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Culture - Création

Les fenêtres de l’âme de Rana Raouda

Rana Raouda a mis de la couleur aux mots du poète Michel Dunand en créant une série de livres d'artistes (« Libans » et « Météores »). Sur un papier fait main, véritable peau vivante et respirant de tous ses pores, les racines prennent soudain des ailes.

Rana Raouda présentant son livre d’artistes dans son atelier. (Michel Sayegh)

Dans son atelier de Aïn Mreisseh, il y a des couleurs, de la luminosité et surtout un trop-plein d'amour. C'est par l'intermédiaire de Zahi Haddad (Z Link) que la rencontre s'est faite avec Rana Raouda qui effectue, depuis quelque temps, la navette entre le Liban et la France. Ses toiles grand format vous en mettent plein la vue. Les teintes chatoyantes, rougeâtres, chaudes, bleu nuit, électriques, mais aussi ce blanc transparent, évanescent parlent d'amour et évoquent des joies immenses, des tristesses enfouies et des défis relevés. Expressionnistes, ces camaïeux de tonalités représentent des êtres, des rythmes, des strates de vie. « Certains artistes s'expriment en traits, en lignes, en figures. Quant à moi, mon vocabulaire se résume en couleurs et harmonies », dit-elle, simplement.
Sur la grande table de travail, les livres sont posés. C'est avec beaucoup de délicatesse, presque religieusement, qu'il faudra les feuilleter, les effleurer et y pénétrer.
Comment a commencé cette aventure à deux et même à trois ? s'interroge-t-on. Rana Raouda, qui, malgré ses voyages et ses pérégrinations, a constamment le Liban au cœur, raconte : « Il y a quatre ans, je m'établissais à Annecy et je rencontrais le poète Michel Dunand qui y anime, avec ferveur, la "Maison de la poésie". Étant venu au Liban, il avait écrit certains poèmes sur le pays. Il me propose alors de faire ce livre d'artistes à deux. Ce qui m'a séduit dans ce projet, c'est de travailler sans règles ni contraintes, poursuit-elle. La seule exigence de ma part était le support. Il me fallait un papier fait main. » Une texture qui a une histoire et une mémoire collective.
C'est après de multiples recherches que l'artiste-peintre tombe sur l'adresse d'un artisan papetier belge, Pascal Jeanjean. « Cette première étape franchie, souligne Raouda, il fallait se mettre à l'œuvre. »

Des mots et des couleurs
De cette belle expérience à deux vont naître deux recueils de poésies écrits par Dunand, avec une peinture réalisée par Raouda pour chaque texte, dissimulée sous papier intercalaire transparent. Le premier recueil s'intitule Libans (car, pour ce poète sensible, il n'y a pas un seul pays du Cèdre, mais plusieurs en un) et l'autre Météores. Libans comporte cinq poèmes et six peintures, tandis que Météores - hommage à des poètes disparus trop tôt comme Baudelaire, Pavese, Saint-Exupéry et Gibran Khalil Gibran - comprend douze textes et treize peintures. Ces recueils sont-ils un préambule à une large exposition à Annecy ou à une autre série ?
« Sur ce format carré et à travers l'opacité et la translucidité qui s'interposent, se mélangent et se superposent, la vie n'est pas un seul plan, dit Rana Raouda, mais des bagages et des étapes. Et si ce travail s'est accompli maintenant, c'est que moi-même j'y étais préparée. » D'autres pourront certainement suivre.
« Entre à ton tour, prends possession de la montagne, entre en toi », écrit le poète. Plus loin encore : « Se faire oreille, œil, peau, fleur et fruit. Lire avec le corps. On lit ainsi dans la langue originelle. On reçoit alors l'esprit. »
L'âme du poète, cette âme d'enfant, a aujourd'hui une alliée, la couleur, une couleur apprivoisée que Rana Raouda s'est faite sienne et qui décline en plusieurs teintes, mais sous une seule forme, celle de l'amour.
« Cet amour et cette beauté qui nous ont été interdits durant la guerre et auxquels je m'accrochais, dit l'artiste, je les ai propulsés en un seul jet sur papier et les ai mariés à la poésie épurée de Dunand. »
Mots et couleurs deviennent ainsi des fenêtres de l'âme par où la lumière pénètre en abondance.
Dans son atelier de Aïn Mreisseh, il y a des couleurs, de la luminosité et surtout un trop-plein d'amour. C'est par l'intermédiaire de Zahi Haddad (Z Link) que la rencontre s'est faite avec Rana Raouda qui effectue, depuis quelque temps, la navette entre le Liban et la France. Ses toiles grand format vous en mettent plein la vue. Les teintes chatoyantes, rougeâtres, chaudes, bleu nuit, électriques, mais aussi ce blanc transparent, évanescent parlent d'amour et évoquent des joies immenses, des tristesses enfouies et des défis relevés. Expressionnistes, ces camaïeux de tonalités représentent des êtres, des rythmes, des strates de vie. « Certains artistes s'expriment en traits, en lignes, en figures. Quant à moi, mon vocabulaire se...
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