- Quel est le rôle exact de ce potentiel ? De la réponse dépendent sa composition et sa source d'origine. S'il s'agit de défendre le pays contre une agression extérieure, il appartiendrait au commandement de déterminer le genre et le volume de l'arsenal nécessaire. Suffirait-il d'acquérir une batterie consistante de missiles sol-air, pour contrer les raids aériens ? Douteux, car quels que soient les moyens de défense mis en place, le Liban, pas plus qu'aucune puissance arabe, ne peut gommer la suprématie aérienne d'Israël.
- S'agit-il, outre la défense des frontières, d'assurer l'ordre à l'intérieur, pour prévenir un nouveau 7 Mai, et avant, les heurts de Chiyah comme de Mar Mikhaïl, puis tout récemment, le clash de Bourj Abi Haïdar, qui s'est étendu à bien d'autres quartiers, semant la terreur parmi la population qui a gagné les abris ? Il faudrait alors doter l'armée, et les FSI, d'un armement et d'un équipement antiémeutes spécifique adapté aux combats de rue, pour qu'elles puissent contrer les milices, partisanes ou sectaires.
- N'est-il pas temps d'appliquer le contrat de vider la capitale de tout armement lourd et moyen, en contrôlant étroitement l'octroi de permis de port d'armes de poing individuelles. Une règle qui devrait s'étendre à toutes les agglomérations situées hors des régions frontalières du Sud et de la Békaa. Où, d'ailleurs, tout armement qui ne serait pas de résistance effective devrait être saisi.
- Sans compter que l'arsenal de la résistance doit être vraiment, et enfin, mis à la disposition de l'armée, comme le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, s'y est engagé après l'affaire de Adaïssé. Étant entendu que l'armée obéit aux ordres, et aux directives, de l'autorité politique et décide s'il lui faut ou non faire appel au concours de la résistance, selon les circonstances. Tant que le parti qui porte des armes les utilise à son gré, il continue à s'arroger le droit abusif, et c'est là un euphémisme, de mettre en péril non seulement l'armée et le gouvernement mais le pays tout entier. Comme on l'a vu lors de la guerre de juillet 2006. C'est à l'État qu'il revient de décider s'il faut ou non qu'il y ait confrontation avec Israël. La Syrie, exemple à suivre, s'en est abstenue quand elle a subi des raids aériens israéliens bombardant en profondeur son territoire.
Ce qui est étonnant c'est qu'aujourd'hui encore le débat sur le problème vital, ou mortel au choix, de l'armement milicien reste bloqué, voire interdit. Le comité du dialogue national ne cesse de le reporter. Alors que même le 14 Mars accepte désormais que le Hezbollah ne soit pas purement et simplement désarmé, comme il l'exigeait auparavant, qu'il garde son potentiel, pour résister, mais sous contrôle de l'armée. Et alors que, comme relevé plus haut, sayyed Hassan Nasrallah affirme dorénavant que son arsenal est à la disposition de Yarzé. Sans que l'on sache, à vrai dire, si cela signifie qu'il admet de ne plus en user à sa guise, ce qui semble quand même douteux, ou que, plus vraisemblablement, qu'il offre de le prêter, en quelque sorte, si on le lui demande. Quoi qu'il en soit, il est clair, après les événements de Beyrouth, qu'il faut à tout le moins déterminer les régions où l'armement du Hezbollah, ou d'autres, est permis, au titre de la résistance face à Israël. Partant de là, il faut des garanties que l'armement ne soit plus tourné vers l'intérieur.
Le président Michel Sleiman propose que l'armement de la résistance soit utilisé quand l'armée le requiert, qu'elle estime en avoir besoin. Des responsables estiment que l'équation « armée-peuple-résistance » doit être comprise non pas comme un partenariat d'association entre ces trois facteurs mais comme une union étroite. Chaque élément doit être pris en compte, sur base d'une coopération équilibrée. À l'image de ce que la Constitution commande en ce qui concerne les trois pouvoirs institutionnels, le législatif, l'exécutif et le judiciaire qui, tout en étant séparés, sont tenus de coordonner leur action.
Cela étant, le moindre des réalismes voudrait qu'en cas d'attaque israélienne ou américaine contre l'Iran, le Hezbollah ne garde pas ses missiles dans les dépôts. Et ne songe plus guère à les mettre à la disposition de l'État ou de l'armée.