Le président de l’Escwa, Bader al-Dafa (au centre), a lancé les trois journées de débats.
Ce texte, adopté par les Nations unies en 1979, vise, selon son préambule, à empêcher « toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine ». Tous les pays arabes y ont adhéré ; mais comme l'ont souligné plusieurs des participants lors des deux premières journées de discussions, la ratification du traité par les parlements et donc l'application sur le terrain des principes énoncés restent souvent lettre morte. Ainsi, pour prendre l'exemple libanais, la femme libanaise n'est toujours pas autorisée à transmettre sa nationalité à ses enfants nés d'un mariage avec un étranger, pour des raisons, dit-on dans les cercles officiels, relatives à la présence des réfugiés palestiniens au Liban. D'où la réserve émise à l'encontre de l'article 9 de la Cedef, qui donne les mêmes droits de transmission de la nationalité aux deux sexes. Cette parade qui consiste à émettre des réserves concernant les articles de la convention qui posent problème a été pointée du doigt par Me Huguette Bopke Gnacadja, avocate venue du Bénin. « Avec ce procédé, les États vident littéralement la convention de sa substance », argue-t-elle. Les trois jours de séminaires sont l'occasion pour les participants de faire part des difficultés à faire appliquer les principes de la convention dans leurs pays respectifs, que ce soit à cause de résistances culturelles ou politiques. « Au Liban, nous rencontrons encore beaucoup d'obstacles. Malgré une apparente bonne représentativité des femmes, dans le secteur privé de l'économie par exemple, il n'est toujours pas question d'instaurer des quotas pour les propulser en politique », déplore la députée du CPL Gilberte Zouein qui avait déposé une loi en ce sens au Parlement. De fait, les discussions n'aboutiront pas sur des changements concrets. L'objectif pour les participants est surtout de se tenir informés des débats qui ont cours dans les différents pays membres et des avancées escomptées.
« On enregistre des progrès, mais ils sont encore très lents », note la députée égyptienne Sayada Grace. Celle-ci, en prenant l'exemple de son pays, souligne que la pauvreté, lorsqu'elle domine une société, peut constituer un obstacle à l'émancipation féminine.
« Malgré les difficultés, on garde confiance, et ces rencontres sont le moyen de maintenir la pression sur nos gouvernants pour qu'un accord général soit trouvé », conclut Gilberte Zouein. D'ailleurs, les parlementaires ne sont pas seuls à participer aux débats. L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa), l'ONG locale Kafa étaient présents entre autres pour décrire les différentes formes de violences physiques et psychologiques subies par les femmes au Liban et dans la région. Avec des représentants de pays de l'Union européenne, dont le député José Mendes Bota (Portugal) et la procureure Carmen Delafuente (Espagne), ces associations ont lancé des pistes pour une pleine application des termes de la convention et pour qu'ils ne se résument pas à de l'encre sur papier.
Jusqu'à présent, tel n'a pas été le cas !