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Culture - Nouvelle parution

L’art urbain beyrouthin : des œuvres d’activistes, poètes de rue

Lancement, ce soir, au Art Lounge* de l'ouvrage « Beirut Street Art » consacré, comme son intitulé l'indique, aux œuvres des taggeurs dans les rues de Beyrouth.

«Jawwaatouna» (Vous nous avez affamés), un exemple de graffiti social. (DR)

Spécialisé dans le pop et le urban art, le Art Lounge veut, au-delà de la présentation d'expositions, jouer un véritable rôle de plate-forme artistique de ces courants. C'est dans cet esprit que Nino Azzi, propriétaire de cette galerie, a entamé il y a trois ans un projet d'ouvrage consacré à l'art urbain au Liban. Le résultat, intitulé Beirut Street Art, vient de paraître aux éditions... Art Lounge.
Outre la recension, illustrations à l'appui, des principaux «Crews»** de taggeurs et graffeurs beyrouthins, ce livre, rédigé en langue anglaise, retrace un intéressant historique de l'émergence de ce courant artistique dans le monde et au Liban, en présente ses chefs de file internationaux et un lexique des termes spécifiques. Réalisé par toute une équipe sous la direction de Nino Azzi (voir cadre ci-joint), Beirut Street Art se présente comme un bel ouvrage de référence sur l'art urbain de Beyrouth.

Si Beyrouth pouvait parler
Beyrouth in hakat (Si Beyrouth pouvait parler); Mhejar, Mehejra (émigré, émigrée); Moudmein mech moujreim (Drogué mais pas criminel); Haïfa for President; Sha3er bel Shere3 (poète de rue) ou encore Toumouhi bila Houdoud (mon ambition est sans limites), cette dernière phrase surmontant une figure féminine peinte sur le mur d'une ancienne façade à Aïn Mreisseh...
De Hamra à La Quarantaine, de la Corniche du Fleuve à Jisr el-Wati, les tags et graffitis «artistiques» ont envahi, ces dernières années, les murs beyrouthins, effaçant, au passage, les inscriptions partisanes et claniques des années de guerre.
Foisonnant en périphérie, le graffiti s'est également faufilé au cœur de la ville. Il devient rare, désormais, de trouver un mur en béton qui ne soit pas taggé, une enceinte lépreuse qui ne soit pas maquillée aux couleurs et aux slogans stylisés d'un crew local. Et cela donne aux rues de la capitale une esthétique particulière comme celle que peut avoir parfois un bandage coloré recouvrant une plaie.
Acte de créativité tout autant que de revendication sociale, ces œuvres vandales sont, quand on y pense, une des très rares manifestations d'art au Liban dans la rue. Un art par définition contestataire et souvent cynique. Comme l'expliquent (dans le livre) les deux frères Kabbani qui se cachent sous le label, à la fois musical et de graffeurs, d'Ashekman : «Comment voulez vous représenter des fleurs sur des murs qui crient encore l'injustice?»
Un art engagé aussi, militant autant pour l'acceptation de l'homosexualité que - moins fréquemment cependant - pour la préservation de la nature ou le respect des concitoyens. Un art éphémère surtout. Mais de l'art tout de même.
D'autant que, parmi ces peintures murales réalisées à la bombe aérosol ou au pochoir (les deux techniques les plus répandues ici), certaines offrent de véritables compositions signées Rek Crew, Acousmatik (reconnaissables à leur figure récurrente de chouette), Ashekman ou encore P+G (Parkour + graffiti).
 
Mélange typiquement libanais
Bien sûr, à de rares exceptions près, ces œuvres de jeunes artistes (âgés de 15 à 29 ans) ne peuvent pas soutenir la comparaison avec celles magistrales - et désormais cotées - de certains taggeurs internationaux, que cet ouvrage présente d'ailleurs à titre indicatif. À l'instar de Shepard Fairey, alias Obey, auteur du célèbre portrait Hope de Obama, du célébrissime Keith Harring ou encore du fameux taggeur de métro new-yorkais Futura 2000 qui a signé la préface de Beirut Street Art.
Mais leurs « fresques » taggées sur les murs de la capitale n'en sont pas moins riches d'une particularité libanaise: ce mélange typique de symboles, de figures (Aboul-Abed côtoie les supermans Goldorak et autres héros de la culture pop et manga internationales) et de typographies (les graffitis des Ashekman font fusionner, par exemple, les caractères latins et la calligraphie arabe de type koufi et diwani).
Un Beirut Street Art à découvrir. Au fil des trajets, des parcours en ville ou tout simplement au fil des pages.

*À partir de 19h30 au Art Lounge (La Quarantaine). Tél. 03/997676)
** Terme, inspiré des gangs américains des années cinquante, qui désigne les groupes de taggeurs.


Le « crew» du livre

C'est à Nino Azzi qu'on doit la conception de l'ouvrage (disponible au Art Lounge), une partie des photos et la direction artistique de Beirut Street Art.
Les textes sont signés Mayaline Attieh (psychologue qui connaît bien les artistes) et Ghada Azzi, qui a contribué également aux crédits photos. La maquette est l'œuvre de Nanor Der Boghossian.
Sans oublier la contribution à la préface du célèbre taggeur new-yorkais Futura 2000.
Spécialisé dans le pop et le urban art, le Art Lounge veut, au-delà de la présentation d'expositions, jouer un véritable rôle de plate-forme artistique de ces courants. C'est dans cet esprit que Nino Azzi, propriétaire de cette galerie, a entamé il y a trois ans un projet d'ouvrage consacré à l'art urbain au Liban. Le...

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