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Moyen Orient et Monde - Crise

Les violences au Kirghizstan semblent être « orchestrées, ciblées et planifiées », selon l’ONU

Les forces régulières kirghizes soupçonnées d'aider des bandes armées à commettre des massacres ; la Russie et des pays de l'ex-URSS n'excluent pas une intervention militaire.

Des dizaines de milliers de réfugiés ont fui vers l’Ouzbékistan en quatre jours.  Viktor Drachev/AFP

De nouvelles violences interethniques ont eu lieu hier dans le sud du Kirghizstan, chassant vers l'Ouzbékistan des flots de réfugiés.
À Och, deuxième ville du Kirghizstan, des coups de feu sporadiques claquaient hier dans les rues où des corps calcinés et des maisons incendiées témoignaient de la violence des combats, a rapporté un journaliste de l'AFP. À Djalal-Abad, autre ville proche de la frontière ouzbèke, la situation restait aussi tendue et, comme à Och, des incendies faisaient rage, selon l'agence de presse kirghize AKIpress.
En quatre jours, les violences qui ont entraîné cet exode ont déjà fait au moins 124 morts et près de 1 700 blessés, selon le ministère kirghize de la Santé.
État pauvre d'Asie centrale, le Kirghizstan a une grande importance stratégique, accueillant à la fois une base militaire russe et une base militaire américaine cruciale pour le déploiement de troupes en Afghanistan. Les violences ont éclaté dans la nuit du 10 au 11 juin à Och entre des Kirghizes et des membres de la minorité ouzbèke.
Le gouvernement a admis hier qu'il peinait à contrôler la situation malgré la mobilisation de l'armée, l'instauration d'un couvre-feu et l'ordre donné aux forces régulières de tirer sans sommation. Mais parmi les réfugiés arrivés en Ouzbékistan, beaucoup racontaient que des bandes armées de Kirghizes soutenues par des hommes en uniforme des forces régulières avaient massacré les Ouzbeks. « Sur la route vers la frontière, il y avait partout des corps de femmes brûlées, et des transports de troupes blindés tiraient sur nous », a raconté à l'AFP Marhabo, une vieille femme.
Récit semblable d'un habitant d'Och. « D'abord les blindés sont venus, derrière eux des gens sans uniforme sont arrivés. Ils ont libéré la voie pour eux et ils nous ont attaqués, ils tiraient sur nous dans la rue », témoigne Dildor Djoumabaïev, 38 ans.
Un officier d'une unité de blindés kirghize, Bakhtior Charipov, lui-même un Ouzbek, a témoigné dans le même sens. « Le ministère kirghize de la Défense nous a ordonné de ne pas tirer sur des civils. Mais à Och, les militaires et la police ont ignoré ces ordres et aidaient les bandits à tirer sur les civils », a-t-il déclaré.
Selon le ministère ouzbek des Situations d'urgence, 60 000 réfugiés ont déjà été enregistrés dans la région d'Andijan, dans l'est de l'Ouzbékistan, chiffre qui ne prend pas en compte des milliers d'enfants.
Le vice-Premier ministre ouzbek, Abdoullah Aripov, a pour sa part déclaré que l'Ouzbékistan avait enregistré 45 000 réfugiés plus leurs enfants. Et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a estimé que quelque 80 000 personnes étaient entrées en Ouzbékistan.
L'Ouzbékistan a annoncé hier qu'il fermait sa frontière, ses capacités d'accueil saturées. La communauté internationale commence à se mobiliser pour tenter de ramener la paix et livrer de l'aide humanitaire.
Au cours d'une réunion d'urgence à Moscou, l'ODKB, une alliance militaire dirigée par la Russie et groupant des pays de l'ex-URSS dont le Kirghizstan, n'a « pas exclu » une intervention militaire pour mettre fin aux violences, a déclaré le président du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, cité par les agences de presse russes. Cette réunion de l'ODKB (Organisation du traité de sécurité collective) avait été convoquée par le président russe, Dmitri Medvedev, qui a ensuite qualifié d'« intolérable » la situation au Kirghizstan.
À Genève, la haut-commissaire de l'ONU aux Droits de l'homme, Navi Pillay, a déclaré que les violences semblaient être « orchestrées, ciblées et planifiées ». « Il semble que des tueries aveugles, notamment d'enfants, et des viols ont eu lieu sur des bases ethniques », a-t-elle dénoncé en demandant à l'Ouzbékistan et au Tadjikistan de « laisser les frontières ouvertes » pour laisser passer les réfugiés.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé qu'il envoyait « une aide et une équipe d'urgence » en Ouzbékistan. L'ambassade des États-Unis au Kirghizstan a annoncé plus d'un million de dollars d'assistance humanitaire.
En avril, un soulèvement qui avait fait 87 morts avait chassé le président Kourmanbek Bakiev, portant au pouvoir l'actuel gouvernement provisoire.
Historiquement, les relations entre la minorité ouzbèke (15 à 20 % de la population) et les Kirghizes sont tendues, notamment en raison de disparités économiques. De puissants groupes mafieux sont également actifs dans cette région.
De nouvelles violences interethniques ont eu lieu hier dans le sud du Kirghizstan, chassant vers l'Ouzbékistan des flots de réfugiés.À Och, deuxième ville du Kirghizstan, des coups de feu sporadiques claquaient hier dans les rues où des corps calcinés et des maisons incendiées témoignaient de la violence des combats, a rapporté...

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