Explosion de colère dans le quartier de Silouan, à Jérusalem-Est, où des Palestiniens ont mis le feu à plusieurs véhicules pour protester contre un groupe de colons qui s’approchaient d’une mosquée. Ammar Awad/Reuters
En Israël, la question de la colonisation divise la classe politique. Des ministres ont manifesté à nouveau hier leurs divergences sur une prolongation du moratoire, les représentants du Parti travailliste se prononçant pour, alors que des ministres de l'aile la plus à droite du gouvernement s'y opposaient. « Vu la très grande importance que revêt la relance des négociations directes, il faut faire un effort significatif pour qu'elles réussissent », a déclaré à la radio le ministre travailliste des Affaires sociales Yitzhak Herzog. Dans ce but, il a estimé nécessaire de « limiter la construction aux blocs d'implantation », mais s'est déclaré favorable à la stopper là aussi si cela s'avérait indispensable au succès des pourparlers.
En revanche, le ministre de l'Information Youli Edelstein, du Likoud, a estimé qu'Israël « devait construire partout en Judée Samarie (Cisjordanie) ».
Les représentants des colons ont pour leur part lancé une campagne pour la relance totale de la colonisation.
Hier, des médias israéliens ont affirmé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu envisage un « minigel » de la colonisation après le 26 septembre, limité aux implantations isolées. L'idée est de prolonger le moratoire concernant la construction dans les colonies isolées, « sans l'annoncer publiquement », selon le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot. En revanche, le gouvernement donnerait son feu vert aux constructions dans les blocs de colonies, qu'Israël compte annexer à terme.
Selon le quotidien, le Premier ministre a eu ces derniers jours des contacts à ce sujet avec six autres ministres, dans le cadre du « comité des sept » principaux ministres du gouvernement.
Le porte-parole du Premier ministre, Mark Regev, interrogé par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire, indiquant que le chef du gouvernement « ne souhaitait pas réagir » à ces informations. M. Netanyahu avait estimé dimanche qu'« un accord de paix avec les Palestiniens était difficile mais possible », alors que l'aile ultra de son gouvernement était beucoup plus sceptique.
La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a annoncé le 20 août la reprise le 2 septembre à Washington des négociations directes israélo-palestiniennes afin d'aboutir à un accord d'ici à un an.
Parallèlement, sur le terrain, les tensions entre Palestiniens et Israéliens se sont accentuées hier à Jérusalem-Est. À une semaine de la reprise annoncée des négociations de paix directes, il y a eu une explosion de colère dans le quartier de Silouan. Des Palestiniens ont mis le feu à une demi-douzaine de véhicules hier matin et lancé des pierres et des cocktails Molotov en direction de policiers israéliens, pour protester contre un groupe de colons qui s'était approché d'une mosquée. Selon des habitants du quartier, des colons ont tenté d'atteindre une source que les Juifs orthodoxes considèrent comme un site biblique, en traversant la cour d'une mosquée. Des Palestiniens sont alors descendus dans les rues et ont violemment manifesté, lançant des pierres et des bombes incendiaires contre les forces de l'ordre et des véhicules. Six voitures ont pris feu.