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I -Les ressources énergétiques au large des côtes libanaises : l’État confronté à des enjeux juridiques complexes

Syrie : frontières terrestres non démarquées

Avec la Syrie, le problème des frontières maritimes se pose de manière très particulière. En effet, les frontières terrestres entre le Liban et la Syrie, à l'est et au nord, n'ont jamais été délimitées ou démarquées, sous divers prétextes. Comment cela va-t-il affecter les perspectives de démarcation maritime ?
 « Ce que peu de gens savent, c'est que la démarcation prend énormément de temps, étant donné la longueur des frontières entre les deux pays, souligne l'avocat  Hady Rached. Même si elle est entamée demain, elle ne sera pas terminée avant vingt ou trente ans parce qu'elle requiert un travail fastidieux sur le terrain. À mon avis, la démarcation des frontières maritimes serait bien plus facile parce que au Nord, la frontière naturelle entre les deux pays est le fleuve de Nahr el-Kabir, au niveau duquel la ligne de démarcation maritime prend son point de départ. »
La démarcation des frontières nord se fera-t-elle facilement et éloignera-t-elle le spectre des conflits et de potentielles convoitises sur les richesses libanaises ? Le chercheur Nabil Khalifé pense que non, en s'appuyant sur certaines observations.  « Les Syriens tirent régulièrement sur les pêcheurs qui tentent d'exercer leur activité dans la baie du Akkar, en territoire libanais, fait-il remarquer. C'est, d'après moi, parce qu'ils savent qu'à ce niveau se trouve l'une des plus grandes nappes de pétrole en Méditerranée. À la lumière de cette donne, on peut faire une nouvelle lecture de la bataille du camp de Nahr el-Bared (entre l'armée libanaise et un groupe islamiste) en 2007. À mon avis, ce n'est pas le camp palestinien qui était en question. Il s'agissait en réalité d'une base maritime syrienne proche de la côte. Si les gens de Chaker el-Absi (chef de Fateh-el-Islam à l'époque) n'avaient pas franchi le point de non-retour en massacrant des soldats à Tripoli sans avoir été attaqués par eux, ils seraient toujours dans le camp aujourd'hui. Or par leur crime, ils ont placé l'armée libanaise dans l'impossibilité de ne pas riposter pour sauver son honneur. La Syrie était très dépitée à l'époque, car on l'avait privée d'une position stratégique, et sa relation avec la présidence de la République libanaise et avec le commandement de l'armée s'en était ressentie. D'ailleurs, souvenons-nous, elle avait, à cette époque, massé ses troupes aux frontières nord. »
Tout cela s'explique, selon le chercheur, par ce qu'il appelle « la représentation géopolitique syrienne concernant le Liban ». « La Syrie continue de penser que le Liban fait partie d'elle, et que la création d'un Liban indépendant est une erreur historique, dit-il. Cela explique tout son comportement vis-à-vis de ce pays, et cet état de fait ne va pas s'arranger avec la présence du pétrole. »
Avec la Syrie, le problème des frontières maritimes se pose de manière très particulière. En effet, les frontières terrestres entre le Liban et la Syrie, à l'est et au nord, n'ont jamais été délimitées ou démarquées, sous divers prétextes. Comment cela va-t-il affecter les perspectives de démarcation maritime ?  « Ce que peu de gens savent, c'est que la démarcation prend énormément de temps, étant donné la longueur des frontières entre les deux pays, souligne l'avocat  Hady Rached. Même si elle est entamée demain, elle ne sera pas terminée avant vingt ou trente ans parce qu'elle requiert un travail fastidieux sur le terrain. À mon avis, la...