L'impact de la crise économique mondiale sur la région et en particulier sur le petit émirat du Golfe a été au cœur de l'intervention de ce dernier qui a brossé un tableau plutôt sombre, soulignant d'emblée que la crise « n'était pas finie et que les répercussions à terme risquaient d'être plus graves que prévu ».
« Le problème aujourd'hui est que nous sommes toujours au cœur de la crise, ou plutôt de l'après-crise, d'où l'incapacité encore de mesurer avec exactitude l'ampleur du séisme », a ainsi souligné cet ancien expert du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM).
Selon Tarek Youssef, le point d'équilibre, indispensable à une meilleure visibilité, n'a en effet toujours pas été atteint, comme en témoignent les engagements colossaux, toujours en phase de restructuration, du riche émirat du Golfe.
Dubai World et Nakheel, deux entités-clés de l'émirat, tentent depuis plusieurs mois de convaincre leurs créanciers de rééchelonner leurs dettes, estimée à 60 et 15 milliards de dollars respectivement. Si les négociations ont déjà abouti à des accords de principe, le problème est encore loin d'être complètement résolu. Hier même, une nouvelle réunion a eu lieu entre les représentants du grand conglomérat (Dubai World) et ses 73 créanciers pour tenter de trouver une solution globale.
En novembre dernier, la demande d'un moratoire de six mois par ce dernier sur une partie de sa dette, avait, nul besoin de le rappeler, fait trembler les places financières, les investisseurs craignant à l'époque une réédition du scénario de Lehmann Brothers.
Même si cette probabilité a vite été écartée, avec l'intervention directe du gouvernement d'Abou Dhabi, « il n'en reste pas moins que la dette de Dubaï, estimée aujourd'hui à environ 100 milliards de dollars, constitue un risque majeur », a souligné hier le doyen de la Dubai School of Government. « Il y a dix ans, voire trois ans de là, ce problème ne se posait même pas (...). Le seuil élevé d'endettement et les craintes de non-remboursement ont désormais eu de nombreuses implications (...). Par exemple, trouver un financement pour créer son entreprise ou amorcer un projet n'est plus chose acquise », au vu du resserrement du crédit, a ainsi déploré Tarek Youssef.
Selon lui, une meilleure gestion des engagements à honorer s'impose donc pour éviter tout dérapage et rétablir la confiance. Ceci s'avère d'autant plus prioritaire que la récente crise en Grèce a mis à nu les faiblesses des pays largement endettés. « Cette crise et celles qui l'ont précédée sont la plus grande preuve des limites du système », a-t-il souligné.
« Une prise de conscience sur la nécessité d'assurer un meilleur contrôle des finances publiques et du niveau d'endettement commence petit à petit à prendre forme dans le monde arabe », a-t-il en outre indiqué, évoquant certaines mesures prises par quelques pays de la région, à l'instar du Qatar ou de l'Arabie saoudite, pour pallier le haut niveau de dette.
Cette prise de conscience, certes nécessaire, n'est toutefois pas suffisante. « Un changement des mentalités et une révision des lois et du fonctionnement de certaines institutions et autorités de supervision s'impose pour atteindre cet objectif », a souligné à ce sujet Tarek Youssef, critiquant au passage les responsables dans le monde arabe, qui « maîtrisent peu ou pas la notion de gestion de la dette publique ».
Courtoisie ou inattention, le doyen de la Dubai School of Government a toutefois omis de mentionner au cours de son allocution le cas du Liban, où le ratio de dette au PIB est le deuxième plus élevé au monde (150 %)... et où les responsables n'accordent (aucune) importance à ce sujet d'ordre secondaire, renvoyant systématiquement aux calendes grecques tous les projets et réformes structurelles susceptibles de réduire la dette publique...Crise grecque, disiez-vous ?
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