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Liban - L’éclairage

Une trêve sacrée tachée de sang ; le divorce politique menace le pouvoir d’implosion

Avec les morts, les blessés, les destructions, l'incendie d'une mosquée à Beyrouth-Ouest, le mois du pardon et de la concorde tourne à la rancœur, à l'intolérance, pour ne pas dire à la haine. Comme c'est le politique qui prend toujours sur le pas, les Ahbache, cèdent le devant de la scène, du côté sunnite, au Courant du futur, face à la formation chiite du Hezbollah. Et, dans ce bras de fer, les directoires sont, cette fois, aussi engagés que les bases populaires, militantes ou pas. Ce qui n'est pas toujours le cas. En recevant le soutien entier de leurs alliés collatéraux, les loyalistes du 14 Mars pour le bloc Hariri, les prosyriens du 8 Mars pour le Hezbollah.
La fable de l'incident fortuit, individuel, n'est plus avancée que du bout des lèvres. Les habitants de Beyrouth-Ouest, ses forces actives, n'y croient pas un seul instant. Pour eux, en effet, on n'entreprend pas d'incendier un édifice sacré, on ne va pas jusqu'à une telle offense, un tel défi, comme cela, impulsivement, sans y avoir jamais songé, sans avoir fixé antérieurement ce que l'on ferait pour rééditer le 7 mai. On n'étend pas non plus, immédiatement, les tirs, de roquettes RPG ou de B7 autant que de mitrailleuses lourdes genre Douchka, à tous les quartiers intérieurs de Beyrouth-Ouest.
La population sunnite dans son ensemble, certains pôles opposants compris, mais aussi tous les Libanais loyalistes ou indépendants, se sont dressés pour exiger la démilitarisation, ou plutôt la démilicisation de Beyrouth, comme de toutes les localités du pays. Le désarmement, en somme.
Mais le mot même hérisse tout de suite le Hezbollah et ses bons amis. Ils vont jusqu'à reprocher au chef du gouvernement d'avoir effectué la tournée des lieux sinistrés, alors qu'il n'avait pas visité la banlieue sud après la guerre de juillet 2006. Pour eux, il jette ainsi de l'huile sur le feu. Bien entendu, comme en 2008, les cadres du Hezbollah affirment que la campagne pour la sécurisation de Beyrouth par le retrait des armes miliciennes vise la résistance. En complément, selon eux, du complot tramé à travers le tribunal international, qu'ils qualifient d'israélien. À cause, comme on sait, des bruits qui courent sur la mise en inculpation, dans l'acte d'accusation potentiel du procureur Bellemare, d'éléments du Hezb.

Responsabilités
Du côté des loyalistes, on réprouve bien évidemment les attaques lancées contre le président Saad Hariri. En soulignant qu'il ne serait pas dans son rôle s'il ne défendait pas l'État, n'appelait pas au rassemblement autour de la légalité. Et s'il ne condamnait pas inlassablement l'anarchie armée, unique source, finalement, de discorde et seule véritable menace pour la paix civile. Pour lui, comme sans doute pour le président de la République, la fameuse formule armée-peuple-résistance signifie que l'État passe en premier, en tant que gardien de l'unité nationale. Ils ajoutent qu'en se rendant sur place, le président du Conseil a voulu contrer les tentatives de certains d'inciter les habitants à des mouvements comme à des réactions de violence. Il leur a en effet tenu un discours soulignant que tous les Libanais, sunnites en tête, doivent se ranger aux côtés de l'État car c'est lui seul qui les protège, et non les milices. Il leur a promis que l'État allait redoubler d'efforts pour traiter leurs problèmes. Dans ses interventions d'iftars, le président Hariri ne cesse de répéter que la sécurité publique est du ressort des services de l'État, l'armée et les FSI notamment. En soulignant qu'une sécurité à l'amiable, cela ne peut tout simplement pas exister, car sans autorité le moindre incident met le feu aux poudres.
Mais cette défense de la légalité, les cadres du Hezbollah la dénoncent comme une nouvelle tentative de désarmer la résistance. Sans dire où la résistance peut se trouver à Beyrouth, sans répondre sur ce point au président Sélim Hoss, par exemple, ils affirment que Hariri apporte son concours à la campagne extérieure dirigée contre le Hezbollah. Ils refusent de nouveau de dégager la ville de leur présence milicienne armée.
Et ils font montre ainsi d'une mémoire bien courte. Car le principe d'une capitale sans armement lourd ou moyen a été réclamé par les députés et la société civile depuis le fameux arrangement, sous égide internationale, intervenu en avril 1996, à la suite du massacre de Cana perpétré par les forces israéliennes, qui avaient bombardé un casernement, auprès de l'ONU, de réfugiés civils. Le président Rafic Hariri avait proclamé à l'époque que les armes de la résistance seraient prohibées dans les agglomérations, qui ne devraient jamais être prises pour des champs de bataille.
Ce qui est valable pour les localités proches de la frontière l'est encore bien plus pour les concentrations de l'intérieur. Les cadres du Courant du futur soulignent qu'un armement urbain moyen, ou même de poing, rend difficile le contrôle effectif de la sécurité, qui devient alors à l'amiable, donc des plus précaires. Alors qu'elle ne peut être vraiment tenue qu'à l'ombre du règne de la loi, assuré par la police au sens général du terme. C'est-à-dire, dans le système libanais, par l'armée autant que par les FSI.
Le ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud, déclare pour sa part qu'il s'agit maintenant de tirer la leçon de ce qui s'est produit. Pour organiser et contrôler l'armement dans la capitale, ou ailleurs. Car le potentiel qui a été utilisé n'est, de fait, pas couvert par des permis en règle. Il faut donc des mécanismes pour traiter la question, surtout après la revendication d'une ville désarmée. Afin que, comme l'a dit le président Michel Sleiman, les incidents ne se reproduisent pas. Partant de là, conclut le ministre, il nous faut œuvrer, avec le concours des pôles politiques, à travers un plan déterminé, pour traduire en réalité les propos du chef de l'État, approuvés par le président du Conseil.
Avec les morts, les blessés, les destructions, l'incendie d'une mosquée à Beyrouth-Ouest, le mois du pardon et de la concorde tourne à la rancœur, à l'intolérance, pour ne pas dire à la haine. Comme c'est le politique qui prend toujours sur le pas, les Ahbache, cèdent le devant de la scène, du côté sunnite, au Courant du futur, face à la formation chiite du Hezbollah. Et, dans ce bras de fer, les directoires sont, cette fois, aussi engagés que les bases populaires, militantes ou pas. Ce qui n'est pas toujours le cas. En recevant le soutien entier de leurs alliés collatéraux, les loyalistes du 14 Mars pour le bloc Hariri, les prosyriens du 8 Mars pour le Hezbollah.La fable de l'incident fortuit, individuel, n'est plus...
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