Les eaux ont commencé à refluer dans le nord et le centre du pays, régions les plus affectées au début de la catastrophe, mais les pluies torrentielles de mousson qui persistent dans le sud ont gonflé récemment l'Indus jusqu'à des niveaux critiques près de son embouchure, forçant ces derniers jours des millions de personnes à fuir de nouvelles inondations dans la province méridionale du Sind.
"Nous avons demandé aux habitants de Sujawal, Mirpur Bathoro et Daro de quitter ces trois villes pour des zones sûres en raison de possibles inondations", a déclaré par téléphone à l'AFP Hadi Bakhsh Kalhoro, responsable administratif du district de Thatta, à une centaine de km au nord des côtes de la mer d'Oman.
Ces trois villes ont une population totale estimée à 400.000 âmes selon lui.
Mardi, les autorités avaient prévenu que les trois jours à venir seraient critiques avant un début de décrue pour Hyderabad, sixième ville du Pakistan avec plus de 2,5 millions d'habitants, et ses environs dont Thatta.
Depuis samedi, des millions de personnes ont déjà fui des milliers de hameaux et villages dans cette basse vallée très fertile et donc peuplée de l'Indus, et des villes ont été presque entièrement évacuées, comme Shahdadkot, plus au nord, vidée de la presque totalité de ses 100.000 habitants.
Par endroits, le grand fleuve, large d'ordinaire de quelques centaines de mètres, a gonflé jusqu'à 10 km d'une rive à l'autre, ont rapporté des journalistes de l'AFP embarqués sur des bateaux de l'armée parcourant la zone de village en village pour tenter d'emmener les habitants qui n'avaient pas souhaité partir.
M. Kalkhoro a expliqué jeudi matin que des flots en furie avaient emporté d'importantes digues qui protégeaient les villes de Sujawal, Mirpur Bathoro et Daro.
Plus au nord, près de Shahdadkot, les autorités s'employaient jeudi à vider une autre importante ville, Qubo Saeed Khan. "Près de 90% de la population a été évacuée mais les secouristes tentent de venir en aide aux habitants d'au moins 25 villages alentour", expliquait au téléphone à l'AFP Yaseen Shar, responsable du district. "Nous utilisons des hélicoptères et des bateaux de la Marine nationale pour les évacuer", a-t-il assuré.
Entre Hyderabad et la mer d'Oman où se jette l'Indus, les autorités craignent que les districts côtiers ne soient gravement inondés dans les prochains jours, voire balayés par la rencontre, dans le delta, entre les crues venant du nord et les grandes marées dues à la proximité de la pleine lune.
Le gouvernement du Sind n'a rapporté aucun décès depuis samedi, assurant que les évacuations préventives ont permis d'éviter le pire. Toutefois, depuis le début de la catastrophe, les bilans tardent à arriver. Islamabad a, pour l'heure, confirmé la mort de 1.500 personnes en près d'un mois dans tout le pays.
Au-delà de l'urgence à sauver la population, le Pakistan est confronté pour des mois, voire des années, à la plus grave crise humanitaire de son histoire, avec plus d'un cinquième du pays inondé, et plus de 17 millions de personnes affectées selon l'ONU.
Quelque 8 millions de sinistrés, dont environ 5 millions de sans-abri, ont besoin d'une aide d'urgence, estiment encore les Nations unies.
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