M. Aquino s'est interrogé sur le rôle des médias, le preneur d'otages ayant pu s'exprimer sur une chaîne de radio et suivre les événements retransmis en direct à la télévision nationale sur les écrans TV de l'autocar, ce qui lui a donné des indications sur l'intervention policière. Mais le président a estimé justifié d'avoir attendu dix heures avant l'assaut, la police pensant que les négociations avec le forcené, qui a libéré neuf personnes au fil de la journée, pouvaient aboutir.
La police avait donné l'assaut lundi soir à un autocar dans lequel une quinzaine de personnes étaient retenues en otages depuis le matin par un ancien policier philippin qui a été abattu. Huit Hongkongais ont été tués et un autre grièvement blessé. Quatre occupants sont sortis vivants. Durant une heure, les forces spéciales qui ont tiré en direction de l'autocar et cassé les vitres à coups de masse n'ont pu y pénétrer, l'homme armé utilisant ses otages comme « boucliers humains », selon la police. Du gaz lacrymogène a finalement été jeté dans le véhicule et un tireur d'élite a tué le forcené d'une balle dans la tête.
Le porte-parole de la présidence, Ricky Carandang, a appelé les Hongkongais à ne pas s'en prendre, en retour, aux quelque 150 000 Philippins travaillant à Hong Kong, la plupart comme employés de maison.
Les autorités de Hong Kong et des familles de victimes ont exprimé leur vive déception ou leur colère. « Nous demandons que les autorités philippines mènent une enquête complète sur l'incident et nous rendent compte le plus vite possible », a déclaré le chef de l'exécutif Donald Tsang. L'ambassade de Chine à Manille a fait savoir que « le gouvernement chinois condamnait avec force les atrocités du preneur d'otages », tout en pressant les Philippines « d'assurer la sécurité des citoyens chinois ». À Hong Kong, où les drapeaux étaient en berne et où la Bourse a observé une minute de silence, la presse se montrait virulente. « De nombreux policiers ont tenté en vain de pénétrer dans le bus pendant près d'une demi-heure. Leur niveau professionnel affligeant et le manque de planification soulèvent colère et tristesse », écrivait le Hong Kong Economic Journal. Selon une survivante, Mme Leung, qui a perdu son époux et ses deux filles, et dont le fils a été grièvement blessé, la police n'aurait pas dû attendre si longtemps. « Nous étions si nombreux à bord et personne n'est venu à notre secours. Pourquoi ne lui ont-ils pas donné de l'argent ? Si c'était juste une question d'argent, c'est vraiment cruel », s'est-elle interrogée, en pleurs. Selon la presse, son époux, qui a reçu plusieurs balles, est mort en se sacrifiant pour la protéger.