Mirene Arsanios, artiste polymorphe et (nouvellement) éditrice.
Sous l'optimiste intitulé How to make (nice) things happen (comment réaliser de belles choses), ce numéro zéro se propose de raconter au lecteur la genèse de quelques projets artistiques ayant fait leurs preuves à Beyrouth.
Dans ce petit cahier en noir et blanc d'une soixantaine de pages, Arsanios explore donc le comment du pourquoi des débuts d'un projet. Comment naît un évènement ? Comment les artistes et les promoteurs s'organisent et décident de passer à l'acte de création ? Qu'est-ce qui fait que quelque chose se passe à un moment donné ? Comment se passe la transition de l'idée à l'action ? Autant de questions auxquelles les articles de ce numéro tentent de répondre d'une manière plus ou moins directe.
« Il ne s'agit nullement d'un aperçu historique rigoureux, insiste Mirène Arsanios. C'est plutôt une juxtaposition d'exemples qui sont assez proches de moi. »
« Et comme je travaille avec 98 Weeks, c'est une manière de me positionner par rapport à ce que cette association a réalisé jusque-là. »
L'enseignante à l'American University of Beirut entame ainsi son éditorial : « Beyrouth est la ville. Bonnes sont les intentions. Et peu nombreux sont les acteurs. Ces derniers possèdent une rhétorique commune. Et lorsqu'ils s'expriment, il semble qu'ils parlent de choses cruciales... »
Le premier chapitre donne la parole à Wadih Safieddine et Karine Wehbé qui racontent la naissance de l'espace SD.
Ensuite, c'est le fameux projet « Sanayeh », marquant les débuts de Ashkal Alwane, qui est raconté par Christine Tohmé, Marwan Rachmaoui et Rania Tabbara dans des extraits retranscrits d'une interview accordée à la Future TV en 1995.
Le légendaire Dar el-Fan, cet espace culturel multiactivités fondé et dirigé par Janine Rubeiz, occupe une place de choix dans la publication avec une traduction en anglais des Mémoires de Janine Rubeiz.
Un texte de Farès Chalabi décrit ensuite Descartes comme étant « le premier idiot ».
Puis Mirène Arsanios explore les paradoxes des relations au travail.
Au chapitre suivant, des morceaux choisis d'un débat ayant eu lieu au « 98-Week Project Space » autour de la théorie de l'auto-organisation avec les collectifs artistiques « Reloading Images » , « Samandal », « Maison de Sanayeh » et « Jadmur ».
Siska présente ensuite « un projet péripatétique de cinéma ».
Puis la jeune et nouvelle éditrice s'émerveille, dans un papier intitulé « How to develop a winning economy, du sens du recyclage des objets et des performances dont fait preuve Moustafa Yamout de Zico House.
Conclusion, avec une conversation fictive non dénuée d'humour et de dérision, entre les différentes personnes citées dans cette publication.
La suite, alors, après ce numéro zéro ? Mirène Arsanios voudrait bien partir sur sa lancée. « Les futurs numéros n'ont pas d'échéance régulière. Ils s'articuleraient chaque fois autour d'un projet ou d'une question. Le format pourrait être différent aussi. Il s'adapterait à chaque fois au thème du numéro. » « Si cette publication était entièrement en anglais, les prochaines pourraient être multilingues », ajoute la jeune artiste.
Mirène Arsanios aimerait aussi que la publication garde « un pendant historique ». « Explorer ce qui s'est passé avant et actualiser les faits en leur donnant une direction vers l'avenir », explique-t-elle.
Cette ligne éditoriale ressemble un peu à la manière d'opérer de « 98 Weeks », qui se base sur des recherches historiques pour explorer les expressions artistiques.
*Disponible au Beirut Art Center, chez Papercup et sur le site de ArteEst.