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Culture - Spectacle - Festival Off d’Avignon 2010

« Apprivoiser la panthère »... plutôt que la combattre

Toute l'équipe est en scène, les acteurs entourent la metteuse en scène, Hala Ghosn, qui annonce au public, un peu surpris, qu'une des actrices, Solé Reda, a quitté la pièce. Mais la troupe décide de jouer malgré tout. Le thème : l'identité. Les protagonistes : 5 acteurs d'origines différentes : croate, allemande, française, algérienne et bretonne... Base de travail : l'essai d'Amin Maalouf, « Les identités meurtrières ».

«La panthère» en action.

Dès le départ, et tout au long de la pièce, réalité et fiction se mélangent, se côtoient, s'imbriquent et s'affrontent, dans un savant équilibre entre dérision et réflexion sur l'identité, sujet brûlant d'actualité s'il en est... La forme de théâtre dans le théâtre vient accentuer l'implication du public dans ce débat. Entre deux rires - parfois jaunes -, l'angoisse saisit à la gorge: et si la bête identitaire l'emportait? Mais, comme le souligne Hala Ghosn, reprenant ce qu'écrit Amin Maalouf: «La panthère tue si on la persécute et elle tue si on lui laisse libre cours. Le pire étant de la lâcher dans la nature après l'avoir blessée. Mais on peut aussi l'apprivoiser...»
C'est ce à quoi vont s'atteler les cinq acteurs, en live: Réda Solé, actrice européenne sans origine fixe, personnage inspiré de l'histoire vraie d'une actrice croate et d'une actrice afghane; Kirsten Marchand, actrice allemande dont la famille a été nationale-socialiste; Nour Bensaïd, comédien français d'origine algérienne; Donat, un artiste croate amoureux fou de la langue de Voltaire et ayant vécu en ex-Yougoslavie; Lucas, comédien franco-breton, issu d'une famille laïque, engagé dans «Clown sans frontières». Assistante et techniciens ne sont pas en reste dans ce jeu de la vérité, mêlant leurs réflexions, leurs «hystéries» à celles des comédiens. Chacun défendant «son identité» ou celle qu'il laisse prendre le dessus.

Deuxième présence
Hala Ghosn et sa compagnie, La poursuite et Makizart, sont pour la deuxième fois au Festival Off d'Avignon. Après Beyrouth adrénaline en juillet 2007, elle revient, toujours à La Patinoire, La Manufacture avec La Panthère apprivoisée, une variation déjantée sur Les identités meurtrières de Amin Maalouf.
Et toujours un travail collectif dans un cadre et sur une idée de Hala Ghosn. «Quand j'ai lu le livre d'Amin Maalouf, il y a quelques années, je l'ai adoré, explique-t-elle. J'ai eu l'impression que toute cette analyse était déjà dans ma tête. Maalouf a mis des mots sur ce que je pouvais ressentir.» Choisir entre ici ou là-bas, entre cette origine ou cette culture, entre une identité ou une autre, «ces questions je les ai réglées depuis longtemps. Pour moi, il n'y a aucun choix à faire. Je vis en paix avec tout cela», affirme Hala Ghosn. Quant au choix de cette thématique, «la question de l'identité est toujours d'actualité, elle résonne même de plus en plus fort, partout».
Hala Ghosn s'appuie sur l'ouvrage de Maalouf comme base de travail, mais lui fait suivre les méandres de sa fiction. «Très vite, l'idée d'un théâtre dans le théâtre s'est imposée. Mais le croisé entre les différents parcours aussi et le conflit», forcément! C'est ensuite l'étape du travail collectif d'improvisation. «Chacun de nous y a mis une part de son histoire, de son vécu. Tous ces éléments sont venus se mélanger à la fiction», l'enrichir, l'ancrer dans la réalité, l'ouvrir sur une histoire universelle: «Chacun de nous est fait de plusieurs identités. Quand une identité prend le dessus, elle nous fait oublier toutes celles qui nous relient aux autres, ces autres qui deviennent du même coup nos ennemis», résume Hala Ghosn. Et d'ajouter: «Il se joue beaucoup avec la quête identitaire et notamment celle d'être reconnu et non plus juste toléré».
Et si chacun apprivoisait sa panthère...
Dès le départ, et tout au long de la pièce, réalité et fiction se mélangent, se côtoient, s'imbriquent et s'affrontent, dans un savant équilibre entre dérision et réflexion sur l'identité, sujet brûlant d'actualité s'il en est... La forme de théâtre dans le théâtre vient accentuer...

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