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Moyen Orient et Monde - Télévision

« Tach ma tach » dans le collimateur des conservateurs saoudiens

Des religieux saoudiens ont lancé une campagne contre « Tach ma tach », une célèbre série satirique saoudienne, estimant qu’elle « porte atteinte à la religion ».

Corruption, polygamie, rapport entre islam et christianisme... tout passe dans la série. Amer Hilabi/AFP

Tach ma tach, une série satirique saoudienne diffusée pendant le ramadan, se taille chaque année la part du lion dans l'audimat, mais fait grincer les dents des conservateurs et des religieux. La série, que l'on pourrait traduire par « quitte ou double », en est à sa 17e année de diffusion. Elle est retransmise à l'heure de grande écoute de l'iftar, le repas quotidien de rupture du jeûne, sur la chaîne à capitaux saoudiens MBC basée à Dubaï.
Parmi les tabou abordés : la polygamie répandue en Arabie et mise en scène dans le feuilleton sous les traits d'une femme polyandre. Puisque les hommes peuvent avoir quatre épouses, ce personnage féminin a pris quatre époux, arguant que le premier « ne soigne plus son apparence et se laisse aller ». Pour le quatrième, elle a choisi un Syrien, « pour changer, après trois maris Saoudiens », reprenant ainsi les arguments souvent invoqués par les hommes pour multiplier les mariages.
« Nous avons voulu inverser l'image pour montrer les souffrances des femmes dont les maris prennent plusieurs épouses sans raison valable », a expliqué l'un des deux comédiens vedettes, Abdallah al-Sadhane, cité par le quotidien Okaz. Sadhane forme avec Nasser al-Qassabi un duo tantôt naïf, tantôt espiègle, et toujours drôle, autour duquel s'articule chaque épisode. Tout y passe : lourdeur de l'administration, pouvoir tribal, corruption et autres maux de la société saoudienne.
Le public adhère. « Cet épisode est excellent. Il a su, dans un style léger et comique, traduire les sentiments des femmes dans de tels mariages », estime Mohammad Hussein, un étudiant de 22 ans, à propos de la femme aux quatre époux. Turki al-Salem, un universitaire de 25 ans, considère que « cela incite au moins les polygames à être équitables envers leurs épouses ».
Mais les religieux n'apprécient guère et l'un d'eux, cheikh Mohammad al-Dreihi, a demandé tout simplement l'arrêt de la série. « Comment une femme peut-elle épouser quatre hommes à la fois ? Il faut arrêter immédiatement cette émission », s'est-il indigné sur le site web al-Wiam.
Un autre épisode, Mon oncle Boutros, raconte comment deux jeunes Saoudiens découvrent, à la faveur d'un voyage au Liban, que leur mère libanaise est une chrétienne convertie à l'islam et font la connaissance de sa famille. De longues discussions avec leur oncle parviennent à les convaincre que les religions monothéistes sont semblables dans leur message.
L'Arabie saoudite, qui abrite les deux premiers lieux saints de l'islam, interdit la pratique de toute autre religion sur son sol. L'influent prédicateur Salmane al-Audah proteste contre cet épisode de la série : il est « erroné de considérer qu'il n'y a que des différences mineures entre les religions », estime-t-il, affirmant la primauté de l'islam, « la dernière religion révélée ».
« Il est vrai que nous nous sommes attaqués au tabou de la religion, mais en critiquant le comportement des individus et non les préceptes religieux », s'est défendu Nasser al-Qassabi au cours d'un talk-show. « Tach ma tach a un impact sur la société (...) c'est pourquoi le courant conservateur a lancé une campagne contre nous dans les mosquées », a-t-il dit.
L'émission n'en est pas à ses premières difficultés, et ses acteurs ont même reçu des menaces de mort par le passé. Le comité des grands ulémas avait même interdit en 2000 aux téléspectateurs de suivre la série, estimant qu'elle « porte atteinte à la religion et tourne en dérision les coutumes » saoudiennes. Mais vu le nombre d'annonceurs publicitaires qui sponsorisent l'émission en se basant sur l'audimat, Tach ma tach n'en reste pas moins populaire.
Tach ma tach, une série satirique saoudienne diffusée pendant le ramadan, se taille chaque année la part du lion dans l'audimat, mais fait grincer les dents des conservateurs et des religieux. La série, que l'on pourrait traduire par « quitte ou double », en est à sa 17e année de diffusion. Elle est retransmise à l'heure de grande écoute de l'iftar, le repas quotidien de rupture du jeûne, sur la chaîne à capitaux saoudiens MBC basée à Dubaï.Parmi les tabou abordés : la polygamie répandue en Arabie et mise en scène dans le feuilleton sous les traits d'une femme polyandre. Puisque les hommes peuvent avoir quatre épouses, ce personnage féminin a pris quatre époux, arguant que le...
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