sont devenus déshérités dans leur pays. Nous avons accepté l'identité libanaise, mais lorsque nous nous sommes trouvés désarmés face à l'ennemi, nous avons pris l'initiative de former la résistance. Afin que nul ne dise que nous monopolisons le droit à la mort pour défendre la patrie, nous avons prôné une stratégie de défense prenant en considération l'armée et la résistance et nous avons mis l'accent sur l'équation armée-peuple-résistance ».
L'accord de Taëf
Et M. Berry d'ajouter : « On nous accuse aujourd'hui d'être contre Taëf et contre l'arabité. Permettez-moi d'affirmer que c'est nous qui sommes les garants de l'indépendance, de la souveraineté et de la liberté du Liban (...). La résistance est une nécessité libanaise. Si Israël était situé à la limite de la région du Akkar, la résistance aurait été akkariote, si Israël était situé à la limite du Kesrouan, la résistance aurait été kesrouanaise. De par notre position officielle et de par notre position en tant que responsable du mouvement Amal, nous affirmons que le Liban respecte ses engagements concernant l'application de la résolution 1701 et, à cette occasion, nous rendons hommage aux pays participant à la Finul, de même que nous mettons l'accent sur les relations humaines étroites entre les habitants et les forces de la Finul. »
Soulignant que certaines parties s'attendaient à une prise de position fracassante de sa part, M. Berry a déclaré : « Il n'y a rien de nouveau dans ce cadre. Après de longues épreuves, nous nous sommes entendus au Liban sur des questions fondamentales, à savoir la pérennité et l'arabité du Liban, les relations privilégiées avec la Syrie et les autres pays arabes, l'indépendance et la souveraineté du Liban, le rejet de la partition et de l'implantation, la libération du Liban par le biais de son armée, son peuple et sa résistance. Mais qu'en est-il du contrat social ? Nous avons pensé que c'était l'accord de Taëf et nous continuons à le penser. Il est devenu notre Constitution, pourquoi ne pas l'appliquer ? (...). Le pouvoir est appelé à prendre une seule et unique initiative, en l'occurrence l'application de la Constitution et de la loi. Il faut aller de l'avant dans la mise en application du contrat social qui s'appelle Taëf, ou bien chercher un autre contrat social qui, à notre avis, n'est pas accessible. D'où le fait que depuis les années 90, nous insistons pour la formation de la commission sur l'abolition du confessionnalisme politique. »
M. Berry a en outre annoncé que la pose de la première pierre du projet du Litani aura lieu dans les prochaines semaines, remerciant à ce sujet la contribution de l'émir du Koweït, Sabah el-Ahmad el-Sabah.
En conclusion, le leader d'Amal a abordé la conjoncture régionale, rendant hommage au régime et au peuple iraniens pour le lancement de sa station nucléaire et mettant en outre l'accent sur la nécessité de la formation d'un nouveau gouvernement irakien « afin d'empêcher le démembrement de l'Irak ».