Rien n'est plus traumatisant qu'un retour de vacances lorsqu'on vit dans le quartmonde, c'est-à-dire au Liban. Après avoir goûté à deux semaines d'eau, d'électricité et de Méditerranée claire et limpide à profusion en Turquie, il y a de quoi péter plus d'un câble (!) dès son arrivée à Beyrouth. On est catapulté d'emblée dans une ambiance caniculaire, une vraie fournaise - la même qu'en Turquie -, contre laquelle l'État libanais, lui, se révèle totalement impuissant. Contrairement à tout État digne de ce nom et soucieux du bien-être de ses citoyens, il ne leur fournit aucun moyen d'adoucir leurs jours et surtout leurs nuits. Rien d'étonnant à cela, puisque le citoyen libanais ne peut même pas jouir des droits les plus élémentaires d'une vie décente : avoir de l'eau qui coule dans ses robinets, éclairer sa maison, se rafraîchir avec la « clim » lorsque le mercure dans les thermomètres grimpe, se baigner dans une mer non toxique, se promener dans des parcs verdoyants comme partout dans le monde.
Il faut dire que l'État libanais est passé maître dans la politique du profit, à savoir, laisser bétonner chaque millimètre encore exploitable, quitte à transformer lentement, mais sûrement le pays en une tombe gigantesque de 10 452 kilomètres carrés. Pauvre pays moribond dans lequel l'asphyxie règne en maîtresse sur tous les plans ! Et ça a la prétention d'attirer les touristes... Encore faudrait-il que les autochtones puissent y survivre sans passer leur temps à switcher du groupe électrogène au UPS et se muer en robots à boutons à presser chaque quelques minutes, dès que la promesse d'un volt étatique apparaît comme un éclair, ouvrant et fermant du même coup une parenthèse d'espoir qui aurait pointé comme un mirage. Et cela se produit vingt fois au moins en 24 heures.
Pourquoi sommes-nous toujours à la traîne ? Pourquoi l'État ne s'emploie-t-il pas à améliorer les menus détails de la vie quotidienne avant de laisser bâtir des tours et des centres commerciaux ? Pourquoi devons-nous nous sentir gratifiés lorsque l'électricité nous est donnée six heures d'affilée ? Le silence assourdissant de la caste politique devant nos multiples supplices n'a rien d'étonnant lorsque nos responsables préfèrent s'aveugler et s'étourdir en surfant sur des sommets de haute voltige jusqu'à nous donner le vertige.
C'est une honte que d'accepter de vivre dans pareilles conditions. Et dire que nous sommes encore là à supporter tout cela en bonnes autruches que nous sommes devenus, résignés à vivoter sous l'égide d'un État totalement indifférent et insensible aux misères de ses citoyens.
En revanche, ce qui est certain, c'est que nous sommes cuits dans tous les sens du terme. Bienvenue dans la république zéro volt.
Bélinda IBRAHIM
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