L’architecte Adam Reed Tucker et ses réalisations legos.
Sa démarche est faite d'un mélange de pathos et d'esprit créatif. C'est pour cela qu'il a uniquement travaillé avec les basiques du jeu (ceux qu'on appelle briques) et non les accessoires de fioritures qu'on vient lui ajouter. Donc, à partir de ces simples carrés et rectangles de diverses dimensions qui s'imbriquent les uns dans les autres, il a œuvré en architecte pour reproduire ces ambitieuses constructions qui, à travers le monde, lancent toutes un défi. Et, pour lui aussi, ce travail était un défi. Il lui a notamment fallu utiliser, à bon escient, 450300 legos pour monter, sur une hauteur de 5,5 mètres, la tour Bourj Khalifa (haute en réalité de 828 mètres). Sans compter les 280 heures passées à faire les plans et 340 heures pour la réalisation. Il n'utilise ni colle ni ordinateur. Il précise que ses modèles sont « legos à cent pour cent ». Son processus, « une combinaison d'imagination et de tentatives ». Ajoutant qu'il a le « pixel dans l'œil ».
Tucker a voulu démontrer le grand pouvoir et la potentialité des éléments simples. Et le National Building Museum a capté ce message culturel véhiculé par sa façon de faire, généralement absent, précise-t-on, dans les modèles réduits. À présent, l'architecte pratique un métier dérivé du sien : il crée des kits de lego, prenant pour modèles les illustres bâtisses. Néanmoins, il conseille aux acheteurs d'oublier le manuel du prêt-à-faire et d'y aller de leur propre imagination. « Quand je regarde une boîte de lego, dit-il, je ne vois pas une boîte de pièces détachées : je vois une boîte à idées. » Se rapprochant ainsi du Corbusier pour qui, « l'architecture, c'est une tournure d'esprit et non un métier ».
Encore mieux : le jeu du lego laisserait apparaître un sentiment de mégalomanie chez tout un chacun, adultes et enfants, de même qu'un complexe de maître bâtisseur, relié à une fantaisie d'ordonnance très prométhéenne.