En marge du programme officiel, Kadhafi a donné dimanche soir puis hier après-midi deux leçons sur l’islam à 500 puis 200 jeunes femmes, sélectionnées par une agence d’hôtesses et rémunérées à hauteur de 80 euros. Filippo Monteforte/AFP
Venu célébrer avec son ami Silvio Berlusconi le deuxième anniversaire du traité d'amitié du 30 août 2008, qui a mis fin au contentieux sur la période coloniale, Kadhafi a donné dimanche soir puis lundi après-midi deux leçons sur l'islam respectivement à 500 puis 200 femmes, sélectionnées par une agence d'hôtesses et rémunérées à hauteur de 80 euros. « L'Europe doit se convertir à l'islam », a prêché le colonel Kadhafi, selon des membres de son auditoire de dimanche soir, soulevant une large polémique. Hier, selon l'une des participantes, Kadhafi a récidivé affirmant que « les femmes sont plus respectées en Libye qu'en Occident » et invitant l'assistance à épouser des hommes libyens. « L'islam est la dernière religion et si l'on doit avoir une seule foi cela doit être la foi en Mahomet », a-t-il indiqué, selon la participante.
La présidente du Centre italien féminin, Maria Pia Campanile, a critiqué cette « rencontre entre le dictateur-sultan libyen Kadhafi et un groupe consistant de jeunes filles recrutées à condition d'être jeunes, belles et de se taire ». Mario Borghezio, membre du parti populiste de la Ligue du Nord (majorité au pouvoir), s'est inquiété quant à lui d'un « projet dangereux d'islamisation de l'Europe » invitant à se méfier de Kadhafi et de sa « philosophie de marchand de tapis », dans une allusion aux gros contrats à la clé de sa visite en Italie. En signe de protestation, le parti d'opposition Italie des valeurs a dressé une « tente de la légalité » devant l'ambassade de Libye, affirmant vouloir décerner une « laurea hororis causa » à Kadhafi pour le manque de liberté et les atteintes aux droits de l'homme dans son pays. Avec ses déclarations sur l'islam, « l'objectif de Kadhafi est de faire croire qu'en Occident, il n'y a pas de dignité, que l'Europe ne croit qu'à l'argent », a dénoncé Rocco Buttiglione, président du Parti chrétien-démocrate UDC (opposition).
La presse a évoqué l'achat d'armement italien par la Libye qui a déjà récemment accru sa présence au capital de la banque italienne Unicredit. Pour l'Italie, le traité d'amitié prévoit 5 milliards de dollars d'investissements en compensation de la colonisation, dont une autoroute de 1 700 km en Libye. Et le groupe Eni a prévu d'investir 25 milliards d'euros en Libye, décrite par son patron Paolo Scaroni comme la « pupille de ses yeux ».
À la nuit tombée, Berlusconi a offert à Kadhafi l'iftar, en présence de 800 invités, après une parade équestre à laquelle ont participé 30 pur-sang berbères et leurs cavaliers.