Un photomontage montrant La Nouvelle-Orléans juste après le passage de Katrina et aujourd’hui, cinq ans plus tard. Toutefois, la reconstruction n’est toujours pas terminée et beaucoup de personnes manquent de tout et sont obligées de refaire leur vie ailleurs. Photos Getty Images/AFP
De nombreuses personnes, qui ont fui La Nouvelle-Orléans après avoir tout perdu, racontent des histoires similaires : le fort désir de revenir dans une ville qui leur est chère, bien que les souvenirs qu'ils y ont laissés ne collent pas forcément à la réalité sur place, et la difficulté de s'y réinstaller.
« Pour de nombreuses personnes, les possibilités de revenir étaient vraiment limitées », explique Marla Nelson, qui enseigne l'urbanisme à l'université de La Nouvelle-Orléans, évoquant le manque de logements, d'écoles ou encore les carences du système de santé. « Ceux qui n'avaient pas cela ne pouvaient pas revenir », souligne-t-elle.
Shedrick Ellis Jr., 59 ans, est retourné dans la cité célèbre dans le monde entier pour son jazz et sa nonchalance, 11 mois après le désastre, pour retrouver une ville encore en plein chaos. Après avoir fui, il a rapidement trouvé du travail à l'hôpital de Houston et, quelques années plus tard, lui et sa femme ont même pu, avec l'aide de l'organisation internationale Habitat for Humanity, y devenir pour la première fois propriétaires de leur logement. Estella Lewis, 47 ans, espérait elle aussi pouvoir un jour revenir dans la métropole de Louisiane, mais l'immeuble où elle a habité pendant plus de 13 ans n'existe plus. « Je ne pouvais même pas dire : c'est là que j'habitais », se plaint-elle. Même si à Houston les fins de mois sont difficiles, retourner à La Nouvelle-Orléans n'était pas envisageable. « Ce n'est tout simplement plus comme c'était avant », dit-elle. David John DeCuir, 56 ans, qui a vécu pendant plus de 30 ans à La Nouvelle-Orléans, explique qu'une des raisons pour lesquelles il n'a pas voulu y revenir c'est parce qu'il considère que Houston est un lieu bien plus sûr pour ses petits-enfants. Mais comme beaucoup d'autres dans son cas, la ville sinistrée garde une place à part dans son cœur : « Ne vous méprenez pas, j'aime La Nouvelle-Orléans et lorsque je mourrai c'est là que je veux être enterré. »