Si un accord n'est pas possible entre formations francophones et néerlandophones, « les partis qui refusent un compromis équilibré vont plonger notre pays dans l'aventure, voire le chaos politique », a averti hier le Premier ministre pressenti, le socialiste francophone Elio Di Rupo. Sa mise en garde s'adressait aux deux principaux partis de Flandre, la Nouvelle Alliance flamande (N-VA), le parti indépendantiste qui a remporté les dernières élections législatives en juin dans la partie néerlandophone du royaume, et les chrétiens-démocrates flamands du CD&V. Ces deux formations ont refusé au cours du week-end une proposition de compromis sur l'avenir institutionnel et financier du pays, servant de fondement à la constitution d'un gouvernement entre les deux grandes communautés nationales. L'offre verrait la région de Bruxelles, majoritairement francophone et lourdement déficitaire, bénéficier de transferts financiers supplémentaires de l'État fédéral, à hauteur de 500 millions d'euros par an. En échange, les francophones renonceraient à des droits linguistiques spécifiques dans la périphérie flamande de la capitale - sauf dans six communes où ils sont majoritaires - et accepteraient, plus généralement, un transfert accru de compétences de l'État fédéral vers les régions.
Mais les deux grands partis flamands refusent de signer « un chèque en blanc » en faveur de Bruxelles.
M. Di Rupo, dont le parti avait remporté les élections en Wallonie francophone, a émis l'espoir hier « que la raison finirait par l'emporter ». Il a également souligné qu'il était urgent de doter le pays d'un gouvernement et d'assainir les comptes publics du pays. « C'est une obligation morale si l'on ne veut pas laisser le pays aux mains des spéculateurs, j'espère que tout le monde en est conscient », a-t-il lancé, en agitant le spectre d'une crise financière telle que celle qu'a connue la Grèce.
Engagés d'abord par le président de la N-VA Bart De Wever, puis à partir de juillet par Elio Di Rupo, les pourparlers entre sept partis - trois flamands et quatre francophones - ont enregistré des avancées dans le sens souhaité par les partis flamands, qui réclament plus d'autonomie au minimum. Mais les partis flamands « n'auront rien si les négociations échouent, alors qu'ils ont promis une grande réforme de l'État à leurs électeurs », a relevé hier le politologue Jean Faniel.