Rechercher
Rechercher

Culture - Théâtre

En effet, très hagard cet homme à Sri Nagar

De la reconsidération de certaines croyances et convictions chez Jalal Khoury, vétéran du monde des planches libanaises, qui écrit et met en scène une nouvelle pièce au théâtre Monnot. Une pièce en langue arabe qui se voudrait drôle, mais qui est plus verbeuse et confuse qu'amusante et convaincante. Une pièce qui s'intitule, non sans quelque ironie, « Rihlat rajol mihtar ila Sri Nagar » (Voyage d'un homme hagard à Sri Nagar)*.

Confrontation des valeurs à travers le dialogue.

Une scène presque vide avec un banc, objet de sédentarité, et une bibliothèque, symbole de culture et d'un imaginaire nourri de rêves livresques sans frontières. À droite, derrière des rideaux noirs transparents, des musiciens et une chanteuse aux cheveux longs dénoués portant une écharpe en guise de sari; un sari en tulle vert turquoise brodé de motifs dorés. Ensemble musical qui viendra ponctuer, heureusement fort à point, un flot inendiguable de paroles.
Dans ce décor dépouillé et froid, un couple pérore et brosse la trame de l'histoire.
Elle, c'est une femme enceinte et aimante et lui, ancien moine défroqué, caresse l'idée de partir à Sri Nagar, capitale du Cachemire, au nord de l'Inde. Partir dans un pays en guerre depuis plus de soixante ans pour retrouver la vérité à propos de ce mythe qui affirme que le Christ aurait vécu dans ces régions lointaines.
Et brusquement, comme dans un rêve (et c'en est un), l'homme, sac en bandoulière sur les flancs et bouteille d'eau en main, est devant ce temple (en fait l'image d'une bicoque délabrée) où un saint vénérable aurait vécu...
Un guide l'accoste et s'enclenche l'interminable discussion, byzantine et oiseuse, sur les valeurs et contre-valeurs de l'Occident et de l'Orient, les croyances religieuses, les convictions personnelles, les origines des guerres, les parallélismes et les divergences des civilisations, la similitude ou la différenciation du comportement humain et la perception de la culture.
Discussions qui manquent de piquant et où l'humour affleure très mal malgré l'arrivée du gardien du temple et de sa femme en masques locaux cocasses pour mettre un peu d'animation dans cette morne pinaille.
Discussions vaguement philosophiques et philosophantes où se mêlent en phrases chaotiques et artificielles Krishna, Vishnou, Bouddha, violence humaine, doute, foi, maternité, paternité, honnêteté, pot-de-vin.
De ce fatras de vocables avec situations plates émerge finalement une petite lueur de contentement. Le visiteur en puissance n'a fait qu'un rêve et retrouve avec bonheur et satisfaction sa petite femme enceinte, débordante de tendresse, qui somme toute n'est guère contre ce voyage. La vie est un songe et la méditation d'un secours inestimable.
Quatre comédiens (Chadi el-Zein, Céline Sursock, Joseph Sassine et Hadi Demian) s'empêtrent dans ce dialogue indigeste et un peu étalage d'érudition socioreligieuse.
Pour décompresser cette atmosphère, à la fois faussement tendue et enjouée, la musique arabe est d'un bon apport. On écoute avec plaisir la belle voix de Ranine al-Chaar ainsi que la discrète performance des musiciens avec Wafaa Bitar au kanoun, Ahmad al-Khatib aux percussions et Raëd Bou Kamel à la clarinette et au nay.

* Théâtre Monnot les jeudis, vendredis, samedis et dimanches jusqu'au 21 février.
Une scène presque vide avec un banc, objet de sédentarité, et une bibliothèque, symbole de culture et d'un imaginaire nourri de rêves livresques sans frontières. À droite, derrière des rideaux noirs transparents, des musiciens et une chanteuse aux cheveux longs dénoués portant une écharpe en guise de sari; un sari en...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut